Visite du Château Fourcas Hosten, appellation Listrac-Médoc

Que l’on soit amateur éclairé ou simple néophyte, il est toujours passionnant d’aller à la rencontre des hommes du vin, de compléter ses connaissances et de se construire un référentiel personnel. Mais l’offre de visite en terre médocaine est tellement vaste qu’il est parfois difficile d’organiser son programme. A côté des stars, des châteaux aux chais signés des plus grands architectes, il existe des pépites, des propriétés bijoux qu’il est urgent de découvrir. Je vous propose de me suivre au château Fourcas Hosten à Listrac, un domaine composé d’un vignoble de 47 hectares, d’une belle chartreuse XVIIIème et d’un parc arboré de trois hectares.

Suivez-moi dans un visite extraordinaire de Château Fourcas Hosten

En septembre 2018, j’ai eu la chance d’être conviée à un instameet (rencontre d’instagrameurs). Voici le récit d’une journée extraordinaire qui nous a toutes enchantées. Nous étions les premières à tester l’offre oeno-touristique : les accords exceptionnels de Fourcas Hosten. Blanc et caviar.

 L’invitation me mettait en joie, la journée m’a comblée. Je vous recommande cette visite. Ce fut un émerveillement pour les yeux et les papilles. Nous avons eu le privilège d’être reçu par  Renaud Mommeja co-propriétaire avec son frère Renaud. Ensemble nous avons visité le domaine, les chais et écouté Caroline Artaud, la responsable technique, nous présenter la vigne et les vins. Puis nous sommes passés à la dégustation Blanc et caviar commentée par Caroline Artaud et Laurent Deverlanges, créateur du domaine de Neuvic. A l’heure du déjeuner, nous avons rejoint la chartreuse où nous attendait Martine, la cuisinière de la table privée. Après un repas exquis et un café au salon d’apparat, nous avons suivi Renaud Mommeja dans la visite de la maison. Et pour terminer, nous sommes allés marcher dans les vignes.

Dans le cuvier de Fourcas Hosten

La visite de la chartreuse n’est possible qu’en présence du maître de maison. Elle est ouverte à la réservation par le biais d’une agence de voyage spécialisée. Je vous parlerai donc en premier de l’offre Blanc et caviar, accessible très simplement en prenant rendez-vous directement au 05 56 58 01 15.

Les accords exceptionnels de Fourcas Hosten, Caviar et blanc

Au château Fourcas Hosten, on produit du blanc depuis 2014. Ce sont les frères Mommeja, propriétaires depuis 2006, qui ont fait planter 2,2 hectares en Sauvignon blanc, Sauvignon gris et Sémillon. Dès l’origine, ils ont choisi de produire le blanc en bio, démarche qu’ils ont ensuite étendue à l’ensemble de la propriété. La demande de certification en bio est en cours et se fera à l’horizon 2021.

A Fourcas Hosten, le Blanc bénéficie d’un traitement haute couture. Conseillée par l’œnologue Athanase Fakorellis, Caroline Artaud travaille la vigne dans le plus grand respect de l’environnement. Depuis 2010, le désherbage a été abandonné. L’usage de produits CMR a été remplacé par des techniques alternatives respectueuses de l’environnement. Ainsi on lutte contre le vers de grappe en posant des diffuseurs de Tricholine, des micro-insectes qui viennent parasiter les œufs du ravageur.

traitement bio de la vigne

Caroline Artaud suit ses parcelles avec la plus grande précision. En septembre, elle organise la vendange des blancs quand les deux maturités, technologique (teneur en sucre, taux d’acidité, suivi par analyse) et maturité aromatique sont à l’apogée. En marchant dans les vignes, en goûtant le raisin chaque jour, elle décide de lancer la coupe. Elle s’autorise même à ramasser une parcelle en plusieurs fois. Les coupeurs travaillent uniquement en début de matinée avant dix heures. Les cagettes de raisin sont refroidies à 5° pendant vingt-quatre heures. Cette pratique évite l’oxydation (et donc le recours massif au souffre pour protéger), elle permet aux baies de macérer et renforce l’apport aromatique. Le raisin est pressé en grappe entière (non éraflé) dans une presse verticale pendant six heures. Ce pressurage doux permet d’extraire un maximum de jus, de préserver les arômes variétals sans pour autant atteindre le suc végétal des rafles et des pépins aux saveurs amères. Lors de notre visite, le pressoir fonctionnait. Nous avons goûté le jus au sortir, un bonheur sucré, du fruit, du fruit, que du fruit.

Nous avons continué notre visite par le chai de vinification. Elle se fait comme pour les grands blancs en grosses barriques de chêne de 300 ou 400 litres. Celles-ci ont bénéficié d’une chauffe légère pour ne pas donner trop de boisé. Certaines barriques ont une face vitrée qui permet de voir les levures au travail. Fascinante métamorphose. Et je ne parle pas des odeurs. Le chai de vinification embaume la poire. La fermentation terminée, le vin est élevé sur lies pendant six mois. Ces petites particules, résidus de levures, vont donner au jus de la complexité. Le vin sera plus gras, plus opulent. Le moment est venu de le vérifier par la dégustation. Celle-ci se déroule dans une belle et lumineuse salle dédiée.

L’accord Blanc et Caviar se découvre d’abord par la vue. Nous admirons les fascinantes boîtes blanches aux perles noires sur leur socle de glace. Laurent Deverlanges nous présente De Neuvic, société fondée en 2011. Il explique son process de fabrication, un élevage en eau courante sur la rivière L’Isle, une alimentation bio et une faible densité d’esturgeon dans les bassins. Le poisson, de race sibérienne, atteint sa maturité au bout de sept à huit ans. Son élevage demande patience et soins. Luxe absolu, produit rare et précieux, le caviar est un met que l’on doit attendre.

Les accords exceptionnels de Fourcas Hosten, Blanc et caviar.

Intimidées par la délicatesse du produit, nous nous lançons avec retenue dans la dégustation. Nos sens sont tout émus, nos papilles bouleversées. Le Blanc de Forucas Hosten et le Baeari signature de Neuvic s’associent dans un moment plaisir. Le blanc se distingue par son élégance, son nez de fleurs blanches et sa fraîcheur. Le Caviar révèle ses saveurs iodées, beurrées et cette magnifique longueur en bouche. Quelle somptueuse association. Gorgeous !

J’en garde un merveilleux souvenir.

La Chartreuse

Notre instameet s’est prolongé par un déjeuner à la Chartreuse. Avant de passer à table nous avons pris l’apéritif dans le jardin attenant. Ce fut l’occasion de découvrir les spécialités à base de caviar de la Maison Neuvic comme le beurre de caviar, un gourmandise accessible (25€/ les 50gr) qui contient 28% de caviar et en possède le parfum. Le champagne était servi dans les sublissimes flûtes en cristal taillé de chez Saint Louis. Il faut ici rappeler que Laurent et Renaud Mommeja en dignes héritiers de la famille Hermès ont le souci du détail. L’art de vivre à la Française est inscrit dans leurs gênes. Alors quand nous passons à table, la vue de la salle à manger nous fait pousser des cris d’admiration. La pièce est somptueuse, une sorte de cabinet de porcelaine, gorgeous comme diraient les américains. Aux murs sont installés des panneaux décoratifs en tissu venus d’un hôtel particulier parisien. Ils représentent un jardin imaginaire peuplé d’oiseaux et de papillons colorés.

Détail de la salle à manger de Château Fourcas Hosten

Les meubles ont été chinés chez Drouot. Une collection d’oiseaux exotiquex en porcelaine habille le mur du fond, les rideaux sont en tissu précieux et la table … L’argenterie vient de chez Puiforcat, elle est aux armes de Fourcas Hosten, les serviettes en coton damassés sont chiffrés aux initiales de la maison. La mise en scène est parfaite, le repas gastronomique peut débuter.

Nous déjeunons d’une assiette de trois caviars, carpaccio de langoustine et écrasé de pomme de terre. C’est l’occasion de tester trois produits phares de la maison Neuvic : le Baeri signature, l’osciètre signature et le Beluga. Le Baeri et L’osciètre (plus cuivré et très iodé) sont des produits du domaine de Neuvic. Le Beluga est élevé en Bulgarie pour le compte de Caviar de Neuvic et selon ses critères de production. Le Beluga, c’est la star des caviars, des grains plus gros, plus ronds issus d’un esturgeon agé d’au moins dix-huit ans. Nous le dégusterons en dernier pour apprécier sa puissance.

Trilogie de caviar, carpaccio de langoustine et écrasé de pomme de terre

Nous continuons par une canette et ses figues rôties, belle occasion de découvrir le rouge du domaine sur les millésimes 2011 et 2012. Ma préférence va au 2012, plus gourmand avec sa majorité de Merlot, une des caractéristiques de l’appellation Listrac-Médoc.

Le dessert, Alaska aux mûres, comme une bombe glacée fait ressortir le côté fruits noirs du vin, un bonheur.

Nous terminons cette journée incroyable par une marche dans le vignoble. Le chef de culture nous rejoint pour parler vigne et travail des sols. A l’écouter, nous prenons conscience de la fragilité de la vigne, de sa totale dépendance à une météo bienveillante. Et quand il nous montre les séquelles des orages de mai, les blessures, les cicatrices sur les jeunes rameaux, nous prenons la mesure de la force de l’attaque. Cependant la vigne a bien résisté à Listrac, quand ailleurs la récolte a été perdue. Le magnifique mois de septembre promet une vendange de grande qualité et la pluie attendue pour demain viendra apporter l’eau à la plante. 2018 sera un très beau millésime pour Château Fourcas Hosten.

Je remercie infiniment toute l’équipe du château, Adelia et Laurent Deverlanges du domaine de Neuvic et tout particulièrement Renaud Mommeja, maître de maison, pour nous avoir ouvert les portes de sa magnifique demeure.

Château Fourcas Hosten , horaires de visite : 

  • 5 rue Odile Redon, 33480 Listrac-Médoc
  • 05 56 58 01 15
  • site : https://www.fourcas-hosten.com
  • Visite du lundi au vendredi sur rendez-vous
  • Ouvert toute l’année à l’exclusion de la semaine de Noël et des 15 premiers jours d’août
  • Durée entre 1h et 1h30
  • 6 formules différentes allant de 8€/ personne à 20€/pers

Les accords exceptionnels de Fourcas Hosten Blanc et caviar

  • Découverte de la propriété
  • Processus de vinification
  • Dégustation du Blanc de Fourcas Hosten
  • Dégustation du Caviar Signature de Neuvic
  • 35€/personne

La Bicyclette Jaune, une terrasse au calme à Lacanau Lac

De Lacanau, tu connais l’allée Pierre Ortal bordée de cafés animés, de boutiques mode et déco et la magnifique plage centrale familiale et populaire doublée d’un des meilleurs spots de surf d’Aquitaine. Tu peux ajouter une terrasse tranquille face au lac : la Bicyclette Jaune. C’est le restaurant idéal pour un diner avec vue après une journée aller-retour Bordeaux-l’océan. Tu t’installes tranquille face au Lac. Tu laisses passer les retours de plage avant de rentrer très cool à la maison. En bonus tu gagnes un super coucher de soleil sur l’eau, magique !_DSC3259 _DSC3267

Le bistro a ouvert en mai à la place du Kalicoba. Tout a été revu par la nouvelle équipe, la décoration, l’ambiance et la cuisine. Au fourneau, le chef Eliel Da Silva a installé sa world cuisine, un combo de classiques du sud ouest, de plats populaires comme une brasserie de bord de mer et de recettes punchy inspirées de son Brésil natal. A midi, choisis la formule à 17 € un menu entrée+plat+dessert selon l’inspiration du chef.

Le chef brésilien, Eliel Da Silva

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Le chef brésilien, Eliel Da Silva

Le soir tu dineras d’une salade ou d’une marmite de moules et chéri se régalera d’un tartare. Termine par un café Gourmet vraiment gourmand. Assiettes généreuses, cuisine savoureuse et carte des vins bien balancée entre Bordeaux, Loire et Bourgogne, rien ne manque pour passer un bon moment. _DSC3222

Tu peux aussi venir la journée pour chiller au bord de l’eau ou t’essayer au Kite surf, sport pratiqué sur le Lac. Si t’es courageux, tu as la piste cyclable Bordeaux Lacanau qui passe juste devant le restaurant. Cool la balade.

Tomate coeur de boeuf

Tomate coeur de boeuf

Tartare de Daurade

Tartare de Daurade

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_DSC3270La Bicyclette Jaune Info

  • 98 avenue du Lac, 33380 Lacanau, 05 56 26 77 89
  • Ouvert tous les jours en saison midi et soir
  • L’après-midi pour un coca, une crêpe ou une assiette de charcuterie
  • Horaires d’hiver dès Septembre à consulter sur le site du restaurant http://labicyclettejaune.fr

Château la Lagune, le second des Grands Crus classés à obtenir le label Bio

_DSC2424Château La Lagune sera certifié Bio pour la vendange 2016. Cette labellisation, la deuxième pour un grand cru classé, place le domaine dans le sillage de son prestigieux prédécesseur et presque voisin Château Pontet-Canet.

Le domaine, proche de l’estuaire de la Gironde, avait le terroir pour faire un grand vin. Son sol de graves Mindel, presque du sable, lui donnait finesse et singularité. Sa reprise en main par la famille Frey en 1999 lui donne les moyens matériels et humains pour retrouver son glorieux passé. Si la propriété, en vigne depuis le XVIII siècle, entre dans le groupe des troisièmes lors du classement de 1855 ; son prestige sera mis à mal par les maux classiques du Médoc, mauvaises météos, contexte économique défavorable et la double peine des deux guerres mondiales. Il faut attendre les années cinquante pour que le château retrouve son éclat. Il semble aujourd’hui entrer dans une nouvelle ère de prospérité.

En 2004, Jean-Jacques Frey, ancien de l’immobilier commercial, confie la direction du domaine à sa fille Caroline. Œnologue, convaincue des bienfaits de l’agriculture biologique, la jeune femme engage la propriété dans une démarche de culture raisonnée. Avec son équipe et les conseils de Denis Dubourdieu, elle repense tout : la vigne est rehaussée, les méthodes d’exploitation et de vinification sont adaptées à l’abandon des pesticides. Commence alors un long processus, jalonné d’étapes nécessaires à l’abandon progressif des méthodes traditionnelles de culture. Il y a d’abord eu la certification ISO14001 en 2008 et la qualification d’exploitation à Haute Valeur Environnementale (HVE) en 2015. La démarche est globale, elle inclut une protection de la richesse écologique des espaces naturels du domaine et un travail pour favoriser la biodiversité. Les abeilles et les oiseaux sont de retour. Ils participent à l’équilibre naturel, ils aident à la production pour les premières et à la protection de la vigne contre les nuisibles pour les seconds. En 2016, Caroline Frey verra ses efforts largement récompensés par l’obtention de la certification biologique pour la vendange à venir.

De ce formidable travail de reconstruction du domaine, tu ne vois que la partie visible et en premier les superbes bâtiments techniques. En 2004, Château la Lagune se dote d’un nouveau cuvier pourvu des technologies de pointe. Le bâtiment impressionne par son architecture, son esthétique épurée comme un clin d’œil aux magnifiques jardins de graviers, de pelouses et de buis taillés qui plongent immédiatement le visiteur dans un univers proche du jardin japonais._DSC2430_DSC2333 (1) _DSC2350 _DSC2358 (1) _DSC2376

Cet outil permet à Caroline Frey de travailler sa vendange et son vin avec la plus grande rigueur. Un système d’élévateur permet aux raisins d’être acheminés et examinés au niveau supérieur. Trois tris successifs permettent d’écarter les baies vertes ou altérées, les rafles, les petites feuilles et les débris divers. Le raisin légèrement foulé sera encuvé par gravitation dans une des 72 cuves inox thermo-régulées._DSC2360 _DSC2368 _DSC2395 _DSC2401

Une fois la fermentation terminée, les différents cépages sont assemblés et le vin mis en barriques neuves à 50% pour un vieillissement en chai de 16 mois. L’élevage est un temps d’échange où le vin va pouvoir prendre le boisé, les arômes du chêne pour sublimer son terroir d’exception. Si on ajoute beaucoup de recherche, le travail de Maylis de Laborderie, maître de chai et l’aide extérieure du prestigieux œnologue Denis Dubourdieu, on obtient un vin élégant à la hauteur de son prestige passé.

Le vignoble s’est même agrandi. On y produit désormais trois vins : Château la Lagune, le Moulin de la Lagune avec les vignes entourant le château sur 60 hectares. Une nouvelle marque, plus accessible, Mademoiselle L, un haut-médoc, est produite sur les 20 hectares achetés dans le village de Cussac.

Notre visite se terminait par une dégustation du premier et du second

  • Moulin la Lagune 2012, un assemblage 50/50 Cabernet-Sauvignon et Merlot présente les caractéristiques classiques d’un Médoc. Des aromes de cerise-griotte, une belle structure, des tanins fondus.

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  • Château la Lagune 2011, Assemblage de Cabernet sauvignon à 60% de merlot à 30% et de petit verdot à 10% séduit par la profondeur de sa robe, sa richesse aromatique et sa belle complexité.
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Marina-Ann Mendez , Brand Ambassador à Château La Lagune

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Je laisse au pro le soin de te parler du vin. Voici le commentaire du Guide Hachette des vins sur le 2011. Trois coup de cœur depuis le changement de propriétaire, dont deux consécutifs : ce vin est décidément à la hauteur de son environnement. …A la robe profonde répond un bouquet puissant, qui touche à la perfection : les notes toastées du apportent un soutien judicieusement dosé à un élégant fruité aux nuances de baies noires, qui se libèrent à l’aération. Savoureux, gras, ample et raffiné, le palais est par de fins tanins savamment extraits qui garantissent une belle longévité à cette bouteille.

Je ne saurais dire mieux. Je ne m’attarde pas. J’aimerais profiter du temps qu’il nous reste pour visiter la chartreuse XVIII. Grâce à l’extrême gentillesse de notre hôte Marina-Ann Mendez et la disponibilité du majordome Stéphane Morin nous avons eu le privilège de visiter les appartements privés, un ravissement pour les yeux. Imagine une maison de maître entièrement réhabilitée, repensée et redécorée avec un goût très sur, l’emploi de matériaux somptueux, le savoir-faire des meilleurs artisans, un immense souci du détail et je l’imagine une immense passion pour les lieux. Rien n’a été oublié, ni les fleurs dans les vases, ni les photos de famille qui donnent un supplément d’âme aux lieux. C’est intime, très émouvant. On se prend à rêver d’instants complices cachés derrières les lourdes tentures. Baudelaire le dirait mieux que moi._DSC2437

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,

Polis par les ans,

Décoreraient notre chambre ;

Les plus rares fleurs

Mêlant leurs odeurs

Aux vagues senteurs de l’ambre,

Les riches plafonds,

Les miroirs profonds,

La splendeur orientale,

Tout y parlerait

À l’âme en secret

Sa douce langue natale._DSC2447

On termine par Le sous-sol de la chartreuse. Il abrite une magnifique cuisine voutée comme les communs d’un grand château. Un piano La Cornue gamme Château, une immense cheminée équipée d’un tournebroche capable de rôtir un cochon de lait, une batterie de cuisine en cuivre rutilante et même la vaisselle de mémé, rien ne manque. C’est le royaume de Catherine Stewart, la chef en charge des invités de la famille Frey. A sa table, produits de saison et de région naturellement avec un grand soin dans la recherche des accords mets et vins. La cave privée est toute proche, on y prend l’apéritif et surtout on y choisit les précieux flacons pour le repas du jour. On aimerait s’y attarder, caresser les jolies bouteilles, la collection de vieux millésimes, mais il ne faut pas déranger la belle installation. On quitte les lieux à regret, on referme la porte délicatement sur cette aventure dans le monde de l’ultra-luxe et de l’élégance à la française._DSC2449 _DSC2455 _DSC3043_DSC2459 _DSC2460 (1) _DSC3054

Merci à Marina-Ann, Catherine et Stéphane d’avoir pris le temps d’échanger au sujet de cette belle demeure.

Soirée Art et Vin au Château Lynch-Bages

_DSC5746 _DSC5748Une complicité artistique unit la famille Cazes à la Galerie Lelong depuis 1989. La galerie parisienne, une des plus célèbres en matière d’art contemporain organise à Lynch-Bages chaque année une exposition autour d’un de ses artistes vedettes. En 2016, la famille Cazes choisit un nouveau format : une rétrospective des dix dernières années.

Du 12 mai au 31 octobre 2016, les visiteurs auront l’opportunité de venir découvrir 25 oeuvres, notamment dans le cuvier historique de la propriété._DSC5776

Quatorze artistes sont mis à l’honneur dans le cadre de cette rétrospective :

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Paul Rebeyrolle

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Pierre Alechinsky

Pierre Alechinsky, James Brown, Ryan Mendoza, Emilio Perez, Ernest Pignon-Ernest, Arnulf Rainer, Paul Rebeyrolle, Antoni Tàpies, Barthélémy Toguo, Jan Voss, Günther Förg, Jiri Kolàr, Gérard Titus-Carmel et Jean Le Gac.

Les grands formats exposés sont merveilleusement bien mis en valeur dans l’ancien cuvier dont les volumes généreux permettent à l’amateur d’apprécier le travail des artistes. Cette balade artistique peut se combiner avec la visite de la propriété ouverte au public. Lynch- Bages, cinquième cru classé à Pauillac se visite sur rendez-vous tous les jours de 9h30 à 12h et de 14h à 17h. Demande à être accompagné par Charles Thuillier, responsable de l’hospitalité à la propriété, sa passion du vin et son passé de sommelier en font un formidable conteur de la vigne et du vin.

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Voilà l’occasion d’une escapade en Médoc, d’un shopping trip au Bages Baazar suivi pourquoi pas d’un déjeuner au Café Lavinal où petite folie d’un diner gastronomique à la table de Jean-Luc Rocha au Château Cordeillan-Bages.

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Réservations

  • 05 56 73 19 31 – accueil@lynchbages.com
  • Château Lynch-Bages 33250 Pauillac.
  • Compte-rendu de ma visite dans les archives du Blog en juillet 2015
  • http://lemeilleurdebordeaux.fr/lynch-bages-un-terroir-des-hommes-et-un-savoir-faire/
  • http://lemeilleurdebordeaux.fr/diner-de-fete-a-la-table-de-jean-luc-rocha-chateau-cordeillan-bages/

Pontet-Canet, Grand Cru Classé 1855 conduit en Biodynamie.

Biodynamie et réalité économique, deux concepts antinomiques ? Depuis sa certification en 2010, Pontet-Canet relève le challenge de faire prospérer une propriété viticole en mode biologique._DSC5338

Pari osé car Pontet-Canet, cinquième cru classé, appartient au monde exclusif et hautement spéculatif des vins de luxe. Dans cet univers d’excellence, les enjeux financiers, les exigences en matière de qualité et de régularité sont à leur maximum. Il fallait des hommes de conviction pour affronter l’establishment et la météo avec pour seule bible les prescriptions d’un chimiste de génie l’Autrichien Rudolf Steiner. Son ambition : combiner une forme d’homéopathie appliquée à la culture biologique, doublée d’une recherche d’autosuffisance, une volonté de trouver ou de fabriquer sur site les nutriments nécessaires à la culture. La méthode est née dans les années vingt en Silésie. On en parle beaucoup aujourd’hui dans le monde viticole même si le nombre de domaines certifiés reste faible particulièrement en bordelais.

Au moment où les médias s’emparent du dossier viticulture, où chaque jour l’abus de l’emploi de pesticides est montré du doigt, il apparaissait intéressant de regarder du côté des précurseurs. Comment réussir à limiter les intrants, à abandonner l’usage de pesticides tout en fabricant un vin d’exception ?

Le succès de Pontet-Canet tient certainement au duo propriétaire-maître de culture Alfred Tesseron-Jean-Michel Comme. Le premier a hérité du domaine acquis par son père en 1975. Il embauche très rapidement un ingénieur de 24 ans, Jean-Michel Comme, auquel il confie la direction de l’exploitation. Leur mutuelle confiance, leur engagement sans limites pour le domaine et leurs valeurs communes ont permis de faire de Pontet-Canet le premier et encore l’unique Grand Cru Classé 1855 à être certifié bio et biodynamie. La politique du domaine suit la recherche d’un équilibre entre les différents éléments, dans le respect de l’humain et du vivant. Les techniques artisanales sont privilégiées dans une démarche globale de respect du patrimoine. Ainsi les travaux d’embellissement et de rénovation des bâtiments sont faits par des artisans à demeure. A l’heure actuelle deux tailleurs de pierre sont sur la propriété et participent à la construction d’un nouveau bâtiment technique.

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Chai de vinification, cuvier Skawinski

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Etage du chai Skawinski , la vendange est versée par gravité dans les cuves

Une visite commence comme chez les prestigieux voisins par un tour du domaine aux jardins méticuleusement entretenus. Elle continue par le chai de vinification que rien ne semble distinguer des autres grands crus, même système de remplissage par gravitation, même souci de ne pas brusquer la vendange. La récolte et le tri restent manuels.

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chai de vinification, cuvier bois

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Chai de vinification, cuves tronconiques béton. 2004

L’originalité de Pontet-Canet réside dans son mode de culture, dans ses techniques de vinification dont notre charmante et très professionnelle guide Violaine Figon parle avec enthousiasme. Elle cite volontiers le stratège, l’inventeur de nombreuses machines et autres outils mis en place au domaine : Jean-Michel Comme le régisseur de Pontet-Canet. Notre curiosité se libère, nous multiplions les questions. Elle propose alors une rencontre avec l’homme de l’art. Jean-Michel Comme nous rejoint pour un temps d’échange impromptu. La visite prend alors des allures de confidences sur l’esprit des lieux. L’homme prend le temps de partager ses convictions, son expérience et de répondre à nos interrogations. Il s’exprime d’une voix posée, il semble très calme mais tellement déterminé.

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Convaincu de la dangerosité du suremploi de produits chimiques, il a réfléchi pour sortir le domaine de l’engrenage du toujours plus. Il ne veut pas un retour en arrière mais plutôt participer à l’invention d’une nouvelle agriculture plus respectueuse de la terre et des hommes.

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La conversion a pris du temps, Il a fallu tout repenser pour satisfaire au cahier des charges de l’agriculture biologique qui bannit les pesticides de synthèse et l’utilisation d’intrants. Les herbicides sont remplacés par l’arrachage manuel, les engrais d’origine naturelle (compost, fumier…) sont produit par un mini-troupeau composé de trois vache et d’un taureau. Suivant les prescriptions de Steiner, les sols, les vignes sont soignés en suivant le calendrier lunaire. Le cheval a été réintroduit en 2008 pour l’épandage des préparations homéopathiques dont la célèbre 501 à base de bouse de vache fermentée. Aujourd’hui les huit chevaux présents sur le domaine permettent d’entretenir en totalité quarante deux hectares sur les quatre vint un que compte Pontet-Canet. Ils participent aux divers travaux de labourage, de désherbage et de pulvérisation.

On a dû tout réinventer, comprendre, apprendre et adapter.

Prenons l’exemple du cheval. Il est apparu que les tracteurs modernes exercaient une pression si forte sur les sols qu’ils les tassent. Le cheval lui, permet un travail moins traumatisant pour les sols et donc pour la vigne. Mais il avait disparu du paysage médocain avec la mécanisation. Retrouver un cheval vaillant pour travailler et non pas paresser au pré a pris du temps. Jean-Michel Comme a d’abord choisi le postier breton ou le poitevin. Aujourd’hui il expérimente le percheron de petit gabarit, un animal robuste et travailleur.

Ici les chevaux ne sont pas au pré mais dans les vignes. Ils travaillent et doivent être vaillants.

Une fois le raisin récolté, en vendanges manuelles, la vinification en mode bio diffère de celles pratiquées en agriculture conventionnelle. Certaines pratiques sont interdites et d’autres limitées. L’ajout de soufre est soumis à de sévères restrictions et les additifs, qui servent à la fermentation, la stabilisation et la filtration, sont limités.

En plus des recommandations liées à la certification DEMETER, Jean-Michel Comme a poursuivi une réflexion personnelle sur la vinification. Pour aller plus loin dans la démarche de respect du produit, il cherche limiter les échanges vins et bois. Ingénieur de formation il dessine en 2005 un cuvier béton doté de cuves de 80hl destinées aux petites parcelles. En 2012, il lance le vieillissement en amphores béton. Pour rester proche du terroir, ses cent amphores sont moulées dans un béton intégrant pour une moitié des graves de Pontet-Canet et pour l’autre moitié du calcaire broyé. Les amphores ont la forme d’un oeuf inversé. Les lies circulent naturellement, elles sont moins en contact avec le vin. L’objectif est d’obtenir un vin avec moins de gras et plus de finesse. Aujourd’hui il vinifie 50% en barriques neuves, 15% en barriques de 1 an et 35% en amphores. Encore une pratique très différente de celles de ses proches voisins, souvent à 100% de barriques neuves.

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Chai d’élevage en amphore béton, 2012

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Et le vin ?

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La vinothèque , + vieux flacon 1942

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Produit de luxe et d’exception, Pontet-Canet s’exporte en majorité. Pour le plaisir des amateurs éclairés, il est toujours possible d’acheter quelques bouteilles au château. Une folie pour fêter un moment d’exception.

A l’issue de notre visite, nous aurons le plaisir de déguster un 2012, premier millésime vinifié pour parti en amphore.

  • Une jolie robe sombre, des arômes de fruit noir, de la fraîcheur et de la complexité. Encore quelques années et le vin sera superbe.
  • Une Beauté selon le critique James Suckling qui lui attribue la note 94-95.
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Les consommateurs, eux, plébiscitent le vin dont le succès est bien supérieur à son classement. Pontet-Canet se vend presque en totalité en primeur avec une facilité jamais démentie. Même les années jugées difficiles sont écoulées en deux jours auprès des négociants allocataires.

Cette confiance des négociants dans la commercialité du vin a soutenu Jean-Michel Comme dans les moments difficiles. La conversion en bio n’a pas été facile. Il se souvient de 2007 un millésime très difficile où tout a failli basculer. La nature se montrait rebelle. Pontet-Canet n’a pas flanché dans sa démarche, juste pris un peu plus de temps. Le domaine est certifié bio depuis 2010 et a obtenu le label Demeter en 2014. On aurait pu imaginer une vague de conversion massive au bio à la suite de Pontet-Canet. Il n’est est rien. Frilosité ou absence d’intérêt pour un label jugé inutile ? Le futur est pourtant dans le bio et même sans chercher la certification, la majorité des grands crus s’est lancé dans des pratiques plus vertueuses. Communication, bio cosmétique ou posture marketing, l’avenir nous le dira.

Pontet-Canet, quelques informations techniques

  • Source : site Pontet-canet.com
  • Appellation : Pauillac
  • Superficie : 120 Hectares dont 81 en vignes
  • Géologie : Sol : graves du quaternaire
  • Cépages : Cabernet Sauvignon 62%, Merlot 32%, Cabernet Franc 4%,
  • Petit Verdot 2%
  • Age moyen des vignes : 40-45 ans
  • Mode de Culture : Certifié Biologique et Biodynamique
  • Densité de plantation : 9500 pieds par hectare
  • Engrais : Fumure composté (si nécessaire)
  • Taille : Guyot double médocaine
  • Vendanges : Manuelles, en cagettes

 

Lynch Bages : un terroir, des hommes et un savoir-faire

Si l’été invite à la farniente, il donne aussi le goût des balades hors de Bordeaux. Voici en partage un bel après-midi à la découverte de Château Lynch-Bages, un Pauillac, cinquième cru classé. Tu quittes Bordeaux par le Bouscat et Blanquefort et rejoins Pauillac par la D2, environ 50 mn de route. Réserve ta visite à l’avance, le nombre de places est limité malgré la présence d’une équipe de 4 personnes à l’accueil du domaine. Nous aurons la chance d’être accompagné par Charles Thuillier, responsable de l’hospitalité à la propriété, sa passion du vin et son passé de sommelier en font un formidable conteur de la vigne et du vin.

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La visite commence juste devant l’entrée sur l’emblématique parcelle Château plantée en Cabernet Sauvignon, le cépage dominant des Médoc. Le site domine Pauillac et la Gironde, on le nomme aussi Le plateau de Bages; si tu regardes à l’Est, tu aperçois le fleuve en contrebas, la promesse d’une régulation thermique, d’une douceur océanique : ici les hivers seront tempérés, le Médoc ne craint pas le gel. Au Nord, les rangs de vigne semblent disparaitre, nous sommes sur un coteau, l’ensoleillement sera optimal. Au sol, tes yeux remarquent les galets, la grave : la terre est pauvre mais bien drainée, une condition nécessaire à la bonne maturation du raisin. La vigne, plante robuste a besoin de souffrir pour donner le meilleur. Dernière observation, les ceps pareils à des bonsaïs cachent un corps noueux et torturé sous leur abondant feuillage. A l’épaisseur du tronc tu mesures l’ancienneté de la vigne, environ cinquante ans. Les grappes encore vertes sont chargées en raisins de petite taille. Le rapport peau/pulpe sera élevé, promesse d’un vin riche en arome.

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Pour mettre en valeur ce terroir prometteur mais difficile, il fallait des hommes d’exception. Lynch est le patronyme du propriétaire, entrepreneur à l’origine du réel essor du domaine. John Lynch, catholique d’origine irlandaise s’exile en France après la victoire des protestants de Guillaume d’Orange à la Boyne en 1690. Brillant négociant, Lynch achète la propriété de Bages en 1750; ses descendants agrandissent le domaine, modernisent les méthodes de vinification : égrappage, sélection du raisin et même un second vin apparaissent au début du XIX siècle. Les guerres Napoléoniennes et le blocus anglais viennent perturber le bel équilibre. Les Lynch se séparent du domaine qui changera encore plusieurs fois de main au gré des calamités agricoles (oïdium, mildiou ou phylloxera). La grande dépression de 1930, un cataclysme économique, redistribue les cartes dans le Médoc, Lynch change une nouvelle fois de capitaine. En 1933, Jean-Charles Cazes, prend le domaine en fermage et le rachète en 1938. Le bel essor de Lynch-Bages commencera dans les années soixante avec le retour à la croissance pour la France et le Médoc. Les Cazes sont restés, Jean-Charles, arrière petit-fils du fondateur de la dynastie préside actuellement aux destinées du domaine. C’est une famille cosmopolite, très représentative du Médoc : une région insulaire longtemps étouffée par l’immense pouvoir économique des bordelais. Les médocains ont lutté pour imposer leur vin et sont souvent aller chercher ailleurs un revenu que la terre ne voulait pas leur donner. L’exil économique en France ou à l’étranger ne dure jamais toute une vie et nombreux sont ceux qui reviennent au pays, enrichis par la vie ou ses leçons comme Jean-Michel Cazes, père de l’actuel gérant, ingénieur des mines et ancien d’IBM.

Grand-père récoltait le raisin à la main, les grappes éraflées sur une table appropriée étaient foulées au pied. Le jus recueilli dans des cuves de bois était travaillé de façon naturelle, la fermentation durait beaucoup plus longtemps qu’aujourd’hui et restait soumise aux caprices de la météo. On craignait la chaleur et le froid. Garder un cuvier à température constante relevait de l’exploit. Avec la technique, le risque de faire un mauvais vin disparaît. L’œnologie moderne a apporté La régularité dans les millésimes et fortement contribué à la starification des Médoc. Les méthodes de vinification actuelles, balbutiantes dans les années 70 ont trouvé leur mesure dans les années 80. Aujourd’hui de nombreuses opérations sont mécanisées et la fermentation en cuve inox à température contrôlée par ordinateur permet un process plus rapide et plus régulier.Diapositive3

Le goût pour l’innovation fait parti de l’ADN de la famille Cazes. Chaque génération œuvre à conserver une avance technologique tout en respectant et perpétuant les anciennes bonnes pratiques comme le contrôle du soutirage à la bougie. Ce qui a le moins changé, c’est l’élevage du vin : 18 mois en fût de chêne. Les barriques, neuves pour 75% d’entre elles, proviennent des ateliers de sept fournisseurs français exclusivement, je citerai Berger &Fils à Saint Estèphe ou Nadalié à Ludon Médoc. Tous ces artisans travaillent le chêne de la forêt de Troncey dans l’Allier, les bois sont exploités depuis Colbert qui connaissait déjà la gestion durable puisqu’il obligeait les exploitants à replanter à hauteur de leur coupe.

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Dans le chai, les périodes de repos total alternent avec les opérations de soutirage et de collage: des manipulations nécessaires pour clarifier le vin et le débarrasser des lies résiduelles. Un long process de maturation qui conduit à commercialiser le vin trois ans après récolte. En 2015, le millésime 2012 arrive dans les rayons quand le 2013 vient tout juste d’être mis en bouteille. Tu imagines l’immobilisation de stock qui fait du vin un produit gourmand en capitaux.

Je termine la visite par l’ancien cuvier en bois, aujourd’hui musée et salle d’exposition. Gardien de la mémoire du Médoc, l’ouvrage de 1860 témoigne des méthodes de vinification du XIX. On remarquera l’ingéniosité des constructeurs de cette époque qui avaient équipé l’étage d’un réseau de rails servant de guide aux baquets utilisés dans la production. Une mini-chaine de montage avec un fouloir mobile capable d’être déplacé pour remplir chaque cuve et une cage de presse sur rail que l’on remplissait du mou pour ensuite faire un vin de presse.

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Le vin

Restons modeste, je laisse le guide hachette 2014 décrire le millésime 2010

un vin couleur cerise noire qui s’ouvre sur des aromes de fruits noirs et de poivre. Le palais puissant, carré, plein de mâche, soutenu par une solide charpente tannique traduit la forte présence du cabernet-sauvignon … le boisé vanillé est très présent… ce vin laisse présager une grande garde et s’exprimera mieux avec le temps.

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Traduction en langage blonde. Le Lynch-Bages porte haut les couleurs de son terroir, un bonheur pour les amateurs de vins à grand caractère. Les Cazes n’ont pas cédé à la mode du prêt à consommer, ils font un vin pour les puristes, ceux qui savent attendre un minimum de dix années pour laisser au vin le temps d’exprimer toutes ses saveurs et sa complexité à la dégustation.

Où acheter ce sublime breuvage ? Chez les meilleurs cavistes bien sûr mais déjà à la propriété dans l’étonnant multi-marque du village Cazes-Bages: le Bages Bazar. Imagine un magasin de décoration à l’assortiment digne d’une boutique parisienne ou New-Yorkaise, l’esprit du Bon Marché au cœur d’un minuscule village entièrement restauré par la famille Cazes: amazing! Linge d’office, coutellerie de cuisine, un rayon doudou et linge de lit assorti d’une belle sélection d’ouvrages sur le Médoc, le vin et la gastronomie, et bien sûr un espace dédié au vin où tu trouves tous les crus appartenant à la famille Cazes. C’est juste incroyable, les globeshoppers et les passionnés de vin ne peuvent que craquer._DSC3821Diapositive5

Last but not least tu peux finir la journée en feu d’artifice à la table de Cordeillan-Bages. Attention, pense à réserver, la cuisine de Jean-Luc Rocha se mérite; elle attire des visiteurs du monde entier. Faute d’accéder à la table doublement étoilée, console-toi au café Lavinal au cœur de l’adorable village de Bages, un décor typique de brasserie à la française doté d’une jolie cave.Diapositive4