La Maison Darroze à Langon, étape gourmande au pays des Graves et du Sauternais.

L’adresse manquait à mon blog et pourtant j’ai adoré dîner sous les majestueux platanes de la terrasse située à l’arrière du restaurant. On y vient les soirs d’été chercher le calme et la fraîcheur, on y déjeune encore en automne.

On se croirait dans le jardin d’une belle maison bourgeoise avec les tables en métal peint, les lourdes nappes blanches et la porcelaine blanche. L’ambiance est détendue, moins formelle que celle de la classique salle à manger intérieure qui prend le relais aux premiers frimas. S’il n’y avait pas une petite heure pour venir, le spot serait à inscrire dans la short list des meilleures adresses bordelaises.

La Maison tenue par la famille Darroze depuis 1974 a conservé son étoilé au Michelin sans interruption depuis 1976. On peut y voir un signe de qualité, de belle cuisine à la française et aussi de remise en question. Le célèbre guide ne donne pas ses étoiles à vie, il peut retirer la précieuse distinction. Chez les Darroze, continuité ne signifie pas immobilisme. Le fils Jean-Charles a succédé au père Claude à la tête de l’établissement et un jeune chef David Delieuvin officie en cuisine. Il a pour mission de travailler dans l’esprit de la cuisine du Sud-Ouest chère aux Darroze tout en apportant un savoir faire moderne.

J’ai eu le plaisir de le suivre aux épicuriales 2016 pour un dîner avec les chefs Hervé Dindin et Arthur Fèvre du Pressoir d’Argent, Bordeaux. http://lemeilleurdebordeaux.fr/la-der-des-etoiles-avec-david-delieuvin-herve-dindin-et-arthur-fevre/. Le chef travaille le produit frais, de saison et privilégie les producteurs locaux. Passé dans les cuisines de Michel Troisgros, il maîtrise ses classiques. Ses assiettes sont un modèle d’élégance, ses recettes bien équilibrées. Voici quelques images du menu du soir à 55€ en trois plats, une excellente formule.

Je n’oublie le chef pâtissier Thomas Pozzi aux créations sophistiquées comme son entremet au chocolat, caramel et cacahouète, croustillant praliné, un petit bijou chocolaté dont tu trouveras la recette dans le tout nouveau livre Chocolat du club des super pâtissiers bordelais, les Glukosés. http://lemeilleurdebordeaux.fr/le-chocolat-selon-les-glukoses-12-patissiers-24-recettes-ed-sud-ouest/

Pour les amateurs de jolis flacons, la carte des vins propose une belle sélection de Bordeaux et de Sauternes classés par millésime. On peut se faire plaisir à tous les prix et même aller faire un tour en Bourgogne ou en Alsace.

Restaurant de famille, équipe solide et produits de saison, La Maison Darroze ne décevra pas ceux qui feront le détour par Langon. Je suggère d’en faire l’aboutissement d’une journée de balade dans le vignoble des Graves ou du Sauternais. Associer dégustation de vin et gastronomie me semble un joli programme.

 

Hôtel-Restaurant Claude Darroze

  • Menu midi 32€ du lundi au samedi
  • Le soir menu à 55€ en trois plats ou 68 € en 4 plats
  • Menu dégustation 92€
  • Cours du Général Leclerc
  • 33210 Langon
  • 05 56 63 00 48
  • www.darroze.com

 

Le Chocolat selon les Glukosés, 12 pâtissiers- 24 recettes. Ed Sud-Ouest

Jolie étape dans la jeune vie du club des Glukosés avec la parution d’un premier livre aux Editions Sud-Ouest. Mise en lumière du travail de 12 jeunes chefs, tous membres des Glukosés, un club de partage autour de leur passion commune.

Les 24 recettes proposées vont du classique revisité telle la forêt noire de Samuel Denis à des créations très contemporaine comme le 100% cacao de d’Antoine Weyland.

Les recettes expliquées pas à pas sont le plus souvent accessibles au cuisinier débutant. Je pense au fondant sans gluten de Diego Cervantes ou au moelleux au chocolat de Saint-Domingue de Thierry Lalet. L’amateur éclairé pourra se faire plaisir avec des créations proches de la grande cuisine comme l’entremet au chocolat, caramel et croustillant praliné de Thomas Pozzi à la carte du restaurant Darroze de Langon – 1* Michelin-

En parallèle avec le lancement du livre, le club tenait, lundi 9, son habituelle session trimestrielle. Celle- ci était dédiée au miel, un sujet qui a visiblement inspiré les chefs et ravi nos papilles. Ce fut une superbe dégustation.

Merci Les Chefs.

Merci à Candice Dambra de nous avoir accueilli dans sa boutique Candiz by M au Haillan.

Les Glukosés, le livre

  • Editions Sud-Ouest
  • Prix de vente 15€
  • Chez Mollat et toutes les bonnes librairies

Les 12 Chefs

  • Aleksandre Oliver, Marc Dambra, Samuel Denis, François Dussourd, Olivier Piot, Thierry Lalet, Matthieu Vidal, Alexandra Sturn, Antoine Weyland, Diego Cervantes, Kévin Rocher, Thomas Pozzi.

Une journée dans les pas d’Olivier Dauga, consultant en vin.

Dans les années 80, on les a baptisé winemakers, en français faiseur de vin comme se qualifie Olivier Dauga. Venus vers les vignerons avec leur notoriété et leur savoir-faire, ils ont bouleversé le monde du vin. Ils ont apporté beaucoup de positif, une connaissance scientifique des sols, le contrôle des maturités, des fermentations, une meilleure hygiène dans les chais, une ouverture aux pratiques nouvelles et des débouchés commerciaux inespérés. Ils ont aussi formaté les vins au goût américain ( vin concentré, dominante de vanille et bois) personnifié par le célèbre critique Robert Parker. On leur a alors reproché leur vision trop personnelle.

Aujourd’hui, le rôle du consultant a évolué. S’il a gardé le panache, le verbe haut et l’habit flamboyant, Oliver Dauga se fait discret dans son approche. Il ambitionne de faire le meilleur vin possible compte tenu du terroir et des moyens matériels disponibles tout en cherchant à répondre aux aspirations d’un marché hyper concurrentiel. Pour Olivier, rien ne sert d’avoir le plus beau vin du monde s’il doit dormir dans la cave de son producteur. Après une analyse du potentiel du domaine, il réfléchit avec son client à un projet commun. Son approche globale du sujet le conduit à offrir ses conseils depuis la conduite de la vigne jusqu’à la commercialisation des vins. Depuis ses débuts, il a fidélisé une clientèle de vignerons-artisans avec qui il travaille en toute confiance. J’ai eu le plaisir de l’accompagner sur trois rendez-vous début octobre, en début de vinification de la vendange 2017. Voici mon retour sur cette passionnante visite dans les chais en compagnie de Charlotte, , d’Amélie, de Catherine Vivez.

Notre programme nous a emmené rive droite découvrir trois propriétés dotées chacune d’une personnalité différente. Chaque rendez-vous a connu un déroulé similaire :

Prise de contact avec les propriétaires et retour sur la difficile année 2017. La météo a joué avec les nerfs des viticulteurs avec l’épisode de gel sévère en avril qui a détruit 70 à 80% de la future récolte, le mois de juin caniculaire et le vilain été terminé par un mois de septembre assez frais. Partout les volumes sont en nette régression mais ce qui a été sauvé s’annonce bien, sans égaler les superbes années 2015 et 2016.

Présentation du domaine et dégustation des premiers jus. A chaque étape, nous avons goûté, à la cuve, la vendange 2017. Ce fut une expérience fabuleuse, une totale découverte. Le jus en phase de macération n’a pas encore sa teinte définitive. D’une belle couleur framboise à ses débuts, il va gagner en intensité et tendre vers le rubis en fin de stade. Les particules solides en suspension (les bourbes) donnent à la boisson un aspect trouble et à la dégustation une mâche inhabituelle. En bouche, c’est du bonbon et de la fraîcheur, une gourmandise.

Côté plaisir, c’est un moment magique où les acteurs se prennent à imaginer le futur du produit. Leurs expériences, leurs connaissances leur permettent de se projeter dans l’avenir. Le consultant cherche aussi à débusquer les défauts comme les déviations organoleptiques dues à un mauvais état sanitaire de la vendange. Si d’aventure, un défaut majeur venait à apparaître, il conviendrait d’écarter la cuve incriminée ou alors de tenter une correction lors du processus d’élaboration du vin. Si le moment semble déterminant pour le viticulteur, aucun stress apparent ne vient troubler notre dégustation. Une évidente complicité unit Olivier Dauga à ses clients. On le sent plus compagnon de route que gardien du dogme.

En dernier, nous avons parlé des vins de chaque propriété et de leur gamme. J’ai beaucoup aimé l’approche très constructive d’Olivier Dauga qui cherche pour chacun de ses clients à révéler une spécificité. Loin de vouloir faire des vins identiques et formatés, il fait parler le terroir. Sur un domaine, il isole les meilleures parcelles pour en faire des cuvées spéciales qu’il appelle Atmosphère. En parallèle, il encourage ses clients à suivre le marché qui réclame du mono cépage, des goûts nouveaux et de l’émotion. Au lieu de vouloir à tout prix faire un Bordeaux classique dont l’appellation Côtes de Blaye, Côtes de Bordeaux, Côtes de Castillon ou Bordeaux Supérieur est illisible passée les frontières de l’Aquitaine, il met en avant un Malbec ou un Cabernet Franc qui trouveront plus facilement des débouchés à l’export. L’assemblage si caractéristique du bordelais se pratique moins à l’étranger. La démarche séduit aussi le consommateur français en quête de nouveauté à des prix accessibles. Avec ces nouveaux vins, on va peut être revoir le Bordeaux à la table des jeunes restaurateurs qui ont délaissé les grands crus aux prix astronomiques.

A nous aussi de soutenir par nos achats ces propriétés innovantes qui luttent au quotidien pour se faire une place sur le vaste marché bordelais. Je donne ici quelques informations sur les trois domaines visités. Toutes font de la vente en direct.

 

Château Cantinot, Blaye, Côtes de Bordeaux

  • www.chateau-cantinot.com
  • Rive droite à 8 km de Blaye
  • 1 Cantinot, 33 390 Cars, 05 57 64 31 70
  • Propriété de la famille Bouscasse depuis 2002.
  • Les étiquettes sont tatouées d’une roue de Mulhouse, emblème de la prestigieuse Compagnie Maritime Delmas-Vieljeux autrefois propriété du grand-père de Florence Bouscasse
  • Les vins sont signés Nicolas Bouscasse, œnologue, chef de culture, maître de chais et aussi fils de Yann et Florence.
  • Elevage en barrique Bourguignonne.
  • La gamme comprend Cinq rouges : deux cuvées très spéciales, un grand vin et deux seconds.
  • Les deux cuvées spéciales témoignent du souci d’excellence des Bouscasse. On comprend qu’ils sont dans la recherche, dans l’audace et l’authenticité. Leurs vins ne contiennent ni intrants, ni levures ajoutées.
  • Orbite est la pépite de la propriété. Assemblage de Merlot, Cabernet Franc et de Malbec. Le raisin n’est pas éraflé. La vinification se fait grappe entière comme souvent à Châteauneuf du Pape.
  • Les Tours de Cantinot, cuvée parcellaire avec élevage de 24 mois en cuves tronconiques.

Château Marzin, Blaye Côtes de Bordeaux

  • www.chateaumarzin.com
  • Rive droite, 24 km de Blaye
  • 1 aux vignes 33620 Cézac, 05 57 68 65 26
  • Propriété de Pierre et Sylvie Marzin depuis 2003. Surface 6,5 hectares
  • Pierre ancien infirmier et copain de rugby d’Olivier Dauga travaille en agriculture raisonnée.
  • Sa gamme comprend un rosé, un blanc et quatre rouges depuis le Marzinus en petit vin, le Château Marzin, la cuvée identitaire jusqu’au deux cuvées spéciales l’Ane et la Mule.
  • L’Ane -15 €- : Une cuvée ancrée dans le Sud – Ouest qui met à l’honneur un cépage de caractère, le Malbec en association avec du Merlot. Cette cuvée prestige permet à Pierre Marzin de travailler à l’ancienne, en douceur, avec des vendanges manuelles, des raisins pressés dans un vieux pressoir à vis. Le résultat : un vin plaisir que l’on peut boire assez rapidement.

Château Fleur Haut Gaussens, Bordeaux Supérieur

  • https://www.chateau-fleurhautgaussens.com
  • Rive droite, 15 Km Nord-Ouest de Libourne
  • 11 Les Gaussens 33240 Vérac, 05 57 84 48 01
  • Propriété familiale depuis 1941, aujourd’hui dirigée par Hervé Lhuillier
  • La gamme : uniquement des rouges. Une cuvée identitaire Château Fleur Haut Gaussens. Vignes agées de 30 ans, culture en raisonnée, vendanges mécaniques et élevage 6 mois.
  • Deux cuvées parcellaires.
  • Château Fleur Haut Gaussens Malbec -15 € – ‘ la Viminière ‘ la pépite du domaine issue d’une parcelle de 1 hectare de jeunes vignes. Culture en agriculture raisonnée, vendanges manuelles, élevage 12 mois en fut de chêne américain et français
  • La Bergeronnette 15€ mono cépage d’une parcelle de Cabernet Franc choisie pour sa belle exposition. Elevage pour 2/3 en cuve inox et pour 1/3 en barrique neuve de chêne français. Bouteille bourguignonne

Rem : les prix indiqués sont les Prix de vente public, départ propriété.

 

Le vin de Glace made in Québec: visite du domaine Isle de Bacchus

De la vigne au Québec ? Malgré une situation géographique équivalente à celle de la Bourgogne et la proximité du Saint Laurent, j’avais peine à y croire. Et pourtant quelques passionnés se sont lancés dans l’aventure à la fin du XX siècle. Aujourd’hui, la production au Québec atteint 2,2 millions de bouteilles (soit 1% de la consommation de la région) avec une surface en vignes de 660 hectares pour environ 125 vignobles.

Sur l’Ile d’Orléans, en face de la ville de Québec, la famille Roy-Bouchard plante les premières vignes du Québec en 1982 sur un site en pente douce proche du Saint Laurent. Le domaine est baptisé L’Isle de Bacchus, le nom donné à l’île par son découvreur Jacques Cartier en raison de la présence de nombreuses vignes sauvages sur le territoire.

En attendant le vrai réchauffement climatique, les Roy-Bouchard oublient le pinot noir pour des hybrides à maturité rapide, bien adaptés aux gels hivernaux. Ils choisissent pas moins de 15 cépages, hybrides rustiques, qui permettent d’élaborer une gamme complète de vins : blanc, rosé, rouge, vendanges tardives et icewine. Donald Bouchard développe un savoir-faire original comme butter par de la terre les pieds de vigne pour les protéger du gel. Puis en mars 2017, il passe la main et cède le domaine à Steve Boyer, un entrepreneur de Montréal, prix de la transaction autour de 1,9 M$ . Sans abandonner son affaire de travaux publics, Steve entend faire de la propriété un fleuron de la viticulture Québécoise.

Steve Boyer devant la ferme du XVIII siège du domaine Isle de Bacchus

Il a conservé l’équipe en place et suit toujours les conseils de l’oenologue d’origine italienne Mattéo Maglioli. Il n’entend pas changer les fondamentaux du domaine, la culture en mode raisonnée, la vinification en cuve inox thermorégulée et le vieillissement en fût de chêne américain pour les rouges (6 mois la cuvée Village d’Entre-Côtes et 18 mois pour la Réserve, l’Isle de Bacchus).

Nous avons eu le plaisir de faire la visite du domaine et la dégustation par le maître des lieux. Il a su nous parler à merveille de ses vins et nous faire découvrir le mythique Icewine ou eiswein pour parler à l’allemande, pays d’origine de la méthode de production. Ce sera le point final de notre dégustation et l’unique objet de mon reportage. J’avoue une immédiate passion coupable, un véritable coup de foudre pour ce vin incroyable né de raisins ayant gelé sur pied.

Le véritable vin de glace canadien est certifié VQA, Vintners Quality Alliance et doit pour cela être produit, récolté et vinifié selon des normes très strictes. Les règles conçues pour l’Ontario (90% de la production de vin du Canada- 850 000 L/an) ont été légèrement modifiées pour permettre une production au Québec où la neige abondante en hiver complique la récolte.

Si le label impose une vendange manuelle, ultra-tardive, après les premiers gels dépassant -8°C, au Québec, le raisin est coupé, mi novembre puis placé dans des filets situés en haut des vignes afin de ne pas être enfoui dans la neige en attendant décembre. Cette astuce permet aussi de mettre le raisin à l’abri des prédateurs. On attend au minimum trois jours de gel intense (sans dépasser les -12°) et un taux de sucre de 35 Brix (unité de mesure du sucre) pour récolter. On presse immédiatement les grappes entières sans érafler et en plein air, les raisins ne doivent pas dégeler. Le rendement est très faible, inférieur de 85% à celui du raisin normal. Le jus est hyper concentré et très sucré, l’eau sous forme de cristaux de glace reste dans le pressoir avec la pulpe (cryoextraction). Le sucre résiduel du vin doit être au minimum de 125 grammes par litre, aucun ajout n’est autorisé. Cette forte concentration en sucre n’est pas sans conséquence sur la vinification. Le milieu hostile aux levures gêne la fermentation et limite le taux d’alcool final. La maturation est lente, elle donne un vin sucré très riche en arômes.

Dégustation

Un vin de rêve, intense, somptueux, bien balancé entre le sucre et l’acidité. Je te le conseille seul comme une gourmandise à savourer doucement. Ne le partage pas mais réserve le pour une dégustation à deux, une mise en bouche câline. Prends le temps d’apprécier sa jolie robe dorée, de t’imprégner de ses arômes subtils. Laisse le se réchauffer doucement en bouche et ne viens pas perturber sa longueur par l’ajout de mets.

Si vraiment tu veux l’associer avec un repas, propose le à l’apéritif, seul ou avec un fromage persillé comme du brebis basque. Pitié, épargne-nous l’accord dessert et vin liquoreux sucre + sucre = overdose.

Et le prix ?

Oups, le seul mauvais point de cette petite merveille. Imagine : rendements extra faible, vendanges manuelles et souvent nocturnes + conditions météo délicates et tu obtiens un produit rare et cher, un nectar pour initiés. Au Canada, il faut compter un minimum de 60$ la bouteille de 375ml, en France avec les taxes, les prix grimpent. A ce problème de coût s’ajoute une forte concurrence des vins de l’Ontario plus anciens et plus connus qui mettent à mal la rentabilité des vins du Québec.

 

Vignoble Isle de Bacchus

  • 1335 Chemin Royal, Saint-Pierre, Ile d’Orléans
  • 11 hectares de Vignes, 35 000 pieds
  • 40 000 bouteilles produites/an tous vins confondus

 

La Ferme aux Grives : la table de campagne de Michel Guérard

Du Cochon, des viandes rôties à la cheminée et des desserts de ménagère, la Ferme aux Grives se la joue Sud Ouest et décontracté.

Tu vas aimer l’endroit à mi-chemin entre la campagne à la Disney et le musée des traditions locales. Moi, j’adore cette ambiance d’autrefois revisitée, la salle à manger digne des plus luxueux magazines de décoration et la cuisine comme un dimanche chez mémé.

A l’origine, il y a une authentique ferme landaise, à trois cent mètres des Prés d’Eugénie et rachetée par Michel Guérard dans les années 90. Le chef conserve la structure, la belle charpente puis donne à la vieille bâtisse les attributs d’une cuisine de château dont une cheminée monumentale, l’élément majeur du décor. Devant l’âtre, il installe une somptueuse table garde manger où il met en scène légumes colorés et miches de pain dodues. L’image aurait pu faire l’objet d’un tableau naturaliste, une peinture académique comme celle qui orne les murs de la salle à manger du restaurant gastronomique. XXI siècle oblige, elle fait le bonheur de tous les foodlovers et des instagrameurs en quête de clichés à partager.

Les convives installées sur des tables rondes font face au spectacle : devant leur yeux les cuisiniers surveillent poulet et cochons de lait qui brunissent gentiment. Depuis notre table, toute proche de la scène, nous ne perdrons rien du spectacle qui se joue sous nos yeux ravis.

Et les assiettes ? Ici le chef se fait plaisir avec des plats simples et bons sans chercher la sophistication d’une cuisine trois étoiles. Je commence par une salade césar, tiens revoilà Disneyland, une demi romaine servie entière avec sa garniture on the top. De la fraîcheur, du croquant, sympa. Je continue avec la spécialité du restaurant : un cochon de lait cuit à la broche, la peau dorée et craquante, la viande fondante. En accompagnement, arrivent une purée gourmande au bon goût de beurre et un gratin de macaroni aux cèpes crémeux à souhait, un souvenir d’enfance. Et moi qui croyais goûter les légumes du potager et découvrir la cuisine minceur du chef. Heureusement, le dessert sera un peu plus light avec la gaufre et son coulis de fruits rouge, un délice à la framboise.

Mon histoire aux Prés d’Eugénie se termine ici enfin presque, ma trilogie sur Michel Guérard pourrait continuer avec un post sur Mère Poule & Cie, le café culinaire et la plus récente des adresses du chef. De ce joli spot à l’entrée du village d’Eugénie, je ne parlerai que du décor. Ancien hôtel de village, les lieux ont été magnifiquement restaurés dans l’esprit d’une halte de campagne. Je te le recommande pour un café mais garde ton bel appétit pour la Ferme aux Grives, tu ne seras pas déçu.

 

La Ferme aux Grives

  • 40320 Eugénie les Bains
  • Tous les jours sauf le mardi midi
  • Fermé les mardis et mercredis du 11 février au 10 juillet.

 

Diner aux Prés d’Eugénie, gastronomie et vie de palace

A celui qui projette de diner aux Prés d’Eugénie, je conseille de venir en avance et de prendre le temps de visiter les lieux, les jardins, les salons, le lounge bar.

Pour vivre intensément l’expérience des Prés d’Eugénie, on ne doit pas séparer le restaurant gastronomique de la maison de maître qui l’abrite, un véritable musée privé à la gloire d’Eugénie de Montijo. (voir mon article sur le domaine http://lemeilleurdebordeaux.fr/les-pres-deugenie-le-palace-a-la-francaise-de-michel-guerard/). Christine et Michel Guérard ont décoré les lieux en hommage à l’épouse de Napoléon III, celle qui a lancé la station d’Eugénie les Bains en 1861. Les amateurs de cette époque fastueuse où la bourgeoisie triomphante se met en scène dans des portraits charmants retrouveront avec plaisir les tableaux de l’époque, une peinture académique, photographique et naturaliste. Avant le diner, il faut goûter aux charmes de ce palace à la française, demander à déambuler dans les différentes pièces du restaurant. Si Eugénie et l’Empereur s’invitent dans les salons privés et la petite salle à manger donnant sur le jardin arrière, les murs de la grande salle du restaurant sont, eux, habillés de natures mortes, de scènes idéalisées de la vie rurale avec la basse-cour et son coq d’ornement ou la marchande de poisson aussi fraîche que sa marchandise. Il y a aussi, proche de la cuisine, la belle pièce africaine où les tables sont habillées de lin rayé beige et dressées avec la vaisselle Savane de Gien qui rappelle le XIX et l’aventure coloniale de la France.

Pour certains, la visite continue par un tour en cuisine, une faveur accordée facilement si la demande est faite dans les temps. J’ai eu le plaisir d’y faire quelques photos, de shooter la brigade au début du coup de feu (Merci Emmanuel Pérignon, maître de maison aux Prés, d’avoir pris le temps de m’y accompagner). Je suis toujours impressionné par la beauté des cuisines des super grands, celle de Michel Guérard n’est pas en reste. Vaste, lumineuse, ouverte sur le jardin, elle est dotée d’une cheminée pour cuire la viande à la braise et d’un four à bois qui lui donnent l’esprit des châteaux campagnards. L’équipe travaille sous les ordres du chef Hugo Souchet dans le calme et la rigueur.

Un tel professionnalisme fascine, je resterai bien en cuisine mais il est temps de rejoindre mon homme qui patiente au salon. Le maître d’hôtel nous conduit à notre table. Bien isolée de ses voisines par un espace généreux, c’est un modèle d’élégance avec son épaisse et double nappe blanche, sa vaisselle délicate, son argenterie classique et son décor nature : orchidée blanche et pommes vertes du jardin. Nous voilà en place pour un moment de dégustation unique à la rencontre de la cuisine emblématique du chef, trois étoiles Michelin depuis 1977. La carte ne suit pas les saisons, elle contient les plats signatures de Michel Guérard. Ici la mode n’a pas de prise, les recettes datent des années 70-80. Cela fait le bonheur des habitués et des super gastronomes venus chercher une cuisine identitaire, des plats d’une étonnante modernité à inscrire au patrimoine culinaire français.

Très vite, nous écartons l’idée d’un menu gastronomique peu adapté à notre humeur estivale. Nous choisissons à la carte et ce soir, nous ne serons pas sage, nous accompagnerons notre diner d’un vin mythique, un sublime Château Rayas 2005 découvert dans le Livre de Cave d’Eugénie à l’incommensurable richesse. Ce Châteauneuf-du-Pape, star de l’appellation, nous a ravi par sa finesse et son inattendue fraîcheur tout a fait bienvenue en ce mois d’août. Merci mon homme pour ce délicieux clin d’œil à notre rencontre surprise avec monsieur Reynaud. Le diner fut une fête des sens et du goût, en voici le déroulé en image.

Ce sera en premier l’Oreiller Moelleux de Mousserons et Morilles aux Asperges de Pays, Une symphonie Végétale et Soyeuse, imaginée en 1978, Retour d’un Voyage en Chine. Délicate et parfumée l’assiette arrive pleine de promesses. La dégustation ne déçoit pas, entre force des champignons et douceur de la crème.

J’hésitais avec le zéphir de truffe sur une délicate Vichyssoise, Michel Guérard en passant saluer notre table nous l’a proposé en extra. Merci Chef pour ce supplément inattendu. Cette iconique entrée mérite bien sa réputation d’élégance et de légèreté malgré un parfum corsé de truffe. Un délice.

Je continue avec l’Opulente Pintade de Chalosse sur les Braises, salpicon de ris d’agneau, morilles, quenelles et truffes. Ici le cérémonial du beau service en salle prend tout son sens. Avant découpe, le filet nous est présenté entier paré d’une belle composition d’herbes du jardin et tenu au chaud sur un lit de braises. J’adore cette mise en scène tout à fait représentative du service à la française. Puis le plat repart en cuisine pour y être découpé et revient paré de ses accompagnements.

En final, j’ai choisi le Palais Feuilleté au chocolat, crème légère au café. Je suis très chocolat, j’ai été punie. Je ne pense pas avoir choisi le meilleur dessert de la carte. Aucune faute de goût bien sûr mais une présentation un peu décevante pour un trois étoiles. J’aurais aimé une composition plus harmonieuse, plus de panache dans la forme.

Notre diner se termine doucement en grignotant un financier les yeux dans les yeux. Le restaurant est presque vide, les derniers clients quittent la salle. Nous tardons à les suivre comme pour prolonger la magie de l’instant. Nous resterons longtemps à profiter des jardins mis en beauté par de subtils éclairages. Les statues, habituées aux tendres conversations de l’après-diner nous sourient, complices.

Les Prés d’Eugénie – Michel Guérard

  • Relais & Châteaux à 2h de Bordeaux -175km
  • 334 rue René Vielle, 40320 Eugénie-Les-Bains
  • www.michelguerard.com/

Septembre à la terrasse du Saint James

Alors cette rentrée ? Tu as bien géré ? Façon marathon ou rapide comme un 100 mètres ?    Qu’importe la manière, septembre ressemble à une course contre le temps entre les mails en attente, les dossiers à rouvrir et les projets à relancer. Heureusement il y a la reprise de la structurante routine: l’école des enfants, le club de gym, les sorties entre copains et Bordeaux en toile de fond, la ville idéale pour prolonger l’été.

Nouveau spot comme Frida (anciennement le Potato Head) ou adresse emblématique de la ville comme le Saint James à Bouliac, en septembre on profite des terrasses. (plus sur le Saint James dans mes précédents articles http://lemeilleurdebordeaux.fr/backstage-au-saint-james-avec-nicolas-magie/ ou http://lemeilleurdebordeaux.fr/le-saint-james-superbe-en-journee-magique-le-soir/ )

La terrasse du Saint James à Bouliac

Voici en partage quelques images d’un merveilleux diner à la table de Nicolas Magie.

Nous avons suivi son conseil et choisi le menu Inspiration, une composition en cinq plats et autant de surprises, d’assiettes colorées, de mariages inédits et d’intenses émotions. Bronzé et détendu, le chef, tout juste revenu de vacances, a fait merveille pour sublimer le produit d’Aquitaine. Dans son menu, on reconnaîtra des stars comme le Caviar Sturia, le bœuf de Bazas mais aussi des spécialités moins connues comme la cacahuète de Soustons, une rareté produite dans Landes à la ferme Darrigade.

J’oublie un peu les vins même si en fan de Bourgogne blanc et des vins du Rhône, j’ai apprécié la sélection du sommelier. Dans l’ordre et de mémoire nous avons dégusté un Croze-Hermitage blanc ( assez original pour une appellation plus connue pour ses rouges), un Meursault et un Baux de Provence rouge. Cependant, j’aurai aimé rester en Aquitaine pour un accord mets et vins à la hauteur de la cuisine et de la philosophie du chef.

Résumé du menu :

  • Cylindre de bœuf de Bazas en tartare et anchois du pays basque
  • Caviar Sturia, gambas de l’estuaire et espuma de rhubarbe
  • Tomates anciennes issues de l’agriculture en biodynamie en trois états
  • Pigeon grillé et aubergines marinées au miel
  • Fleur de courgette et chèvre frais en beignet
  • Dessert cacahuète de Soustons et abricot façon oréo

Il manque à ces illustrations le magnifique coucher de soleil sur Bordeaux. Politesse oblige, je n’ai pas osé quitter la table pour shooter le spectacle coloré qui s’est joué sous nos yeux pendant le diner. Bordeaux a fait le show. La ville s’est illuminée comme au feu d’artifices, ce fut grandiose. Je garde en mémoire de magnifiques images et autant de subtiles émotions culinaires telle l’excellente association du Caviar d’Aquitaine et de la rhubarbe entre onctuosité iodée et acidité terrienne.

Merci Chef.

Le Saint James, Hôtel **** , restaurant * Michelin

  • Rive droite, 10km de Bordeaux centre
  • 3 Place Camille Hostein, 33270 Bouliac
  • 05 57 97 06 00

Pâtes de Sarrasin, oignons caramélisés et aubergines.

 

Intolérant au gluten, ou juste curieux de tester de nouvelles saveurs, voici pour toi, une recette avec des pâtes de sarrasin, mes préférées des spécialités sans gluten. Je les accompagne de tomates séchées et  d’aubergines de petit producteur.

Les pâtes sans gluten déjà bien implantées dans les magasins Bio arrivent maintenant dans les rayons des magasins traditionnels.  Les aubergines brûlées, comme au barbecue, les olives noires et les tomates séchées apportent la touche vacances, la note sourire.

Pour 4 personnes

  • 400 gr de Fusilli bio 100% sarrasin (dans tous les magasins bio)
    • 4 baby aubergines
    • Huile d’olive
    • 12 petits oignons
    • 2* 20 gr de beurre
    • 1 cuillère à soupe de sucre en poudre
  • 50 gr de tomates séchées
  • 1 poignée d’olives noires
    • 80 gr de parmesan râpé ou en copeaux
    • sel, poivre

 

Epluche les mini oignons. Fais confire 10 mn dans une casserole avec 1 cuillère de sucre, 20 gr de beurre et 15 cl d’eau. Remue souvent pour que les oignons n’attachent pas et prennent une jolie couleur dorée. Réserve.

Pique les aubergines sur une brochette métal et porte à la flamme ou mieux au Barbecue. Retire du feu quand la peau est bien cloquée. Coupe les en 2 dans le sens de la longueur, dépose dans un plat allant au four. Badigeonne d’huile d’olive et passe au grill du four. Attention à ne pas cuire trop vite. Au besoin, descend la plaque dans le four.

Coupe en petits bouts les tomates séchées.

Fais cuire les pâtes dans l’eau salée. Surveille la cuisson, elles doivent rester fermes. Egoutte et mélange avec 20 gr de beurre pour éviter qu’elles collent entre elles. Mon astuce comme pour toutes les pâtes sans gluten sera de diminuer le temps de cuisson indiqué sur le paquet. Ainsi pour celles-ci, j’ai compté 6 minutes au lieu des 9 indiquées.

Dresse les ingrédients séparément façon bowl ou mélange dans un saladier, pâtes, oignons, tomates et olives. Donne un tour de moulin à poivre. Pose les aubergines on the top.

Chacun ajoute le parmesan dans son assiette.

Pâtes de Sarrasin, oignons caramel, tomates séchées et olives noires

 

 

 

 

 

 

Salade blanche : Chou-fleur, poire, riz et pois chiche.

Pour 4 personnes

  • 2 petits verres de riz
  • ½ chou-fleur
  • 1 belle poignée de pois chiche
  • 1 fenouil
  • 1 poire
  • ½ chèvre frais
  • 1 oignon blanc
  • 1 citron

vinaigrette

  • ½ citron
  • 2 cuillères d’huile d’olive
  • Sel, poivre
  • Herbes du jardin si tu aimes

Voici une salade à base de chou-fleur croquant et de pois chiche juste trempés et rôtis à l’huile. Les pois restent bien croquants, c’est hyper bon, bourré de protéines végétales et trop sympa dans les salades de l’été.

La veille, fais tremper les pois chiche dans l’eau froide. Egoutte les pois. Fais dorer à la poêle dans 2 cuillères d’huile d’olive. Réserve.

Fais cuire le riz 10 minutes dans l’eau salée. Egoutte et laisse refroidir.

Dans la poêle encore chaude, fais revenir doucement le fenouil coupé en fines lamelles.

Prélève la moitié d’un chou fleur, fais le tremper 5 minutes dans de l’eau vinaigré puis détache les petits bouquets.

Coupe en cubes la poire et arrose de jus de citron pour éviter qu’ils s’oxydent et noircissent.

Coupe le fromage en cube.

Dresse dans un plat creux le riz le chou-fleur, le fenouil. Puis trace des lignes avec la poire, le fromage et l’oignon blanc coupé en fines tranches.

Ajoute les tiges du fenouil pour la présentation.

Prépare une vinaigrette avec l’huile, le jus du demi citron, sel et poivre. Au moment de servir, verse sur le saladier. Mélange bien.

Au moment de servir, ajoute la roquette. Si tu dresses des assiettes, joue avec la laitue, le coeur coupé en deux pour la présentation.

Dispose en déco des grains de lentilles, des petits pois et du citron.

Variante :

A la recette de base qui privilégie la couleur, tu peux remplacer le riz blanc par du riz complet

Pour un meilleur équilibre nutritionnel.

Les Prés d’Eugénie, le palace à la Française de Michel Guérard.

J’aimerais croire au paradis, à un lieu béni hors de l’espace temps où la vie s’écoulerait tout doucement. En attendant l’immatériel Eden, je sais qu’il existe en France des endroits magiques, des îlots de luxe, de tradition gourmande et d’exquises manières.

Séjourner aux Prés d’Eugénie, la seule table trois étoiles d’Aquitaine, j’en caressais l’idée depuis notre arrivée à Bordeaux. Mon homme a réalisé mon rêve d’un interlude gastronomique, d’un moment de douce nonchalance dans un domaine enchanteur. Il m’a offert la vie de Palace.

Merci Darling, pour ce magnifique cadeau d’anniversaire. Salles à manger, salon, jardins, repas gastronomique, repas comme à la ferme et rencontres en cuisine, j’ai tout photographié, tout enregistré pour ne rien perdre de la magie des lieux. Alors au fil de trois articles, je partagerai tout cela avec vous.

Je t’invite à me suivre à la découverte de la planète enchantée de Christine et Michel Guérard, un soleil doté de nombreux satellites, un relais et château d’exception élevé à la distinction de Palace depuis ce mois de juillet.

Sitôt franchies les grilles d’enceinte, commence l’émerveillement :

  • Le parc planté d’arbres multi-centenaires, agrémenté de roseraies et de collections de buis taillés,
  • Le jardin de palmiers, de bambous et de fontaines, veillé par deux lévriers de pierre, féérie exotique la nuit venue,
  • La maison de maître à l’architecture inspirée des plantations de Louisiane. Les plafonds aux poutres apparentes, les sols en larges dalles de pierre, les parquets Versailles laissés naturel, les murs en lambris blancs, des matériaux nobles et bruts comme dans un château de campagne.
  • L’hôtel de charme aux allures de Saigon d’avant guerre avec sa belle façade blanche, flanqué d’une galerie, pour abriter les amours d’un jour ou d’une vie.
  • Le bel ordonnancement des balcons en fer forgé posés sur le jardin d’eau à la française pour un petit déjeuner romantique

Le restaurant gastronomique où officie le plus titré des chefs d’Aquitaine, trois étoiles depuis 1977. La cuisine vaste et lumineuse dotée d’une cheminée pour rôtir les viandes à la braise.

Le lounge bar de trois cent mètres carrés meublé comme un club anglais où l’on vient après diner déguster un armagnac au milieu d’une collection de tableaux à faire pâlir d’envie tout conservateur de musée.

La ferme landaise reconstituée et son jardin clos de roses anciennes, une recomposition délicate aux allures de Petit Trianon, aménagée pour des soins bien-être.

Passé le moment de timidité devant tant de luxe et de beauté, tu apprécies d’être reçu chaleureusement sans fausse manière, salué, choyé sans affectation et servi avec le sourire. Il règne dans cette Maison une ambiance toute particulière d’excellence et de gentillesse que seuls les restaurants de propriétaire peuvent créer. Michel Guérard n’a pas multiplié les adresses, il est resté concentré sur l’endroit qui lui donne ses trois étoiles au Michelin depuis quarante ans. Le soir venu, il vient saluer les convives attablés au restaurant gastronomique. Démarche vive, œil malicieux, il a un mot pour chacun, un message spécial pour les habitués. C’est un bonheur de le rencontrer, un régal de dîner à sa table.

Le repas terminé, on se plaît à flâner dans les jardins, à s’asseoir dans un petit salon ou à déguster un vieil armagnac au Loulou’s bar. Dans un tel cadre, l’esprit s’évade et vagabonde. Il suffit de fermer les yeux, on s’imagine au temps d’Eugénie de Montijo, la belle espagnole dont la beauté rayonnante s’affiche sur les nombreux portraits qui habillent les murs des salles de réception. Ici on n’oublie pas que la station d’Eugénie les Bains doit son origine à la femme de Napoléon III qui lança la station thermale en 1861. Le temps a passé emportant avec lui l’Empire et la mode de prendre les eaux. Il reste le cadre d’exception remis à l’honneur grâce à la passion du couple Guérard.

Ils ont fait des Prés d’Eugénie un hôtel cinq étoiles, fleuron du luxe à la française, reconnu par leurs pairs comme un des meilleurs. Le domaine fait partir du comité Colbert, un cercle très fermé de maisons prestigieuses. Dans ce club ultra-sélect, les membres sont choisis sur la base de cinq critères : l’ambition internationale, le caractère identitaire de la marque, la qualité, la création, la poésie de l’objet, l’éthique. On y trouve les plus grands noms du luxe national venu du monde des arts décoratifs, de l’hôtellerie de luxe, des très grands vins de bordeaux et quelques cuisiniers de talent. Dior, Chanel, Hermès, Saint-Louis, Château Lafite-Rothschild ou Baccarat, ils ont pour ambition de porter haut la culture française, de promouvoir le goût français et de créer un vivier de jeunes talents. Des jeunes talents, les Prés d’Eugénie n’en manquent pas, ni en salle ni en cuisine où la moyenne d’âge ne doit pas être très élevée. Mais pour l’instant, on ne parle par de relève, de succession. A quatre vingt ans passés, Michel Guérard irradie d’enthousiasme et de bonne santé, preuve éclatante des bienfaits de sa cuisine minceur.

Les Prés d’Eugénie – Michel Guérard

  • Relais & Châteaux à 2h de Bordeaux -175km
  • 334 rue René Vielle, 40320 Eugénie-Les-Bains
  • www.michelguerard.com/