Les Bordeaux blancs des grands rouges : micro-cuvées et excellence.

Si le Médoc, Saint Emilion et Bordeaux vous parlent en rouge, il ne faut pas oublier ses autres facettes. Le vignoble, aujourd’hui à majorité planté en Cabernet et Merlot, était réputé autrefois pour ses cépages blancs. Délaissé par certaines appellations (à l’exception des Pessac-Léognan, des graves et des liquoreux), le blanc revient sous forme de petites productions dans les grands domaines. Ces micro-cuvées bénéficient des meilleurs soins. On aime leur élégance et leur aptitude à sublimer la cuisine contemporaine plus végétale et moins carnée.

Le Blanc, domaine d’expérimentation

Les bonnes pratiques, l’agriculture biologique s’installent dans nos vignes. En Bordelais, la conversion est souvent freinée par la taille des domaines. Quand on travaille sur 60 hectares, les enjeux financiers et techniques sont colossaux. Le passage en bio signifie d’abord une perte de rendement, des besoins supplémentaires en main d’ oeuvre avec l’augmentation des travaux à la vigne et donc un surcoût. Et surtout, il y a l’apprentissage de nouvelles techniques, de nouveaux réflexes. C’est un long chemin qui se fait souvent par étapes.

Ici l’exemple Château Palmer : http://lemeilleurdebordeaux.fr/__trashed-4/

Certaines propriétés, comme Fourcas Hosten ont fait du Blanc, leur terrain d’expérimentation. En 2012, On y plante 2 hectares en blanc en s’appuyant sur les résultats d’une cartographie du sol réalisée en 2010. Il y aura quatre parcelles : « Renaud » et « Laurent » en Sauvignon blanc, une « Nicolas » en Sauvignon gris et une seconde « Nicolas » en Sémillon. Chacune de ces parcelles a 1 à 3 porte-greffes différents en adéquation avec le sol (profondeur, nature, vigueur…) et le cépage. L’ensemble est cultivé en agriculture biologique dès l’origine. Ce sera un projet fédérateur pour l’équipe rassemblée autour de sa directrice technique Caroline Arthaud. Ces deux hectares permettent de tester des nouveaux process, de se familiariser avec la culture en bio, de changer de référentiel sans brutalité. La réussite du projet a permis d’étendre la conversion à tout le domaine.

Culture et vinification haute couture

Les petites cuvées bénéficient de soins tout particuliers. Vendanges manuelles, élevages en fut de chêne, bâtonnage quotidien (action d’agiter le vin avec une baguette pour mettre en suspension les lies), rien n’est trop beau pour ces précieuses. Les équipes techniques cherchent, innovent pour produire le meilleur.

Dans les châteaux, on chérit aussi le blanc pour sa place dans le calendrier. Les cépages blancs arrivent à maturité en premier, entre fin août et début septembre. Ils donnent le top départ des vendanges et du millésime.

Grands Blanc de Bordeaux, la short list de Sophie Juby

Fan de vin blanc, j’aime associer ceux de Bordeaux à ma cuisine. Les plats végétariens et les poissons du bassin d’Arcachon affectionnent les Bordeaux. Pour un repas de fête, pour vos repas entre amis, voici mes Blancs paillettes.

Château de la Dauphine : La Dauphine blanc 2019

En 2016, le Château de la Dauphine, domaine du Libournais en AOP Fronsac, s’agrandit de 16 hectares par rachat de vignes. Les nouvelles parcelles font l’objet d’une analyse de sol qui révèle un potentiel pour du blanc sur 1 hectare de plateau calcaire. C’est l’occasion de répondre au souhait du propriétaire d’avoir une gamme complète. En conjuguant Le Château de la Dauphine sur les trois couleurs de rouge, rosé et blanc, le domaine entend satisfaire une clientèle internationale.

Le Blanc de la Dauphine bénéficie des mêmes pratiques, du même mode de culture en biodynamie que le rouge. Choyé à la vigne, il est aussi très entouré par les commerciaux. Le flacon, l’étiquette témoignent de choix stratégiques porteurs de sens. On sort de l’univers du Bordeaux classique pour aller vers les Bourgognes, la référence en matière de blanc. Côté vinification, on est parti sur un partage entre la cuve inox et la barrique de chêne pour moitié. Le passage à l’amphore est à l’étude pour ce jeune vin qui trace sa route vers l’excellence.

A la dégustation, le vin porte la signature La Dauphine, fraîcheur et délicatesse. Parfait pour un apéritif en été. Il serait aussi très à l’aise sur nos tables de fêtes. Malheureusement, ce petit dauphin (500 bouteilles) est déjà épuisé. Nous devrons patienter jusqu’au mois d’avril prochain pour le 2020. Un Blanc de la Dauphine pour accompagner notre agneau de Pâques, j’aime assez l’idée.

La Dauphine Blanc 2019,

75 % Sauvignon – 25 % Sémillon – Vendanges manuelles, pressurage pneumatique, élevage 1/2 cuves inox et 1/2 en barrique de chêne. Prix 25€ la bouteille.

Château de la Dauphine vous accueille 7/7 en 2020

Château de la Dauphine, AOP Fronsac

📪 : Rue Poitevine, 33 126 Fronsac.

🏰 ☎️ 🏰 : visite sur RDV – 05 57 74 06 61

🍷🍇 🍷 53 hectares de vigne. 50 hectares pour le rouge, 2 ha en rosé et 0,8 en blanc.

🍇 👩🏻‍🌾 🌿 certifié AB en 2015


Château Fourcas Hosten, le Blanc 2019

Le 2019 est le sixième millésime en Blanc chez Fourcas Hosten. Le vin a trouvé son équilibre. Raffiné, subtil mais avec une belle personnalité, le 2019 nous séduit par sa longueur en bouche. et pour avoir eu la chance de déguster les millésimes antérieurs, je dirai que ce Bordeaux a suffisamment de caractère pour bien vieillir.

Château Fourcas Hosten, AOC Listrac Médoc

📪 : 5 rue Odile Redon, 33480 Listrac Médoc

🏰 ☎️ 🏰 : visite sur RDV – 05 56 58 01 15

🍷🍇 🍷 5O hectares de vigne. 40 hectares en production pour le rouge, 2,2 ha en blanc.

🍇 👩🏻‍🌾 🌿 certifié AB en 2020 pour le blanc, 2021 pour le rouge


Le Blanc de Palmer, une cuvée secrète

Emblématique figure de Margaux, le Château Palmer s’est lancé dans une production confidentielle de Blanc. La découverte en cave de deux bouteilles datées de 1925 a donné l’envie de renouer avec une tradition du Médoc. Dans le passé, les domaines travaillaient souvent une parcelle en Blanc pour leur consommation personnelle.

Quand Thomas Duroux se transforme en Scherlock Holmes de l’ampélographie.

Thomas Duroux, directeur de Château Palmer, est aussi féru d’ampélographie la science des cépages et de la vigne. Dès l’origine du projet Blanc, Il met sa passion au service de Château Palmer. Il va se lancer dans une enquête à la Scherlock Holmes pour construire un encépagement unique inscrit dans son terroir et dans l’histoire. Ses recherches le conduisent à planter, dans les années 2 000, trois variétés :

  • La Muscadelle. Un cépage blanc historiquement présent dans le Bordelais. Celui de Palmer vient d’une sélection massale effectuée sur de vieilles parcelles du Domaine Plageoles à Gaillac. Ce cépage aromatique va apporter ses parfums, ses notes florales.
  • Le Lauzet. L’idée en revient à Pierre Galet, célèbre universitaire et référence absolue en ampélographie. Le Lauzet donne de la structure, de l’acidité. L’équipe de Château Palmer est allé en Jurançon retrouver ce cépage oublié.
  • Le Sauvignon gris. Un cépage ancien, moins productif mais plus aromatique que le Sauvignon Blanc avec des parfums d’exotisme. C’est la note épicée du Palmer Blanc.

Les premières bouteilles sortent en 2007. Elles ne sont pas ou peu commercialisées. Depuis, la production reste modeste, environ 2 000 bouteilles/an. On les trouve à la table des propriétaires du Grand Cru, des clients de Palmer et dans quelques adresses de prestige. Le Vin Blanc de Palmer a très naturellement trouvé sa place à la Maison Bras. Il existe des connections fortes entre le grand Margaux et Sébastien Bras.

J’imagine aisément l’accord parfait entre le Gargouillou de la Maison Bras, l’archétype de la cuisine végétale d’excellence et le Vin Blanc de Palmer.

Le Vin Blanc de Palmer, un authentique Bordeaux

Si le Vin Blanc de Palmer ne porte pas les couleurs de Bordeaux, il en a pourtant les origines (des cépages locaux) et une caractéristique forte, c’est un vin d’assemblage. Il se compose d’une majorité de Muscadelle, de 35% de Lauzet et le reste en Sauvignon gris.

Une Vinification à la Bourguignonne.

Dans les vignes, Le Blanc bénéficie des meilleurs soins, de préparations biodynamiques et d’une culture selon le calendrier lunaire. Mais jusqu’ici, rien de différent de son illustre grand frère rouge.

Au chai, il sera traité avec d’infinies précautions. La vinification s’inspire des méthodes Bourguignonnes. La vendange faite manuellement est stockée une journée en chambre froide pour descendre à la température de 5°C. La pressurisation se fait sélective. Seuls les premiers jus, les premières presses, les plus claires, seront conservés. La vinification et l’élevage se font en foudre de 1200 litres, d’un bois ancien pour qu’il ne marque pas. Peu interventionnistes, Thomas Duroux et sa directrice technique Sabrina Pernet cherchent la précision et la minéralité. Ils utilisent peu de sulfites, en début de cycle pour protéger la vendange contre les bactéries et éviter une fermentation malo lactique, puis à la mise toujours à faible dose.

Au final, on obtient un très grand vin dont le potentiel de garde semble tutoyer celui des Bourgognes.

J’ai eu la chance de goûter cette merveille de délicatesse. J’ai le souvenir d’une table de fête, de jolie vaisselle et de plats exquis. Il a le goût du bonheur, difficile de le décrire.

Thomas Duroux en parle mieux que moi. Le Vin Blanc de Palmer, selon lui, c’est :

Un vin d’équilibre, fin, frais et qui a de la profondeur.

Un vin aromatique sur des palettes subtiles, des arômes de fruits blancs, de pêche, de poire.

Un vin vivant. Il peut s’endormir au bout de trois, quatre ans puis retrouver une nouvelle personnalité et des notes épicées.

Thomas Duroux,

Château Palmer, Troisième Grand Cru Classé 1855.

📪 : 33 460 Margaux.

🏰 ☎️ 🏰 : visite privée uniquement – 05 57 88 72 72

🍷🍇 🍷 66 hectares de vigne. 50 hectares pour le rouge, 1 ha blanc.

🍇 👩🏻‍🌾 🌿 certifié Demeter en 2018. Agriculture Bio et bio dynamique

La Remontada des Bordeaux

Les Bordeaux font leur Remontada. L’expression n’est pas de moi mais d’un chroniqueur de François Régis Baudry dans « On va déguster« . C’était en septembre lors d’une émission sur les Bordeaux. On y parlait de nouvelles pratiques et de pépites. Quel bonheur d’entendre des journalistes positiver le Bordeaux. Nos vins ont changé depuis depuis l’ère de l’agro-chimie des années 80. A Paris, on l’a compris et on a envie de les redécouvrir. Les Blancs méritent une place à notre table, à côté des Champagnes, des Chablis et autres Bourgognes. C’est bientôt Noël. On va se régaler d’une cuisine de fête. Elle fait la part belle aux volailles dodues, aux salines huîtres du Bassin d’Arcachon, aux belles Marennes. Je vous recommande un joli Bordeaux Blanc pour les accompagner.

Les vendanges en Bordeaux blanc

Une journée au Château Fourcas Hosten

Comment fait-on un grand vin blanc ?

Que devient le raisin une fois coupé ?

Tri, égrappage, foulage, macération puis fermentations sont les étapes de la vinification d’un rouge.

Mais en Blanc ?

Le process est tout à fait différent. J’ai eu la chance d’accompagner l’équipe du Château Fourcas Hosten tout au long d’une journée de septembre. Voici mon retour sur les vendanges en Bordeaux blanc.

Le Château Fourcas Hosten, 50 hectares en Listrac Médoc.

Nous sommes au sud du Médoc entre Moulis et Saint Julien. A 43 mètres d’altitude, nous atteignons le toit du Médoc, position enviable et sol partagé entre des croupes gravières et un plateau calcaire. Ici la vigne bénéficie de la fraîcheur d’un climat océanique. La chaleur des étés est tempérée par les vents d’ouest et la proximité de la forêt régulatrice. Sols et climat font de Listrac un terroir propice à la vigne.

Le Château Fourcas Hosten est une propriété emblématique de l’appellation. Sa Chartreuse à la belle façade classique jouxte l’église du village. Le domaine appartient depuis 2006 aux frères Laurent et Renaud Momméja. Je vous le présentais en 2018.

http://lemeilleurdebordeaux.fr/visite-du-chateau-fourcas-hosten-appellation-listrac-medoc/.

Depuis cette visite, le Château Fourcas Hosten a continué sa transformation. On restructure toujours, on rajeunit le vignoble (42 hectares plantés, 6 en réserve). Grâce à une analyse plus fine de la géologie, une cartographie des sols, certaines parcelles sont replantées avec des cépages plus adaptés. On abandonne la philosophie productiviste des années 70 – 80 pour une recherche de qualité optimale.

On densifie les plantations pour forcer la vigne à aller chercher plus en profondeur eau et nutriments. Elle sera plus résistante à la sécheresse et plus en osmose avec son lieu. En parallèle, on installe le bio sur les rouges et on commence la biodynamie comme méthode culturale.

Un bâtiment dédié aux préparations, une tisanerie est en cours de construction. La certification Ecocert du vin est prévue pour le millésime 2020 en blanc et 2021 en rouge. Les vendanges à venir ont donc une symbolique toute particulière.

Enfin depuis le printemps 2020, Eloi Jacob a été nommé la direction générale et technique du domaine. Ingénieur de l’ENITA de Bordeaux, il a toujours travaillé en Bordelais . Il arrive de Château Fonplégade à Saint Emilion. Il a passé dix ans comme directeur technique puis directeur général dans un domaine qu’il a accompagné vers la certification bio (2013) et la biodynamie.

Les vendanges

Le choix de la date des vendanges

Les anciens comptaient 100 jours après la floraison. Il ne dérogeaient pas à la date fixée. Les impératifs des domaines en polyculture, la main-d’œuvre rassemblée (autrefois logée et nourrie sur la propriété) passaient avant la recherche de la maturité optimale.

Aujourd’hui, c’est différent. Le raisin décide. La date des vendanges se décide en fonction d’analyses biologiques et d’observations in situ. On surveille le rapport sucre/acidité tout en gardant un œil sur l’état sanitaire des raisins.

En 2020, un bel été indien a permis de retarder la cueillette sans mettre en danger le fruit. Dès que le taux de sucre souhaité a été atteint, l’équipe s’est mis dans les starting-blocks. Ils étaient tous prêt à démarrer mais se sont donnés 4 jours supplémentaires pour laisser les arômes atteindrent leur apogée. 

Au final la date du 7 septembre a été retenue pour le Blanc. Les vendanges ont commencé sans précipitation. La coupe s’est d’abord limité à des demi-rangs sur des portions de parcelles. Les hommes ont travaillé quelques heures.

Chez Fourcas Hosten, on pratique la vinification en parcellaire donc pour le Blanc on va aller dans la précision, dans le micro parcellaire. On travaille à l’échelle des 2,2 hectares du Blanc. On isole dans la parcelle certains endroits et on ramasse la quantité nécessaire pour remplir une presse et des multiples.

Qui sont les vendangeurs ? 

Les saisonniers sont des locaux. 

Le travail en demi parcelle est possible pour le Blanc de Fourcas Hosten en raison de la composition de l’équipe : 7 permanents dans les vignes, 8 saisonniers dont une majorité de fidèles qui reviennent chaque année.  6 à 10 mois/an, ces hommes et ces femmes participent aux travaux de la vigne : taille, épamprage …

Xavier, le chef de culture, connait parfaitement son équipe. Il organise le travail en tenant compte des forces et faiblesses de chacun. Comme dans la majorité des vignobles, on constate une division sexuée du travail. Les travaux viticoles sont souvent spécialisés en genre.

Traditionnellement reviennent aux hommes les travaux les plus physiques (la plantation des piquets, la taille) les plus nobles ( la conduite du tracteur) et aux femmes les travaux minutieux comme l’épamprage, le relevage. Pendant les vendanges, les équipes sont totalement mixtes même si le porteur est toujours un homme.

Une partie de l’équipe vendange :

Jean-louis 35 ans de présence, connait le vignoble cep par cep.

Eloi Jacob, nouveau directeur du Château Fourcas Hosten et Xavier Bruyez, chef de culture depuis 2005

Remarque : Pour les vendanges du rouge, l’équipe sera d’environ 30 personnes dans les vignes et 10 au chai sans trop de problème de recrutement. Le bio est un atout pour fidéliser la main-d’œuvre. 

La vendange 

Invitée à dormir au Château pour être sur place au lever du jour, je me suis réveillée à l’aube. Depuis ma chambre de princesse dans la tour de la Chartreuse, je voyais les premières lueurs du soleil sur le vignoble. A six heures, le calme régnait sur Fourcas Hosten.

Nous avons pris le petit déjeuner dans la cuisine entre la magnifique cuisinière AGA et l’imposant vaisselier, véritable coffre aux trésors pour les fans d’art de la table. Puis nous avons rejoins la vigne en traversant le parc et les parcelles limitrophes de la propriété. Le soleil nous accompagnait dans cette balade matinale, un régal.

L’équipe avait déjà commencé son travail. Armée des indispensables outils du vendangeur 2020, masque, gants et sécateur, je me suis attaquée à mon rang. Et c’est là que j’ai tout compris : les difficultés, la pénibilité mais aussi le plaisir de la récolte. Oui, c’est difficile de vendanger. Courbée en deux ou accroupie, je cherche sous la végétation l’or du Médoc. J’arrache maladroitement les feuilles pour me frayer un passage mais souvent le fruit est rebelle. La grappe est attachée au sarment par une tige, le pédoncule, dont la faible longueur ne permet pas de travailler confortablement avec le sécateur. L’ouvrière malhabile peine à couper sans blesser les baies.

Heureusement la nature est généreuse, les grappes sont magnifiques et ma cagette de 7 kg se remplit rapidement. Quand elle est pleine, je me redresse et je crie fièrement « cagette » . Le temps que mon porteur vienne récupérer ma caisse, je respire et je vis ce moment unique. Etre là, au milieu de cette végétation luxuriante, dans les rayons du soleil matinal à ramasser ces golden baies, c’est magique.

Ma tâche terminée, mes dix pieds récoltés, j’écoute les femmes et les hommes de métier.

Leur vendange a une musique, un rythme. Dans le silence des rangs, on entend le bruit des feuilles que la main froisse, écarte et parfois arrache pour se frayer un chemin vers la grappe. Puis on entend le clac – clac nerveux du sécateur. Les gestes sont rapides, les bruits leur répondent. Et très vite retentit le « cagette », l’appel du coupeur au porteur pour que celui-ci vienne chercher le contenant plein. 

Quand les travailleurs ont terminé leur rang, ils se redressent, regardent l’avancée des copains avant de replonger dos courbé et gestes habiles vers les raisins dorés. Ce matin ils vont faire 150 cagettes, de quoi alimenter la presse pour deux fois.

 Je les laisse terminer et prends le temps de quelques photos du raisin , la star du jour. La vigne est somptueuse en septembre, déclinaison de vert et de jaune doré.

Je quitte à regret l’endroit pour retourner vers la chartreuse. Dans le chai de vinification, on presse le raisin récolté la veille.

La presse

Le raisin est ramassé au lever du jour quand les températures sont les plus basses. La vendange est stockée une journée + une nuit en camion réfrigéré. Au repos, la vendange amorce une macération propice aux échanges aromatiques entre la peau et le mout. C’est le skin contact. Il n’y a ni éraflage, ni tri comme dans les rouge. Ici la rafle (la partie végétale, le lien nourricier qui supporte les baies et relie la souche et le grain) va aider à drainer les jus.

Le lendemain de la récolte, on apporte les cagettes au chai. On peut voir sur les photos que les grappes sont versées entières dans la cage. On alterne couche de fruits et tapis de corde (utile pour drainer) . A l’oeil, on remarque des raisins brulés de soleil au milieu de grappes. Ils ne donnent pas de mauvais goût. Quand à ceux que le botrytis a colonisé, ils donneront de la richesse aromatique au mout.

Et si il restait des baies à la maturité trop avancée, leur jus serait éliminé. A chaque presse, on écarte les 7 à 8 premiers litres, ceux des raisins trop mous qui éclatent en premier.

Préparation d’une presse au Château Fourcas Hosten

Le pressurage vertical se fait avec une montée en pression par palier. Celle-ci reste douce afin de ne pas écraser les pépins et libérer de l’amertume. Le jus s’écoule par les perforations de la cage inoxydable. il est recueilli dans un cuvon thermorégulé. A ce stade, il n’y a pas de sulfitage mais une protection par gaz CO2.

une Presse en quelques chiffres :

  • 7 h / par cuve
  • 75 cagettes de raisin. 
  • 800 Kg de raisin 
  •  350 litres de jus soit 400 bouteilles. 
  • Le Blanc de Fourcas Hosten en 2019
    • 20 presses 8 000 bouteilles 
Sophie Solnicki-Thierry, directrice commerciale, Athanase Fakorellis, oenologue conseil,
Eloi Jacob Directeur du Château Fourcas Hosten

En rentrant de la vigne, nous avons goûté le jus de deux presses en fonctionnement. C’est une expérience gourmande unique. Il y a de la présence, de la matière, du fruit et du sucre. Un bonheur.

La vinification, l’élevage et la commercialisation du Blanc de Fourcas Hosten

La presse terminée, le jus recueilli est mis en barriques de chêne pour une vinification et un élevage à la bourguignonne sur lies fines. La fermentation alcoolique va durer 10 à 15 jours à température régulée entre 15 et 23°.

Pas de fermentation malo lactique pour ce Blanc à l’issue mais un élevage de 6 mois en barriques. Les vins sont batonnés plusieurs fois par jour pendant les trois premières semaines puis une fois/jour.  Avec le temps, le vin s’enrichit devient plus complexe. Il pourra se garder au moins 5 ans. 

Le travail du chai se fait en étroite collaboration avec l’oenologue conseil. Athanase Fakorellis accompagne en tant que consultant sur le Blanc depuis le premier millésime en 2014. Il est très présent sur le domaine. Grec d’origine, il se destinait à la pharmacie. Venu à Bordeaux pour étudier, la vie l’a mené vers des études d’onoelogie. Il conseille un ensemble de Châteaux dont le célèbre Château Valandraud Blanc de Murielle Andraud et Jean-Luc Thuvenin, inventeurs des vins de Garage et précurseurs dans les Blancs de luxe travaillés comme des Bourgogne.

Le Blanc de Fourcas Hosten bénéficie de soins attentifs, il occupe une place très particulière au domaine. Quand Laurent et Renaud Momméja ont racheté les lieux, on n’y faisait que du rouge. Ils ont souhaité par le biais du Blanc fédérer les équipes autour d’un nouveau projet. l’idée de rassembler de la production au marketing se trouva confortée par l’analyse des sols. Le terroir de Listrac-Médoc, et plus particulièrement celui du Château Fourcas Hosten étaient capable de donner un grand Blanc.

Le Blanc devient donc la cuvée de toutes les innovations. Le meilleur de ce qui est appris avec lui est ensuite transposé au rouge. Je pense au pressoir vertical et bien sur à la culture en bio. Le choix du bio s’est imposé dès le début de la plantation des Sauvignon et des Sémillon, les cépages du Blanc. Au vu des bons résultats du process, les techniques de culture biologique apprises ont été transposées sur le rouge, de 4 hectares en 2013, 19 hectares en 2016 à la totalité du vignoble 38 hectares en 2018.

Aujourd’hui, une des expérimentations en cours, c’est la vinification en amphore de terre cuite.  Une belle pièce occupe le centre du cuvier. Matériel artisanal, vivant, capable d’échanger avec le milieu ambiant, elle va apporter des notes originales sans le côté boisé de la barrique.

Lors de mon passage, au tout début des vendanges, le chai était presque vide. Une seule barrique récolté 8 jours auparavant contenait le futur 2020. Cela suffisait pour diffuser dans la pièce des parfums de fruits, de poires. L’ai embaumait le vin en devenir. Eloi Jacob a prélevé pour nous une pipette du nectar. Divin !

Le Blanc de Fourcas Hosten

Joli terroir, conduite de la vigne en bio, vendanges manuelles et vinification minutieuse font du Blanc de Fourcas Hosten, un vin couture. A la dégustation, il séduit par sa pureté aromatique et sa finesse. Pour avoir eu la chance de déguster les millésimes 2015, 2017, 2018 et 2019, je dirai que ce vin racé me semble de ceux qui sont taillés pour la garde.

Si le millésime 2019 séduit par sa fraîcheur, son éclat, le 2015 a gagné en complexité. Sa robe a peu évolué, le vin ne s’oxyde pas malgré une très faible teneur en sulfites. (Le résiduel est donné à 60mg/ litre dans le vin)

Le Blanc de Château Fourcas Hosten, les millésimes 2017 et 2019

Le Blanc de Fourcas Hosten est commercialisé sous l’appellation Bordeaux. C’est une des limites de nos AOC. Celle de Listrac Médoc ne prévoit pas le blanc dans son cahier des charges. l’INAO a oublié l’histoire des grands vins blancs des terres médocaines. Ceux qui se lancent dans l’aventure du blanc ne bénéficient donc pas des appellations villages. C’est dommage.

Le Blanc de Fourcas Hosten, 2019

72 %Sauvignon Blanc et 15% Sauvignon gris pour la fraîcheur

13 % Sémillon pour la matière

Rendement : 28,64 hl/ha

production 6431 bouteilles + 542 magnums

Où trouver les vins ?

Très classiquement à Bordeaux, le vin est commercialisé par la filière du négoce. On retrouve donc le Blanc et les rouge chez les grands cavistes et les sites en ligne au prix moyen de 25€ la bouteille. (Ex : wineandco.com, à La Vinothèque de Bordeaux et à la boutique Caviar de Neuvic passage Sarget)

On peut aussi acheter directement à la propriété et pourquoi pas en profiter pour visiter le domaine. Pour cela, il faut réserver, voici toutes les informations :

Château Fourcas Hosten visites : https://www.fourcas-hosten.com/organiser-une-visite/

📪 5 rue Odile Redon – 33480 Listrac Médoc

☎️ 05 56 58 01 15 pour prendre RDV

Cet article est un coup de coeur, je suis fan du Blanc de Fourcas Hosten. Il mérite une place dans nos caves et dans nos sélections. Le Bordeaux change, ce serait dommage de passer à côté de ses cuvées d’exception, de ses vins modernes. Dimanche matin sur France Inter, on parlait dans l’émission « On va déguster » de la remontada du Bordeaux. Je partage leur analyse. Et en amatrice enthousiaste, je reviens très vite vous parler de mes Bordeaux blanc favoris.

Ainsi ce termine cette journée magnifique au château Fourcas-Hosten pour la première récolte des vendanges 2020 en Blanc.

Bio depuis 1610,Château le Puy publie son manifeste.

Chaque année Jean-Pierre Amoreau réunit la famille le Puy pour un dîner d’entreprise. En 2019, l’évènement a pris une tournure plus festive avec un diner de gala au restaurant le Quatrième Mur. En plus de Noël, nous étions réuni pour saluer la sortie du livre de Jean-Pierre Amoreau : Plus pur que de l’eau, aux éditions Fayard. Conviée à la fête, j’ai eu la chance de partager un repas gastronomique signé Philippe Etchebest et de mieux découvrir les vins d’un domaine d’exception.

Château le Puy, bio depuis 1610

A Bordeaux, nous produisons des vins merveilleux. Le territoire est riche de vignerons engagés qui font des vins identitaires loin des modes et de feu Parker. Ici on ne parle pas de conversion en bio. Le domaine n’a jamais connu la chimie lourde. Jean-Pierre Amoreau travaille en biodynamie, utilise le cheval dans les vignes et élève ses vins en foudre, jamais en bois neuf. Ses cuvées ont l’élégance naturelle d’un assemblage à majorité de Merlot.

Harold Langlais, Pascal Amoreau et Jean-Pierre Amoreau, l’équipe dirigeante de Château le Puy

En 2018, je visitais la propriété situé à 15km de Saint Emilion. A l’époque j’écrivais ceci : http://lemeilleurdebordeaux.fr/chateau-le-puy-le-vin-des-dieux-bordeaux-cotes-de-francs/

Depuis La famille Amoreau a continué sa démarche vers un vin toujours plus singulier, un vin de terroir et de vigneron. Dans cet optique, Château le Puy devient le Puy et abandonne l’appellation Côtes de Franc en octobre 2019. Cela se traduit par une nouvelle étiquette. La mention Bordeaux n’apparait plus. Seul le blason de la ville rappelle l’origine du vin. Le Puy se vendra désormais sur sa seule histoire résumée au dos de la bouteille sur la contre-étiquette. Jean-Pierre Amoreau prend un risque mais le story telling est joli.

Le Puy, un joli story telling :

  • Un terroir unique le coteau des merveilles, suite du plateau calcaire de Saint Emilion.
  • Un site remarquable depuis de l’âge du Bronze. Le domaine possède un Cromlech
  • un écosystème de 100 hectares dont 50 hectares de vignes
  • une vigne cultivée en biodynamie sans pesticides ni engrais chimiques de synthèse.
  • vendanges manuelles, vinification naturelle avec levures indigènes
  • élevage en foudre et barriques expérimentées, ni collage, ni filtration. Ni sulfites ajoutés.
  • Une star en Asie, distingué par la saga des Gouttes de Dieu en 2010. Le célèbre manga japonais fait de la cuvée 2003 le meilleur vin au monde. Le marché s’emballe, le prix s’affolent. Jean-Pierre Amoreau doit sortir le vin de la vente pour stopper la spéculation. Depuis la cote de Château le Puy en Asie ne faiblit pas.

Le chef Etchebest au top pour Jean-Pierre Amoreau

Entre le chef et le vigneron, il y a une grande complicité. On imagine une belle rencontre entre deux fortes personnalités, deux passionnés. Pour le Diner de le Puy, le chef et son chef de cuisine Stephen Mazoyer ont travaillé les produits de Noël : champignons, Saint Jacques et marcassin avec un final chocolat, une forêt noire revisitée.

Ce soir là, nous avons dégusté:

  • Château le Puy « Rose-Marie » 2018, un rosé de saignée. Magnifique robe bien typée clairet, faible sucrosité. Un vin joyeux pour commencer la fête.
  • Château le Puy Emilien 1990. La cuvée « classique » du château.
  • Château le Puy Emilien 1970, un vieux millésime, délicat comme un vieux Bourgogne.
  • Château le Puy Barthélémy 2006, une cuvée parcellaire sur les meilleures terres du domaine. Le 2006, un très joli millésime à son apogée.
  • Château le Puy Retour des îles, 2016. Une cuvée expérimentale vieillie en mer. des parfums d’épices, une bouche velours.
Le Puy, les trois cuvées Emilien, Barthélémy et Retour des îles

Vous n’étiez pas de la fête, j’ai quelques scrupules à vous montrer les photos. Ni voyez aucune vantardise mais un long remerciement à Jean-pierre Amoreau et son épouse Françoise. Félicitations aussi au chef Philippe Etchebest, au chef de cuisine Stephen Mazoyer et à toute l’équipe du Quatrième Mur. Ce soir là, les cuisines avaient basculé du mode brasserie chic à la gastronomie. Ce fut un diner exquis, un premier Noël pour nous tous, les invités de le Puy.

Saint Jacques de plongée, Caviar de Neuvic et Le Puy cuvée Emilien 1970.
Produits d’excellence, délicates saveurs iodées et vin sublime
bonheur absolu
Le chef de cuisine Stephen Mazoyer et la brigade du Quatrième Mur

Château Vieux Mougnac, un Bordeaux bio depuis toujours.

En début  d’été, la vigne est pleine d’énergie, toute occupée à grandir . C’est le moment idéal pour aller à la rencontre de ceux qui font le vin. J’étais début juin au Château Vieux Mougnac pour un déjeuner gastronomique entre Stockhölm et Bordeaux, j’en ai rapporté de belles images. Je vous les montre ci-après et j’en profite pour vous parler d’un Bordeaux Bio que j’ai en cave depuis plusieurs années.

Je me souviens encore de ma première rencontre avec Sylvie Milhard-Bessard . Elle participait à un marché bio organisé par l’Iboat à Bordeaux. Elle était la seule viticultrice. Nous avons tout de suite sympathisé. Il faut dire que Sylvie a la passion Vieux Mougnac. Elle parle à merveille de sa propriété familiale et de ses vins. Son domaine avait tout pour m’interpeller. Le Château Vieux Mougnac appartient à sa famille depuis 1870. Le domaine n’a jamais connu les traitements chimiques type pesticide ou engrais de synthèse. Le père de Sylvie refusait d’utiliser des produits dont les emballages étaient tatoués d’une tête de mort.

On peut dire que Château Vieux Mougnac est un vin bio depuis toujours (certification en 2012). On y suit même nombre des principes de la biodynamie, calendrier lunaire et tisanes de plantes pour fortifier et soigner.

Je suis donc allée un mercredi de juin à Petit Palais et Cornemps au Nord Est de Saint Emilion, en bordure de l’appellation Lussac-Saint Emilion. J’ai suivi l’autoroute de Lyon jusqu’à la sortie Coutras pour huit kilomètres de routes départementales. La balade entre sous bois et vignes était magnifique, la campagne légèrement vallonnée, une merveille.

Déjeuner dans les vignes au Château Vieux Mougnac

L’idée du déjeuner, c’était un mariage entre la cuisine nature du Chef du restaurant étoilé Agrikultur à Stockhölm et les différents vins de la propriété. L’initiative en revenait à Viktor  Djurdjevic, le dynamique importateur Suédois de Château Vieux Mougnac.

Nous avons commencé par un message d’accueil au milieu des vignes les plus proches de la chartreuse, puis nous sommes passé dans les chais de vinification. Michel nous a parlé des méthodes culturales et de la vinification. Pour faire simple, dans les dix hectares de vignes, c’est un mélange de tradition et de pratiques biodynamiques. Le cheval y travaille sur les meilleures parcelles pour la cuvée prestige. Dans les chais, on laisse faire. Le vin est élevé en cuve béton avec le moins d’intervention possible. Il y est gardé deux ans. Les bonnes années, on produit une cuvée spéciale qui elle passe un an en fut de chêne neuf.

La mise en bouteille se fait à la  propriété qui dispose de sa propre chaine d’embouteillage. Le vin est vendu en direct quand il est prêt. C’est une des particularités de Château Vieux Mougnac. De plus, le domaine conserve des stocks en millésime ancien. Cela lui permet de fournir les plus beaux restaurants et même la cave de l’Elysée.

La nouvelle cuisine scandinave, cuissons traditionnelles et priorité au végétal

Les tables étaient mises sur la pelouse, face au château et aux vignes. Installés sous l’ombre des grands arbres, nous profitions de la vue sur le vignoble ou Ursule, la mascotte du jour, travaillait sous nos yeux. Le cheval, pour les biodynamistes, ce n’est pas du folklore. Son poids bien inférieur à celui du tracteur permet de garder des sols vivants. Il ne marche jamais au même endroit, la terre n’est pas tassée, les micro-organismes, les racines superficielles ne souffrent pas de son passage.

Le chef Pelle Thunström du restaurant étoilé Agrikultur à Stockholm

Dès l’amuse bouche, nous comprîmes que ce déjeuner serait une expérience unique, une initiation à la jeune cuisine scandinave. Ce fut d’abord un bouillon de céleri frais et de fenouil, un mélange doux et herbacés. Nous avons continué par des plats aux saveurs originales, un exotisme nordique. Le chef, Pelle Thunström, privilégie les cuissons traditionnelles. Les plats étaient fumés au barbecue, cuits au four à bois du château, assaisonnés de plantes sauvages et de fleurs. En Suède, il se fournit en produits de la chasse, de la pêche. Il utilise les plantes sauvages, les baies. Ici il a construit son menu à partir de produits locaux de belle provenance, porc noir Gascon, foie gras du Périgord, caviar Prunier et esturgeon de Dordogne et naturellement les vins de Château Mougnac.

Les vins bio de Château Vieux Mougnac

Nous sommes partis d’un Château Mougnac blanc sec 2016, vif et frais.  Nous avons continué avec deux millésimes anciens en rouge un 1995 et un 1998 à la belle maturité, aux tanins fondus, un heureux mariage en cette journée d’été. Nous avons terminé avec un moelleux, un sémillon ramassé en tout début de botrytisation. Cette gourmandise, me laissera un merveilleux souvenir. Le vin à la robe d’or ne manque pas de fraîcheur, j’ai adoré. 

Merci à la Laetitia, Sylvie et Michel Bessard.

Bravo au Chef Pelle pour cet incroyable aventure culinaire.

Château Vieux Mougnac

36 route de Mougnac – 33570 Petit Palais et Cornemps.

Visite Sur RDV (0)5 57 69 72 85

10 hectares de vignes dont 1 en Blanc

Encépagement : 70% Merlot et 30% Cabernet Franc en rouge. Blanc en Sémillon

Conduite de la vigne en bio

Vendanges manuelles

Château Palmer, Grand Cru classé, certifié en biodynamie en 2018.

En 2018, Château Palmer, Troisième Grand cru Classé 1855, certifie son vignoble en bio et biodynamie, label Demeter. Une des plus prestigieuses propriétés du Médoc rejoint l’agriculture durable. Cela fait une belle occasion de visite. Voici en quelques mots et en images le récit d’une matinée dans les vignes et dans les chais. 

Château Palmer, c’est déjà une silhouette, une architecture remarquable, une construction de style Renaissance et ses iconiques tourelles. Les lieux figurent parmi les incontournables de la D2, la mythique route des Vins du Médoc. Comme nombre de ses illustres voisins, la propriété viticole existe depuis le XVII siècle. Elle a changé de mains de nombreuses fois au gré des aléas de l’histoire et des mauvaises météos si redoutables pour la vigne. Elle doit son nom à Charles Palmer, un Major Général de l’armée Britannique propriétaire en 1814. Elle doit son emblématique Château aux frères Pereire, riches industriels et acquéreur du domaine en 1853. 

Château Palmer, c’est surtout 66 hectares d’appellation Margaux, un terroir d’exception tourné vers le fleuve, un sol alluvionnaire du quaternaire. Le domaine est travaillé par des femmes et des hommes de passion. Ils connaissent parfaitement leur métier, ils suivent la vigne au quotidien pour qu’elle donne le meilleur. Lors de notre passage, nous étions en pleine taille hivernale. Ici elle se pratique en double Guyot. A partir du tronc du cep, l’ouvrier viticole conserve seulement deux jeunes rameaux appelés astres qui porteront le raisin l’année suivante. La forme donnée par les coupes permet de conserver l’alignement des plans, conditions nécessaires au passage ultérieur des engins dans les inter-rangs. Cet alignement prend toute son importance quand on sait que Château Palmer est cultivé en biodynamie. Cette forme avancée de conduite en bio demande des soins constants et de nombreux passages dans les rangs.

Pour mémoire, je rappelle que la biodynamie est une philosophie de la culture née des travaux du philosophe Allemand Rudolphe Steiner. Cette pratique suppose d’appréhender l’exploitation agricole dans sa globalité, dans son milieu. Steiner préconise la recherche d’une autonomie totale. L’agriculteur doit trouver sur son domaine les ressources pour produire en complète autarcie. L’utilisation des engrais chimiques et des pesticides est bannie. Pour enrichir la terre, pour protéger la vigne des maladies, on utilise des préparations à base d’ingrédients d’origines naturelles. J’aime parler d’homéopathie pour une méthode qui protège par des tisanes dynamisées. Les plantes infusées sont mises en mouvement avant d’être pulvérisées sur les vignes. En biodynamie, la mise en mouvement avant utilisation libère les principes actifs des végétaux et augmente le pouvoir énergisant des solutions.

A Palmer, la conversion fut progressive. Thomas Duroux, le directeur du domaine l’a très bien expliqué lors de son intervention au Bordeaux Tasting 2018. Entré en fonction en 2004, il ne connaît alors que l’agriculture conventionnelle. Il se donne pour premier objectif de comprendre Palmer. Dans une approche faite d’humilité, il s’approprie d’abord le terroir et sa diversité. La lecture de l’ouvrage Nicolas Joly sur la biodynamie va  changer son regard. Dès 2008, il commence un essai sur un hectare de Merlot. Avec Sabrina Pernet, la directrice technique, il partage la parcelle pour moitié entre agriculture conventionnelle et pour moitié en biodynamie. La belle récolte montre que l’expérience peut se poursuivre. En 2011 une parcelle de vieux Cabernet-Sauvignon est à son tour cultivée en bio. Les résultats sont étonnants, le vin est plus lisible, plus identitaire. Thomas Duroux trouve alors les mots pour convaincre les 80 actionnaires de choisir le Bio. 

En 2013, le tournant de la biodynamie est amorcé pour l’ensemble de la propriété. On tourne le dos à des années de productivisme pour revenir à des pratiques plus respectueuses de la nature. On abandonne tout produit de synthèse, engrais ou pesticide. Les moutons viennent paître sur le domaine en hiver. Ils désherbent et fument la terre. Un petit troupeau de vache apporte le complément le reste de l’année. Des décoctions d’orties ou de prêle sont pulvérisées pour lutter contre les maladies cryptogamiques. 

En 2018, Château Palmer devient le troisième Grand Cru Classé 1855 certifié en Biodynamie (label Demeter) avec Château Pontet-Canet et Château Latour. C’est une belle avancée pour le bio en terres bordelaises. 

La vinification se fait en parcellaire et en cuve inox thermorégulées
Le second chai de vieillissement à l’image de Palmer . Elégance et sobriété. Superbe charpente dont la forme arrondie rappelle celle du tonneau

Tous ces soins, ces bonnes pratiques font de Palmer un vin unique, un modèle d’équilibre et d’élégance qu’une belle dégustation nous fait découvrir. Le Château dispose d’une salle de dégustation à la fois sobre et raffinée. Elle est installée dans l’un des nombreux bâtiments annexes qui constituent un hameau au pied de la demeure de maître. 

En décembre, nous aurons la chance de découvrir le Château Palmer 2008. En pays de Cabernet-Sauvignon, Palmer se singularise par son assemblage à 51% de Merlot. Il en résulte un vin bien balancé entre structure et rondeur avec des tanins soyeux. Un vin à l’équilibre. 

Nous avons aussi testé l’Alter Ego, plus frais, plus fruité mais tout aussi intéressant et surtout pas un second vin mais une autre facette de la propriété.

J’ajoute à cette dégustation une pépite le Blanc de Palmer. Un ami m’a fait la gentillesse de partager une bouteille de sa cave. Le Blanc est issu d’une parcelle de 1 hectare, principalement plantée en muscadelle 50% et en Lozet 35%. Une bonne année on produit 2000 bouteilles et seulement 600 en 2017, année de gel en Médoc. Le 2017, c’est de la pureté, de la finesse et de la longueur en bouche, un vin diamant. J’adore.

Notre visite est terminée. Merci à notre guide Mélodie Petit. 

Château Palmer

  • 33460 Margaux
  • Tel : 05 57 88 72 72
  • Propriétaires : Famille Mähler-Besse et Sichel depuis 1938
  • 66 hectares plantés en Cabernet Sauvignon, Merlot et Petit Verdot
  • Vignes conduites en biodynamie
  • Vendanges manuelles
  • Visite sur Rendez-vous avec Mélodie Petit, hospitality manager

Château Coutet, vin de Saint Emilion bio et nature

Proche du cœur historique de Saint Emilion (trois kilomètres du centre ville), Château Coutet occupe un point culminant du plateau de Saint Martin de Mazerat. Depuis l’origine de la propriété aux environs de 1601, les vignes n’ont jamais connu herbicide ou pesticide. La géographie du domaine permet de penser que les sols n’ont pas été souillés par les eaux de ruissellements des propriétés en agriculture conventionnelle qui l’entourent. Des analyses chimiques le prouvent, aucun résidu de pesticide dans les vins. Château Coutet est donc un domaine unique en Bordelais à visiter de toute urgence pour les amoureux des vins authentiques et sincères.

Château Coutet, domaine bio à Saint Emilion

J’ai eu la chance de faire le tour du domaine en compagnie d’Adrien David Beaulieu, neveu de l’actuel gérant et viticulteur passionné. Voici mon retour d’expérience.

Avant de commencer la visite, un mot sur les prestigieux voisins de Château Coutet. Bellevue et Angélus au Sud, Beauséjour Bécot au nord Est, les plus grands noms de Saint Emilion encerclent la propriété. Nous sommes en bonne compagnie.

La proximité des stars ne semble pas troubler la famille David Beaulieu. Ils sont installés ici depuis 1600 et perpétuent leur mode de vie avec panache et modestie. Depuis toujours, ils vivent sur la propriété qui comprend une maison de maître, plusieurs habitations, des chais, 11,5 hectares de vignes mais aussi 4 hectares de bois, prairies et marigots. Les lieux semblent habités depuis toujours. Entre un curieux ouvrage romain et une chapelle consacrée par le pape en 1892, Dieu a aussi marqué le territoire. Aujourd’hui trois générations de David Beaulieu vivent au milieu d’un écosystème étonnant. C’est l’unique propriété que j’ai visitée accueillie par les croassements des grenouilles et que j’ai quittée chassée par une oie fâchée d’être paparazzée.

J’ai cependant eu le temps de marcher dans les vignes en compagnie d’Adrien David Beaulieu. Nous avons remonté le coteau pour parler terroir et travail de la vigne. (Ici je vous renvoie au site du domaine qui montre de façon très claire la disposition des parcelles). Nous avons mesuré la singularité de ce domaine où, ici et là, la vigne cède la place à un bosquet, une clairière abritant des ruches, quatre hectares laissés à la nature. Quand on connaît le prix des vignobles, on mesure le sacrifice financier de la famille Beaulieu en se privant d’un quart de sa surface.

Si on revient aux pratiques culturales, on peut dire en résumé que :

  • Les sols et les vignes sont travaillés de façon traditionnelle en bio.
  • Les entre-rangs sont enherbés huit mois par an.
  • Les vendanges manuelles sont réalisées par une équipe de 50 personnes dans les vignes et de 12 employés dans les chais.
  • Les raisins sont éraflés avant une mise en fermentation naturelle (sans levure ajoutée mais avec la technique du pied de cuve)
  • Les mouts sont pressés en vertical pour une extraction douce moins chargée en tanin. Les jus s’écoulent par les côtés d’une cage en bois. Ils sont filtrés naturellement en traversant le marc. Le jus contient moins de bourbe et sa brillance sera naturelle.
  • Le vin est élevé en barrique pendant dix-huit mois avec le moins d’intervention possible. Les vins ne sont pas filtrés.

Pour la cuvée Château Coutet, on est donc dans un process classique en démarche bio. L’exceptionnel existe pourtant dans ce domaine béni des Dieux avec une découverte qui risque de changer l’avenir de la famille David Beaulieu.

En 2000, Alain David Beaulieu, l’oncle d’Adrien met à jour une bouteille enterrée dans la cave aux vieux millésimes. Sa valeur historique est évidente : le précieux flacon est bouché à l’émeri, du verre soufflé à la main. Une aventure commence alors qui va de la datation de la bouteille à l’émergence d’un projet fou. Adrien David Beaulieu décide de produire une nouvelle cuvée dans les conditions de la bouteille originelle, datée aux environ de 1750.

Exceptionnelle bouteille datée de 1750 découverte dans le sol de Château Coutet

Pour cela, il choisit la parcelle la plus haute, Peycocut, indiscutablement épargnée des ruissellements de ces voisins. Il y cultive le Cabernet Franc et le Merlot à queue rouge, une variété ancienne toujours greffée par la famille et obtenu par sélection massale. Pour cette cuvée spéciale Adrien utilise les moyens techniques anciens avec le retour du cheval dans les vignes. Après récolte, les grappes sont éraflées grains à grains à la main par 70 personnes pendant deux jours. Puis les raisins sont mis en fermentation en cuve bois. A l’issue, et une fois pressés, les jus sont élevés vingt mois en barriques neuves à hauteur de 50%.

On continue dans la reproduction du flacon témoin pour la mise en bouteille. La Cuvée Emeri est proposée dans une bouteille fabriquée à la main par monsieur Guillot, M.O.F.

Au final, on dispose d’un produit unique, une pépite pour collectionneur averti. Le premier millésime de la cuvée Emeri est sorti en 2014.

Reproduction à l’identique de la bouteille originelle bouchée à l’émeri et datée de 1750

J’ai eu la chance de déguster Château Coutet 2015 et je le recommande pour son élégance et sa grande finesse. J’ai fait quelques provisions en attendant le 2017 qui sera aussi très joli. Cette année là, Château Coutet, épargné par le gel, a engrangé une très belle récolte. 2018, à l’inverse, sera une année à faible volume marquée par un mois de juin chaud et humide. Comme tous les viticulteurs en bio, le domaine a été frappé par une virulente attaque de mildiou sur les Merlot. La nature s’est montrée cruelle en montrant une nouvelle fois que le travail de la vigne demande passion et abnégation.

Aujourd’hui, le domaine commercialise le 2015, une excellente année en Bordelais. Alors n’hésitez pas à faire provision pour Noël et pour les années à venir. Il serait dommage de ne pas profiter de cette jolie pépite avant que les acheteurs du monde entier s’en emparent. J’ai eu écho de visites d’importance. Mais chuuut, je reste discrète sur les prestigieux acheteurs qui s’intéressent à ce vin d’exception.

Château Coutet

  • Saint Emilion
  • 05 57 74 43 21
  • Visite sur Rendez-vous
  • Certification bio en 2012
  • 11,5 hectares de vignes
  • Cépages : Merlot 70% Cabernet franc 30%, Malbec 7%, Cabernet-Sauvignon 3%
  • Moyenne d’âge du vignoble 38 ans
  • Densité de plantation 6 000 pieds/hectares

La cuvée Emeri

  • Travail à la vigne : labour des sols au cheval de trait, traitement contre la maladie uniquement par pulvérisation de bouillie bordelaise effectuée au pulvérisateur à main
  • Raisin récolté puis égrainé manuellement, foulé au pied
  • Fermentation en cuve bois, presse verticale qui permet une faible extraction
  • élevage 20 mois en barriques neuves à 50%
  • Prix 70€ en bouteille traditionnelle sous le nom de cuvée Demoiselle et environ 300€ dans la bouteille façonnée à la main avec bouchon coeur en verre.

Ciel de novembre à Château Coutet

Château le Puy, les Gouttes de Dieux.

Pour rejoindre Château le Puy, il faut dépasser Libourne, quitter la nationale 89 et monter le coteau à travers vignes et propriétés viticoles. La famille Amoreau s’est installée en 1610 au point culminant de la région, le coteau des merveilles. Nous sommes en bordure du plateau de Saint Emilion (distant de 15km) sur un sol argilo-calcaire. La vigne y développe un système racinaire le long des failles qui lui permet de puiser l’eau en profondeur en période de sécheresse.

Sur cette terre vouée à faire un vin d’excellence, la famille Amoreau a toujours fait le choix de laisser parler la nature. A une époque où les préoccupations écologiques n’étaient pas encore d’actualité, les propriétaires du lieu ont bâti un écosystème de 100 hectares dont la vigne n’occupe que la moitié. Les Amoreau ont conservé prairies, forêt et étang, lieux de vies animales et végétales. La biodiversité a été préservée pour le plus grand bien des terres environnantes. La vigne qui n’a jamais connu la chimie lourde bénéficie de la richesse des sols. Elle donne un vin bio depuis toujours.

Nous ne commencerons pas la visite par la découverte d’un chai spectaculaire, œuvre monumentale conçue par un architecte de renommée mondiale. Suivant le principe des vignerons selon laquelle le vin se fait à la vigne, nous irons d’abord arpenter le coteau. Une surprise nous attend. A deux pas de la chartreuse, en bout du plateau de Saint Emilion, se trouve un site préhistorique, un cromlech ou cercle de pierres levées. Il semblerait que les anciens aient découvert les bonnes ondes, l’énergie du lieu. En ce matin d’octobre, une belle lumière passe à travers les branches de la forêt toute proche. Nous nous imprégnons de la beauté, de la magie et du mystère de l’endroit. Sans en comprendre la signification, nous devinons une grande force dans ses pierres dressées. On comprend aussi que le domaine se soit tourné vers la biodynamie, un mode de culture bio qui s’appuie sur les énergies terrestres et cosmiques. Cette culture inventée par le philosophe Steiner combine soins homéopathiques et travail selon le calendrier lunaire. Celui-ci donne les jours feuilles, les jours fruits, les jours fleurs et les jours racines. Comme les anciens, on taille en lune montante (la sève des plantes monte vers les branches) et on essaie de traiter la partie aérienne en jour feuille.

Le Cromlech de Château le Puy

Sur le domaine, on n’emploie aucun produit de synthèse, aucune chimie. Pour enrichir les sols, fortifier la vigne, on travaille la terre. Pour prévenir et traiter la maladie, on utilise des plantes en décoction ou infusion préparées selon des recettes mises au point par Steiner.

A titre d’exemple, la Prèle et le Saule Blanc sont des fongicides naturels. (J’ai parlé d’homéopathie car les résultats des traitements végétals sont moins spectaculaires que ceux des produits chimiques. En cas d’attaque massive et durable du mildiou, la vigne souffre et les pertes sont importantes)

Toujours pour répondre aux principes de la biodynamie, le domaine recherche l’autarcie. Il fabrique ses propres engrais avec le fumier d’un mini troupeau de bovins. Des ruches ont été implantées sur le domaine. Et bien sûr les chevaux sont revenus sur la propriété en 2009. Unique, théo, Lola et Spirou participent aux travaux des champs sur les dix-huit hectares les plus accessibles. En biodynamie, on les préfère au tracteur. Moins lourds, ils ne tassent pas les sols et favorisent la vie des micro-organismes et petits animaux sous-terrain.

Travail avec le cheval pour ne pas tasser les sols

La démarche bio se prolonge dans les chais, pas question d’intrant ou de levure externe. Steven, le maître de chai, a pour mission de rester au plus près du terroir, de rester sur le fruit. La vendange est ramassée et triée à la main.  Elle sera égrappée puis mise à fermenter dans de grandes cuves béton. En haut de la cuve, le marc est bloqué par un système de douelle en bois. Le mise en fermentation se fait sans apport de levure mais avec ajout d’un pied de cuve de flore indigène. Lorsque le travail commence,  un tuyau allant au fond de la cuve permet aux premiers gaz de s’échapper. Puis le jus va se mettre à bouillonner, inonder le bassin et venir lui même arroser le chapeau par gravitation. Il ne sera fait aucun pigeage. Au bout de 18 jours, le jus est mis à vieillir dans de grands foudres pour la cuvée Emilien et en barriques expérimentées pour la cuve prestige, la cuvée Barthélemy. Pour celle-ci, les jus sont dynamisés, mis en mouvement par batonnage hebdomadaire, sur 24 mois. Les lies sont remises en suspension, les énergies et les arômes se libèrent. Le mouvement protège de l’oxydation et permet de se passer de souffre. Dans les deux cuvées, il n’y aura n’y filtration, ni collage mais clarification par soutirage. Le jus est séparé mécaniquement de ses lies et dépôts (tous les trois mois). Au repos, les lies se déposent en fond de barrique, elles y restent lors du transvasement.

Vinification traditionnelle en cuve béton. Remontage naturel.

L’ensemble de ces pratiques font des vins de Château le Puy des vins nature dont la réputation a franchi les frontières. L’histoire s’est accélérée avec la présence du domaine dans les Gouttes de Dieu. Ce Manga japonais retrace l’initiation aux très grands crus du fils d’un célèbre œnologue en compétition avec un frère par adoption pour l’héritage du maître brutalement disparu. Au tome numéro 23, Château le Puy entre en scène. Pour la propriété Bordelaise, la starisation est faite. Le millésime 2003, désigné meilleur vin au monde entre dans une bulle spéculative. Jean-Pierre Amoreau doit en stopper la vente pour enrailler la frénésie d’achat.

Depuis, la propriété a gardé une excellente image sur les marchés asiatiques. La Chine est même devenu le premier client. Que l’on se rassure, il est toujours possible d’acheter du vin à la propriété. La France représente encore 30% des ventes. Celles-ci sont gérées en interne sans passer par la place de négoce. La propriété est même ouverte aux particuliers sur rendez-vous. J’ai eu la chance d’y déguster les deux rouges emblématiques de la propriété Emilien 2016 et Barthélémy 2011. Si j’ai aimé Emilien (24,95€ prix à la propriété), j’ai trouvé le 2016 encore jeune. Ma préférence va à la cuvée Barthélémy, le vin des Dieux. Voici mes impressions, mes émotions. J’ai beaucoup aimé ce vin léger et délicat comme un Bourgogne.

Les Gouttes de Dieu

Cuvée Barthélémy 2011

  • 85% Merlot, 15% Cabernet Sauvignon
  • Vin élevé en barrique 24 mois, ni filtré, ni collé
  • vin sans souffre, vin sincère sans excès de boisé.
  • Un joli nez, en bouche finesse et élégance.
  • De la fraîcheur, une belle longueur
  • Prix à la propriété 95€

Il y aurait encore beaucoup à dire sur Château le Puy, sur ses cuvées confidentielles, son blanc, sa cuvée Retour des Iles (un vin qui vieillit sur voilier au cours d’un voyage de quelques mois). Le domaine mérite qu’on s’y attarde. Je reviendrai certainement à Château le Puy pour le Blog. J’attends avec impatience l’issue de la demande d’appellation Le Puy. Depuis 2011, Jean Pierre Amoreau a fait déposé un dossier auprès de l’INAO pour la création d’une appellation le Puy qui distinguerait une parcelle singulière proche de la Chartreuse. Cette requête aujourd’hui au conseil européen si elle aboutissait, récompenserait un domaine béni des Dieux.

Château Le Puy

  • 33570 Saint-Cibard
  • 05 57 40 61 82

Visite du Château Fourcas Hosten, appellation Listrac-Médoc

Que l’on soit amateur éclairé ou simple néophyte, il est toujours passionnant d’aller à la rencontre des hommes du vin, de compléter ses connaissances et de se construire un référentiel personnel. Mais l’offre de visite en terre médocaine est tellement vaste qu’il est parfois difficile d’organiser son programme. A côté des stars, des châteaux aux chais signés des plus grands architectes, il existe des pépites, des propriétés bijoux qu’il est urgent de découvrir. Je vous propose de me suivre au château Fourcas Hosten à Listrac, un domaine composé d’un vignoble de 47 hectares, d’une belle chartreuse XVIIIème et d’un parc arboré de trois hectares.

Suivez-moi dans un visite extraordinaire de Château Fourcas Hosten

En septembre 2018, j’ai eu la chance d’être conviée à un instameet (rencontre d’instagrameurs). Voici le récit d’une journée extraordinaire qui nous a toutes enchantées. Nous étions les premières à tester l’offre oeno-touristique : les accords exceptionnels de Fourcas Hosten. Blanc et caviar.

 L’invitation me mettait en joie, la journée m’a comblée. Je vous recommande cette visite. Ce fut un émerveillement pour les yeux et les papilles. Nous avons eu le privilège d’être reçu par  Renaud Mommeja co-propriétaire avec son frère Renaud. Ensemble nous avons visité le domaine, les chais et écouté Caroline Artaud, la responsable technique, nous présenter la vigne et les vins. Puis nous sommes passés à la dégustation Blanc et caviar commentée par Caroline Artaud et Laurent Deverlanges, créateur du domaine de Neuvic. A l’heure du déjeuner, nous avons rejoint la chartreuse où nous attendait Martine, la cuisinière de la table privée. Après un repas exquis et un café au salon d’apparat, nous avons suivi Renaud Mommeja dans la visite de la maison. Et pour terminer, nous sommes allés marcher dans les vignes.

Dans le cuvier de Fourcas Hosten

La visite de la chartreuse n’est possible qu’en présence du maître de maison. Elle est ouverte à la réservation par le biais d’une agence de voyage spécialisée. Je vous parlerai donc en premier de l’offre Blanc et caviar, accessible très simplement en prenant rendez-vous directement au 05 56 58 01 15.

Les accords exceptionnels de Fourcas Hosten, Caviar et blanc

Au château Fourcas Hosten, on produit du blanc depuis 2014. Ce sont les frères Mommeja, propriétaires depuis 2006, qui ont fait planter 2,2 hectares en Sauvignon blanc, Sauvignon gris et Sémillon. Dès l’origine, ils ont choisi de produire le blanc en bio, démarche qu’ils ont ensuite étendue à l’ensemble de la propriété. La demande de certification en bio est en cours et se fera à l’horizon 2021.

A Fourcas Hosten, le Blanc bénéficie d’un traitement haute couture. Conseillée par l’œnologue Athanase Fakorellis, Caroline Artaud travaille la vigne dans le plus grand respect de l’environnement. Depuis 2010, le désherbage a été abandonné. L’usage de produits CMR a été remplacé par des techniques alternatives respectueuses de l’environnement. Ainsi on lutte contre le vers de grappe en posant des diffuseurs de Tricholine, des micro-insectes qui viennent parasiter les œufs du ravageur.

traitement bio de la vigne

Caroline Artaud suit ses parcelles avec la plus grande précision. En septembre, elle organise la vendange des blancs quand les deux maturités, technologique (teneur en sucre, taux d’acidité, suivi par analyse) et maturité aromatique sont à l’apogée. En marchant dans les vignes, en goûtant le raisin chaque jour, elle décide de lancer la coupe. Elle s’autorise même à ramasser une parcelle en plusieurs fois. Les coupeurs travaillent uniquement en début de matinée avant dix heures. Les cagettes de raisin sont refroidies à 5° pendant vingt-quatre heures. Cette pratique évite l’oxydation (et donc le recours massif au souffre pour protéger), elle permet aux baies de macérer et renforce l’apport aromatique. Le raisin est pressé en grappe entière (non éraflé) dans une presse verticale pendant six heures. Ce pressurage doux permet d’extraire un maximum de jus, de préserver les arômes variétals sans pour autant atteindre le suc végétal des rafles et des pépins aux saveurs amères. Lors de notre visite, le pressoir fonctionnait. Nous avons goûté le jus au sortir, un bonheur sucré, du fruit, du fruit, que du fruit.

Nous avons continué notre visite par le chai de vinification. Elle se fait comme pour les grands blancs en grosses barriques de chêne de 300 ou 400 litres. Celles-ci ont bénéficié d’une chauffe légère pour ne pas donner trop de boisé. Certaines barriques ont une face vitrée qui permet de voir les levures au travail. Fascinante métamorphose. Et je ne parle pas des odeurs. Le chai de vinification embaume la poire. La fermentation terminée, le vin est élevé sur lies pendant six mois. Ces petites particules, résidus de levures, vont donner au jus de la complexité. Le vin sera plus gras, plus opulent. Le moment est venu de le vérifier par la dégustation. Celle-ci se déroule dans une belle et lumineuse salle dédiée.

L’accord Blanc et Caviar se découvre d’abord par la vue. Nous admirons les fascinantes boîtes blanches aux perles noires sur leur socle de glace. Laurent Deverlanges nous présente De Neuvic, société fondée en 2011. Il explique son process de fabrication, un élevage en eau courante sur la rivière L’Isle, une alimentation bio et une faible densité d’esturgeon dans les bassins. Le poisson, de race sibérienne, atteint sa maturité au bout de sept à huit ans. Son élevage demande patience et soins. Luxe absolu, produit rare et précieux, le caviar est un met que l’on doit attendre.

Les accords exceptionnels de Fourcas Hosten, Blanc et caviar.

Intimidées par la délicatesse du produit, nous nous lançons avec retenue dans la dégustation. Nos sens sont tout émus, nos papilles bouleversées. Le Blanc de Forucas Hosten et le Baeari signature de Neuvic s’associent dans un moment plaisir. Le blanc se distingue par son élégance, son nez de fleurs blanches et sa fraîcheur. Le Caviar révèle ses saveurs iodées, beurrées et cette magnifique longueur en bouche. Quelle somptueuse association. Gorgeous !

J’en garde un merveilleux souvenir.

La Chartreuse

Notre instameet s’est prolongé par un déjeuner à la Chartreuse. Avant de passer à table nous avons pris l’apéritif dans le jardin attenant. Ce fut l’occasion de découvrir les spécialités à base de caviar de la Maison Neuvic comme le beurre de caviar, un gourmandise accessible (25€/ les 50gr) qui contient 28% de caviar et en possède le parfum. Le champagne était servi dans les sublissimes flûtes en cristal taillé de chez Saint Louis. Il faut ici rappeler que Laurent et Renaud Mommeja en dignes héritiers de la famille Hermès ont le souci du détail. L’art de vivre à la Française est inscrit dans leurs gênes. Alors quand nous passons à table, la vue de la salle à manger nous fait pousser des cris d’admiration. La pièce est somptueuse, une sorte de cabinet de porcelaine, gorgeous comme diraient les américains. Aux murs sont installés des panneaux décoratifs en tissu venus d’un hôtel particulier parisien. Ils représentent un jardin imaginaire peuplé d’oiseaux et de papillons colorés.

Détail de la salle à manger de Château Fourcas Hosten

Les meubles ont été chinés chez Drouot. Une collection d’oiseaux exotiquex en porcelaine habille le mur du fond, les rideaux sont en tissu précieux et la table … L’argenterie vient de chez Puiforcat, elle est aux armes de Fourcas Hosten, les serviettes en coton damassés sont chiffrés aux initiales de la maison. La mise en scène est parfaite, le repas gastronomique peut débuter.

Nous déjeunons d’une assiette de trois caviars, carpaccio de langoustine et écrasé de pomme de terre. C’est l’occasion de tester trois produits phares de la maison Neuvic : le Baeri signature, l’osciètre signature et le Beluga. Le Baeri et L’osciètre (plus cuivré et très iodé) sont des produits du domaine de Neuvic. Le Beluga est élevé en Bulgarie pour le compte de Caviar de Neuvic et selon ses critères de production. Le Beluga, c’est la star des caviars, des grains plus gros, plus ronds issus d’un esturgeon agé d’au moins dix-huit ans. Nous le dégusterons en dernier pour apprécier sa puissance.

Trilogie de caviar, carpaccio de langoustine et écrasé de pomme de terre

Nous continuons par une canette et ses figues rôties, belle occasion de découvrir le rouge du domaine sur les millésimes 2011 et 2012. Ma préférence va au 2012, plus gourmand avec sa majorité de Merlot, une des caractéristiques de l’appellation Listrac-Médoc.

Le dessert, Alaska aux mûres, comme une bombe glacée fait ressortir le côté fruits noirs du vin, un bonheur.

Nous terminons cette journée incroyable par une marche dans le vignoble. Le chef de culture nous rejoint pour parler vigne et travail des sols. A l’écouter, nous prenons conscience de la fragilité de la vigne, de sa totale dépendance à une météo bienveillante. Et quand il nous montre les séquelles des orages de mai, les blessures, les cicatrices sur les jeunes rameaux, nous prenons la mesure de la force de l’attaque. Cependant la vigne a bien résisté à Listrac, quand ailleurs la récolte a été perdue. Le magnifique mois de septembre promet une vendange de grande qualité et la pluie attendue pour demain viendra apporter l’eau à la plante. 2018 sera un très beau millésime pour Château Fourcas Hosten.

Je remercie infiniment toute l’équipe du château, Adelia et Laurent Deverlanges du domaine de Neuvic et tout particulièrement Renaud Mommeja, maître de maison, pour nous avoir ouvert les portes de sa magnifique demeure.

Château Fourcas Hosten , horaires de visite : 

  • 5 rue Odile Redon, 33480 Listrac-Médoc
  • 05 56 58 01 15
  • site : https://www.fourcas-hosten.com
  • Visite du lundi au vendredi sur rendez-vous
  • Ouvert toute l’année à l’exclusion de la semaine de Noël et des 15 premiers jours d’août
  • Durée entre 1h et 1h30
  • 6 formules différentes allant de 8€/ personne à 20€/pers

Les accords exceptionnels de Fourcas Hosten Blanc et caviar

  • Découverte de la propriété
  • Processus de vinification
  • Dégustation du Blanc de Fourcas Hosten
  • Dégustation du Caviar Signature de Neuvic
  • 35€/personne

Oenotourisme à Bordeaux: Visite du Château de La Dauphine.

le Green Tour du Château de La Dauphine.

Certifié bio depuis 2015 et engagé dans une démarche de culture en biodynamie, le Château de la Dauphine rend accessible ce courant de pensée par le biais d’une visite simple et ludique. A l’aide d’un parcours didactique et d’un Ipad, l’équipe oenotourisme lève le mystère sur les pratiques autarciques et biologiques de la conduite de la vigne imaginées par Rudolf Steiner au XIX siècle. Marion Merker, responsable du réceptif pour le château, ne perd pas son auditoire dans la vision christique et philosophique de l’univers du courant anthroposophique. Elle ne parle pas de forces cosmiques, de contemplation spirituelle de la nature, de puissances créatrices, de cercle magique, de gnomes (petits nains des racines) et d’ondines qui habitent les terres et les textes de Steiner. Elle a choisi une approche empirique des pratiques actuelles et d’abord celles des traitements des sols et de la vigne. Le Green Tour nous initie aux préparats et à l’homéopathie appliquée à l’agriculture.

La Façade du Château de la Dauphine

Le parcours ouvert au public en juin 2017 commence comme toutes les visites à la Dauphine par un retour dans le prestigieux passé du Château dont l’histoire remonte au XVII siècle. Nous apprendrons que le domaine doit son nom à La Dauphine de France, épouse du fils de Louis XV qui y aurait séjourné. A l’époque, les vins de Fronsac jouissent d’une belle réputation et sont invités à la table des rois. La propriété gardera au cours des siècles sa vocation viticole mais perdra un peu de sa superbe jusqu’à son rachat en 2000 par monsieur Jean Halley. Celui-ci investira dix millions d’euros pour rénover entièrement le château, construire des bâtiments techniques modernes et replanter 1/3 de la vigne.

Et puisque nous parlons de vin, nous quittons les escaliers du Château pour gagner le parc aux arbres remarquables et les vignes alentour. La propriété compte 53 hectares en AOC Fronsac plantés à 85% en merlot et 15% en cabernet franc, les deux cépages emblématiques de la rive droite de Bordeaux.

Depuis 2012, la vigne est conduite en bio sans intrant chimique et pesticide de synthèse. Michel Rolland, l’œnologue conseil de la maison, y pratique une vinification douce et économe en sulfitages. Le domaine a obtenu la certification en agriculture biologique en 2015. La démarche de la biodynamie a suivi très naturellement. Cette pratique suppose d’appréhender l’exploitation agricole dans sa globalité, dans son milieu. Il préconise la recherche d’une autonomie totale. L’agriculteur doit trouver sur son domaine les ressources pour produire en complète autarcie. Château de la Dauphine développe donc un potager en permaculture, installe des ruches et soigne ses vignes avec les fameux préparats mis au point par Steiner. Au cours de la visite, nous ferons halte à l’atelier où sont stockées les plantes utilisées dans les solutions homéopathiques. On y voit un réchauffeur qui sert à préparer les tisanes de plante et deux dynamiseurs où sont brassées les préparations. En biodynamie, la mise en mouvement avant utilisation libère les principes actifs des végétaux et augmente le pouvoir énergisant des solutions.

Nous parlerons naturellement de la préparation 500 à base de bouse de vache utilisée pour stimuler la germination des graines et la croissance du système racinaire. Voici la recette pour mémoire.

  • Recueille la bouse d’une vache gestante
  • Remplis une corne de vache de cette bouse
  • Enterre la corne sur la propriété
  • Un an plus tard, mets à jour ton trésor
  • Récupère la bouse décomposée, dilue dans de l’eau de pluie
  • Pulvérise le mélange sur tes terres.

La visite se poursuit par celle des bâtiments techniques, là où tout se joue après les vendanges. A la Dauphine, des équipement ultra moderne donnent au maître de chai les moyens de l’excellence. En 2000, les Halley on construit un cuvier circulaire à gestion gravitaire comportant 26 cuves inox de 50 hl pour une vinification parcellaire.

Les actuels propriétaires, la Famille Labrune continuent la démarche innovante de leurs prédécesseurs. Dans les chais, on teste de nouvelles pratiques comme la vinification en amphore italienne en cours d’expérimentation pour le millésime 2016. Il nous tarde de voir le résultat. On peut penser que sans le goût boisé donné par l’élevage en barrique, le vin reviendra au fruit, au terroir.

Toutes ces démarches s’inscrivent dans une gestion du domaine, une politique globale de bonnes pratiques environnementales et sociales qu’il serait trop long à énumérer dans ce blog. Pour ceux qui veulent aller plus loin, tout est dit dans la page la Dauphine du blog du CIVB dont voici le lien http://www.bordeauxvignobleengage.com/page.php?page=7&c=1&fam=1&pdt=160

Pour conclure, je parlerai du vin, la vrai star de la Dauphine. En réalité, il y trois vins: Château de la Dauphine, un AOP Fronsac à majorité de Merlot, Château de la Dauphine rosé, une nouveauté 2016 et Delphis de la Dauphine le second vin.Pour les puristes, je glisse la fiche technique du premier vin.

Pour les épicuriens, j’ajoute quelques photos du délicieux déjeuner pris au bord de la piscine. Pour notre groupe de blogueurs culinaires, l’équipe oenotourisme avait imaginé un déjeuner gastronomique avec le concours de Félix Clerc, chef du restaurant Symbiose à Bordeaux. Le mariage a super bien fonctionné entre les meilleurs mixologues de bordeaux et Château la Dauphine. Du cocktail à base de La Dauphine Rosé et shrub au gingembre noir aux assiettes sublimant les rouges de la Dauphine, ce dimanche fut parfait. J’ai adoré le Château la Dauphine 2010 tout en élégance et en finesse.

Info Pratiques : Le Green Tour en résumé –

Désormais appelé visite nature, le Green tour version 2020 s’enrichit de la découverte de nouvelles activités : l’aquaponie, le potager en permaculture et le jardin des arômes.

  • Château de la Dauphine, rue Poitevine 33126 Fronsac
  • 05 57 74 06 61
  • Visite et découverte du Parc, du vignoble, des ateliers Biodynamie et des Bâtiments techniques.
  • Dégustation de 3 vins, du miel de la propriété et d’une gelée de Merlot maison.
  • Tarif individuel: 15.00€ TTC/personne Durée 1h30. tarif 2020.
  • L’équipe oenotourisme propose d’autres formules susceptibles d’inclure un pique-nique et même un déjeuner au bord de la piscine. Le mieux est de consulter leur site https://www.chateau-dauphine.com/oenotourisme/

Univers, Surprise, Sans-souci et Vigor : les chevaux, stars des vendanges à Pontet-Canet

Château Pontet-Canet, le 29 septembre, second jour des vendanges. Dans la cour arrière du château résonnent des bruits singuliers : cliquetis des mors, raclements des sabots et surtout les voix des meneurs fermes et caressantes. Trois attelages sont préparés pour le transport des raisins. Ici le cheval travaille, il n’a pas vocation à promener les touristes ni à faire le beau au pré pour amuser les journalistes. C’est un vaillant, un athlète, capable de tirer trois fois son poids.

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A Pontet-Canet, le cheval a fait son retour en 2008 comme un acteur essentiel de la conversion en bio du domaine. Convaincu de la dangerosité des pesticides de synthèse, Jean-Michel Comme, le directeur du domaine, a repensé les méthodes de culture de la vigne, suivant les prescriptions de Steiner, l’inventeur de la biodynamie. Les sols, les vignes sont soignés en suivant le calendrier lunaire à l’aide de préparations homéopathiques dont la célèbre 501 à base de bouse de vache fermentée. Ces préparations sont faites à partir de fumier produit sur la propriété par le troupeau de trois vaches et un taureau du domaine. La démarche ne relève pas du folklore mais de la philosophie de la biodynamie qui encourage la recherche d’autosuffisance et la fabrication sur site des nutriments nécessaires à la culture.

Parallèlement à l’arrêt des pesticides, le directeur a cherché une alternative à l’utilisation du tracteur qui fragilise les ceps et tasse exagérément les sols. La solution du cheval de trait s’est imposée lorsque la distance de la parcelle travaillée le permet. Aujourd’hui, les six traits Bretons et les deux percherons participent aux divers travaux de labourage, de désherbage, de pulvérisation et tout naturellement aux vendanges. Ils interviennent sur la moitié du domaine à raison d’environ trois heures par jour, un peu plus en période de vendange. L’abandon du tracteur s’est fait progressivement, le temps de former les duos meneur-cheval et de retrouver les gestes oubliés avec la mécanisation.

Ce matin, nous partons donc avec Robert Cédric, le responsable des chevaux, vers une parcelle de Merlot proche du Château. Sans connaître l’emplacement des parcelles, chacun repère facilement les vignes de Pontet-Canet identifiable aux ponts ou entrelacement des branches terminales de la plante. Cette technique imaginée par Jean-Michel Comme permet de limiter le nombre de tailles d’une plante qui telle une liane pousse sans fin. Le pont contrarie la pousse et donnent une jolie forme de cœur à certains plants.

Départ pour la Vigne

Départ pour la Vigne

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Autre Spécificité de Pontet-Canet : les herbes folles. Il serait impossible d’arracher à la main l’herbe et les plantes qui sont revenues avec l’arrêt des pesticides chimiques. La nature reprend ses droits. On voit même ressurgir des espèces locales disparues des campagnes comme le poireau sauvage. La vigne offre un visage presque charmant, totalement différent de la rigueur stalinienne des propriétés voisines.

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Revenons à notre matinée, les vendangeurs nous attendent. L’équipe est composée en majorité de portugais, des habitués. Le groupe travaille sous la responsabilité de José qui distribue les taches et indique à chaque coupeur son rang. Les femmes et les hommes avancent rapidement, remplissent leur cagette et la chargent sur le dos du porteur, un pour quatre coupeurs. Le porteur prend en charge le raisin jusqu’à la charrette où Surprise patiente en attendant le top départ pour retourner à pleine charge au Chai porter les précieux grains. Ceux-ci sont aussitôt élevés par transpalette à hauteur du premier étage du bâtiment. La vendange y sera trié rapidement et stockée en cuve bois où béton. L’ensemble du procédé respecte le principe de la gravitation naturelle afin de préserver la qualité des raisins.

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José, responsable de l'équipe vendangeurs

José, responsable de l’équipe vendangeurs

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Nous pourrions penser que la présence du cheval ne change pas fondamentalement la vendange. Assise sur la carriole, aux côtés du meneur, je comprends qu’il en est tout autre. En premier, il y a la belle complicité entre l’homme et son cheval. A l’écurie, en phase de préparation, j’assiste à des séances de bisous et de câlins entre les duos. Plutôt sympa et apaisant pour commencer la journée._dsc8397

Ensuite, dans la vigne, en attente, le cheval anime et crée une atmosphère de travail plus chaleureuse, plus humaine.

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Lorsqu’il repart vers le chai, aucune fumée nauséabonde ni bruit mécanique. Nous traversons les chemins de terre aux sons d’une joyeuse cacophonie de clochettes, de bruits de sangles, de frottements d’essieu et de fers griffant le sol. Ambiance totalement inattendue, bucolique, presque irréelle.

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Le plus émouvant, ce sont les encouragements du meneur. L’homme parle à son cheval comme à une enfant qui fait ses premiers pas, son premier tout de vélo. Il utilise des petits mots courts, simples, un langage que le cheval comprend.

  • Allez ma belle, marche, allez.Vas-y. C’est bien. Continue. Trotte si cela te fait plaisir. Voilà doucement, allez, attention à la petite côte. Te fais pas avoir.

Génial ! Jamais entendu cela avant. Petite parenthèse de pur bonheur dans une journée. Last but not least l’attelage attire la sympathie des voisins. Les voitures se rangent sur son passage, saluent en souriant, habituées aux va et vient des chevaux.

Si le trajet de la vigne au Chai nous téléporte deux siècles en arrière, l’arrivée au Château nous ramène à la réalité, nous sommes bien en 2016. Travailler en biodynamie ne signifie pas l’exclusion des technologies modernes. Le matériel utilisé au chai en témoigne. Tant pis pour les roundupsupporters qui associent vin Bio et militant bobo-cool. Ici Jean-Michel Comme a réussi à concilier les exigences du monde de l’ultra-luxe, de l’excellence des Grands Crus Classés au respect de l’homme, du sol et du raisin.

Déchargement de la vendange au Chai

Déchargement de la vendange au Chai

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Pour trier la vendange, Pontet-Canet associe un matériel performant et l’irremplaçable contrôle humain. Le raisin est élevé vers la table de tri où s’affaire une équipe de quatorze personnes. En premier, les trieurs écartent les feuilles, les grappes abimées et autres débris. Le tapis roulant achemine les grappes vers l’érafloir qui sépare les baies du pédoncule, partie végétale dont les notes herbacées pourraient donner de l’amertume au vin. Les grains passent ensuite sur une table de tri vibrante ou un autre groupe de personnes retire les raisins non conformes et les minis résidus de rafle. En dernier le raisin est légèrement foulé avant d’être déversé une des 32 cuves béton situées à l’étage inférieur. La cuve remplie, les mouts, pourront commencer leur processus de macération. L’opération dure environ un mois avec des contrôles réguliers et des remontages deux fois par jour pour arroser le chapeau formé par les peaux en suspension.

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Premier tri pour écarter les grappes abimées et les feuilles

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Tri des baies manuel pour enlever les résidus de rafle et les vilains raisins.

Dans la vigne, la vendange continue environ une douzaine de jours. Les conditions climatiques sont excellentes, temps sec et ensoleillé dans le Médoc. D’une façon générale, 2016 a bénéficié d’une bonne météo : printemps humide certes mais un fort ensoleillement en août et septembre et quelques pluies bienvenues en fin de cycle. Le raisin est magnifique, charnu et sucré, plein de promesses. Patience tout de même, il faudra encore attendre deux ans avant de découvrir ce millésime qui s’annonce superbe.

L'élaboration d'un grand vin se fait en deux années. Ici le 2015 encore en chai de vieillissement. Dégustation réservée aux professionnels.

L’élaboration d’un grand vin se fait en deux années. Ici le 2015 encore en chai de vieillissement. Dégustation réservée aux professionnels.

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Pontet-Canet, quelques informations techniques

Source : www.pontet-canet.com/

  • Appellation : Pauillac
  • Superficie : 120 Hectares dont 81 en vignes
  • Géologie : Sol : graves du quaternaire
  • Cépages : Cabernet Sauvignon 62%, Merlot 32%, Cabernet Franc 4%,
  • Petit Verdot 2%
  • Age moyen des vignes : 40-45 ans
  • Mode de Culture : Certifié Biologique et Biodynamique
  • Densité de plantation : 9500 pieds par hectare
  • Engrais : Fumure composté (si nécessaire)
  • Taille : Guyot double médocaine
  • Vendanges : Manuelles, en cagettes