Les vignerons bio de Nouvelle Aquitaine présentent le millésime 2019

C’est la rentrée pour les vignerons de Nouvelle Aquitaine. Ce lundi 31 août se tenait BtoBIO à la Faïencerie.

Chaque année, les vignerons bio de Nouvelle Aquitaine présentent leurs vins à la dégustation. Ce rendez-vous se tient traditionnellement pendant la semaine des primeurs en avril. Mais en 2020, le Covid a tout bouleversé et c’est donc avec retard que le millésime 2019 est dévoilé aux acheteurs professionnels.

Pour cette nouvelle édition, le salon s’est installé à la Faïencerie, un lieu chargé d’histoire, un endroit magnifique propice aux belles rencontres. Car BtoBIO c’est plus qu’une dégustation en avant-première. Dans le monde des vins conventionnels, la semaine des primeurs est l’évènement annuel des Bordeaux. Les dégustateurs du monde entier viennent découvrir un millésime avant sa mise sur le marché pour se positionner commercialement. C’est le moment crucial où tout se joue, où les grands châteaux annoncent leur prix de sortie, où se décident les premières transactions. La semaine des primeurs donne la tendance du marché dans une ambiance électrique. La place de Bordeaux retient son souffle à l’écoute des rumeurs, des avis des grands critiques et autres faiseurs de rois.

BtoBIO fonctionne différemment et de manière beaucoup plus sereine. Les vignerons bio ont choisi de proposer en même temps leur primeurs et leurs livrables (c.a.d les vins déjà stockés en bouteille et disponibles immédiatement à la vente). Cela permet de découvrir un domaine dans sa globalité.

BtoBIO : Bel assemblage de 80 vignerons bio

Quand 80 vignerons exposent, c’est toute la richesse, la diversité du bio qui s’offre aux visiteurs. Le Bordeaux Bio n’est pas un, il est multiple. Au cours de ma dégustation, j’ai découvert des viticulteurs très différents. Certains travaillent la vigne comme un jardin, d’autres sont à la tête de vastes domaines sur plusieurs appellations. La plus petite exploitation représentée à Btobio ne fait que 1 hectare. C’est le Clos Bonnefare à Montravel – production 4 000 bouteilles/an. La plus grande en compte 270, il s’agit de Bordeaux Vineam – production 700 000 bouteilles/an. Leurs problématiques sont forcement très différentes. De la même façon leur chemin vers la culture en bio est lui aussi unique. Voici en exemple quelques profils.

Le viticulteur bio depuis toujours.

Les progrès à la vigne sont venus après la seconde guerre mondiale. Les années 50 ont vu l’arrivée des tracteurs, de la mécanisation et de la Chimie. Certains vignerons ont très vite senti les dangers des pesticides, fongicides et autres produits joliment appelés phytosanitaires. Ils sont restés sur des méthodes traditionnelles de lutte contre les ravageurs et maladies de la vigne. Ils se sont naturellement tournés vers le bio. C’est le cas du vignoble Boudon à Soulignac https://www.vignoble-boudon.fr , un domaine de 28 hectares dans l’Entre-deux-mers. Ils travaillent en bio depuis 1963. J’ai craqué pour leurs blancs. Le classique Domaine du Bourdieu, un vin blanc sec , assemblage de Sémillon, Sauvignon blanc et gris et Muscadelle ( qui donne un profil très aromatique). Le très intéressant ChaPô, un blanc sec sans sulfites, un côté salin et légèrement perlant. J’adore.

Les blancs du Vignoble Boudon, Entre-deux-mers à Btobio

Dans cette catégorie de Bio depuis toujours, il y a l’excellent Château Coutet à Saint Emilion dont j’ai déjà parlé dans le Blog, les vignobles de la famille Cassy Laurent, Château Chillac et Quillet et bien d’autres…

Château Coutet dans le blog : http://lemeilleurdebordeaux.fr/chateau-coutet-vin-de-saint-emilion-bio-et-nature/

les vins de la Famille Cassy, Château Chillac, Château Quillet et un jus de raisin très gourmand
Les domaines de grand propriétaire

Ce sont des propriétés remarquables qui ont changé de main au cours des siècles et qui sont dirigées aujourd’hui par des investisseurs amoureux du vin. Ils ont fait le choix raisonné du bio et se sont donnés les moyens techniques à la hauteur de leur passion. Dans cette catégorie, il y a Château de la Dauphine à Fronsac. J’aime beaucoup cette appellation proche de Saint Emilion. On y fait un vin à majorité de Merlot qui a de la rondeur et de la finesse. Château de la Dauphine est un des figures emblématiques de ce territoire. A BtoBIO 2020, on pouvait déguster leur 2015, une superbe année, un millésime déjà prêt à boire et aussi le 2019 encore dans sa jeunesse. Le vin en manque pas de charme avec sa robe couleur cerise noire surlignée de framboise. A la dégustation, j’aime sa délicatesse, sa belle attaque et sa longueur en bouche. Encore un peu de patience et ses tanins délicats vont s’assouplir, il sera parfait. On aurait donc tort de ne pas profiter d’une année où les prix sont plus sages pour ne pas commander en primeur. Château de la Dauphine 2019 s’achète en direct à la propriété au prix de 14,95€ la bouteille de 75cl. Il sera livré en 2022. ( commande à passer avant le 30 septembre)

Château de la Dauphine dans le blog : http://lemeilleurdebordeaux.fr/oenotourisme-vert-le-green-tour-du-chateau-de-la-dauphine/_dsc0264/

Château de la Dauphine, un Fronsac délicat et délicieux

Autre exemple de grande propriété, Château de la Lagune orchestré par Caroline Frey. Pour BtoBio, la maison présentait les deux vins du domaine et celui d’un satellite mademoiselle L . 2019 est le premier millésime certifié bio du Château.

Château de la Lagune dans le blog : http://lemeilleurdebordeaux.fr/chateau-la-lagune-le-second-des-grands-crus-classes-a-obtenir-le-label-bio/

Les vins de Château la Lagune, 3è Grand Cru Classé
les néo vignerons

Ils ont commencé leur vie active dans un autre domaine et la passion vin leur a fait changer de cap. Ce sont les néo vignerons. Certains partaient avec de bonnes connaissances, d’autres n’avaient que leurs envies. Tous se sentaient libres de tracer leur route, ils ont choisi le bio comme une évidence. Dans cette catégorie , j’ai remarqué Mélanie Haguenin qui travaille avec son mari Thomas au Château L’Escarderie en Fronsac. 2019 est leur premier millésime sur un vignoble dont l’ancien propriétaire ne produisait pas de vin mais portait tout à une coopérative. Alors quand on doit tout inventer, on peut jouer d’audace. Installés depuis 2015 seulement, les Haguenin osent. Ils vinifient en barriques de chêne, en amphores de terre cuite et limitent les intrants dans leurs vins.

Château de l’Escarderie, Fronsac

Les néo vignerons sont de plus en plus nombreux. Quand l’envie de nature et de changement de vie se fait la plus forte, travailler la vigne reste un beau projet. A Btobio, il y avait dans ce registre le Château La Brande de Benoit Soulies. J’en oublie certainement car malheureusement je ne pouvais rencontrer 80 vignerons en une seule fois.

BtoBio 2020, ce fut une très belle édition. Les acheteurs sont- ils tous venus ? Je n’ai pas l’information mais il y avait une belle affluence sur le salon. L’intérêt pour les vins bio ne faiblit pas. Il me semble que cela reste la meilleure voie pour le Bordeaux. Aujourd’hui, la Nouvelle Aquitaine se positionne comme la troisième région en bio derrière le Languedoc et la région PACA . Le nombre de propriétés certifiées ne fait que croître. C’est le moment pour les acheteurs de revenir sur le Bordeaux pour encourager ces bonnes pratiques. Ici à Bordeaux l’avenir s’écrit en vert.

Vinexpo 2019, une journée avec Sophie Juby

La vingtième édition de Vinexpo Bordeaux se tient du 13 au 16 mai à Bordeaux Lac. Voici en quelques lignes et photos le récit de la journée d’une Winelover.

Vinexpo Bordeaux, l'entrée principale, le Hall 1
L’entrée principale de Vinexpo Bordeaux

Comme le disait très justement une de mes amies, pour nous les passionnées de vin, Vinexpo, c’est Disneyland. La Fête des yeux et des papilles, des stands XXL, des flacons instagrammables et des superbes vins à déguster.

Vinexpo 2019 en chiffres :

  • 1600 sociétés exposantes
  • 29 pays représentés
  • 10% de spiritueux
  • 150 producteurs de vins bio ou biodynamique issus de 10 pays
  • 12 conférences
  • Des Masterclass 

Voilà, malgré une baisse de 30% du nombre d’exposants par rapport à l’édition 2017, La Foire internationale des vins de Bordeaux a fière allure. Le salon, réservé au professionnels du vin, est avant tout un lieu de prise de contact entre producteurs, négociants et acheteurs. C’est pour nous les chroniqueurs, une occasion rêvée de découvertes et de belles rencontres.  Tout cela demande du temps alors pour optimiser sa journée, on prépare, on anticipe. Sur le site du salon, j’ai consulté le programme et construit mon emploi du temps. https://www.vinexpobordeaux.com/infos-pratiques/

Très attirée par les vins du monde, j’aurai aimé tester les vins de Géorgie (les premiers dans l’histoire) ou ceux de Chine (le marché en plein essor qui d’importateur deviendra exportateur très prochainement). Je n’ai pas eu le temps.

La Chine, sixième pays producteur de vin au monde. Second après l’Espagne pour la taille de son domaine viticole.
https://www.vinexpobordeaux.com/infos-pratiques/

J’ai choisi de consacrer ma matinée aux vins Portugais. Je rentre d’un roadtrip entre l’Algarve et l’Alentejo. J’ai eu l’opportunité de faire une première dégustation à la maison des vins d’Evora. Cela m’a donné envie d’en savoir plus sur un pays de tradition viticole. 

Les vins Portugais à Vinexpo

J’ai commencé par la zone de dégustation libre où les dix régions de production sont représentées. J’ai continué par quelques stands de domaine pour goûter le célèbre vino verde, des rouges en bio et d’autres produits. Pour terminer ce voyage immobile, j’ai assisté à la Masterclass des vins du Douro, région d’origine du Porto. Le speaker, monsieur Bento Amaral, directeur du contrôle qualité de l’IDVP, nous a accompagné dans la dégustation de 8 vins en mono-cépage. Cette approche originale nous a permis une première découverte de l’immense potentiel de la région.  Mes préférés : Uivo Tinta Francisca 2016 de Folias de Baco. Une belle robe couleur cerise noire, une élégance proche du pinot noir. Un vin léger pour l’été. Et dans un registre plus puissant, le Vallado Sousao de la Quinta do Vallado, aux notes de fruits noirs et d’épices.

Le Vinho Verde, le blanc le plus septentrional du Portugal

Pause Cocktail avec Sorgin

J’ai quitté le Portugal au moment de l’apéritif. Je me suis donc laissé tenté par un cocktail West Side Gin et herbes fraîches, du peps, de la fraîcheur, j’ai adoré. Merci à Aymeric pour la recette. 

Ingrédients pour un Verre :

  • 5 cl de Sorgin
  • 5 morceaux de poivron vert
  • 8 feuilles de menthe
  • 1/2 citron vert pour le jus
  • Mettez le poivron et la menthe dans le shaker, pilez.
  • Ajoutez le reste des ingrédients
  • Shaker énergiquement avec deux glaçons
  • Servez en filtrant.
  • Ajoutez une branche de thym citron
  • C’est prêt et c’est good.

Ce cocktail fraicheur et peps m’a redonné l’énergie pour continuer. Il m’en fallait une bonne dose pour rejoindre l’espace des vins bio et biodynamie en fin du Hall 1. Pas sympa de les mettre tout au bout. Je suggère d’ailleurs aux organisateurs du salon de penser à l’avenir. Le bio ce n’est pas une mode. Si Bordeaux veut garder sa place au sein des manifestations incontournables du vin, il va peut-être songer à revoir les fondamentaux. Une des règles du commerce, c’est de regarder le marché. Et aujourd’hui, le consommateur veut du bio, du bien être, du boire sain. Fin de la parenthèse. 

Le Rosé de Provence, la star des tables de l’été voit sa part de marché s’envoler.

Edition limitée du M de Minuty : « Ruby Taylor »

J’ai profité du long chemin jusqu’au bio pour faire des stops. Le premier chez Minuty, le plus hype des rosé de Provence. Là, gros coup de cœur pour la série spéciale aux couleurs de l’été. J’en ferai bien la star de ma table d’été. Sa robe si pâle comme un voile rose lui donne une élégance folle.

Second arrêt, pour un Chablis, mon blanc fétiche. On a resitué les Grands Crus.

Stop ensuite en terres Bordelaises.

Pomerol et Saint Emilion. Merci monsieur Jean-François Janoueix pour votre accueil, je viendrai avec plaisir visiter un de vos domaines. Et puis je file, parce que la dégustation, ça fatigue. Il faut garder l’envie pour le meilleur.

Les vins bio et en biodynamie à Vinexpo

Je termine ma journée par la salle 3 où La Renaissance des Appellations est installée. Cet espace mériterait de longues heures de dégustation. A chaque table, on rencontre, un(e) viticulteur(ice) qui travaille sa terre en bio et au-delà. Avec la biodynamie, les producteurs ambitionnent de revenir au terroir. A l’aide de préparations homéopathiques, ils redonnent force et énergie à la terre. Leur domaine sont compris comme des écosystèmes où l’équilibre entre la vigne et son milieu permet de revenir à une agriculture saine, libérée de la chimie. Les vignerons-artisans sont aussi passionnants pour leur vinification la plus naturelle possible. Peu interventionnistes, ils nous livrent des vins différents, dotés d’une vraie personnalité. 

Un Côte de Duras fruité pour nos déjeuners d’été.

Voilà, une journée réussie, c’est un planning prévu à l’avance. Entre masterclass et dégustation, j’espère que mon retour d’expérience sur l’édition 2019 vous aura donné quelques envies.

Quel avenir pour les vins de Bordeaux ?

Longtemps les vins de Bordeaux ont compté sur leur seule réputation pour se vendre mais qu’en sera-t’il à l’avenir? L’histoire, la qualité du terroir assuraient une rente aux producteurs. Dans le contexte actuel marqué par une baisse générale de la consommation, l’antériorité de la production ne suffit plus.

Pour info: les chiffres de vente du Bordeaux en 2018 basé sur la présentation d’Alain Sichel, président du CIVB:

https://www.vitisphere.com/actualite-89179-Mauvaise-annee-2018-pour-Bordeaux.htm#utm_source=elettre_filiere

Entre l’arrivée de nouveaux pays de production et la montée en puissance des vins du Sud-Est, le Bordeaux doit se réinventer. Pour séduire le consommateur, il faut écouter le marché et innover.

Dans les années quatre vingt les binômes critique et winemaker tel le duo Parker Michel Roland ont su hisser les Bordeaux au rang de stars. Le marché voulait des vins puissants, des vins de garde structurés et boisés. Les prix se sont emballés, l’image du Bordeaux s’est installée comme celle d’un vin d’exception destiné à l’export. Tout semblait aller bien en terres girondines, la filière profitait de l’engouement pour ses Grands Crus. A côté des clients historiques, anglais, américains et nord-européens, les marchés asiatiques offraient une  infinité de possibles. On  a vendu les Premiers aux très riches et le tout venant aux nouveaux consommateurs tournés vers les prix bas.

Aujourd’hui, la croissance chinoise ralentit, le marché à l’export se complique et le consommateur français boude le Bordeaux. Les ventes sont à la baisse.  Pour se rapprocher du marché, plusieurs voies sont possibles. Deux approches semblent bien fonctionner : le bio et le mono-cépage.

On trouve encore des viticulteurs heureux en Gironde. Certains manquent même de stock. Je parle ici de ceux qui sont en bio. Ils vendent bien (+10% en 2018). Leurs vins répondent à la demande des consommateurs pour une viticulture plus respectueuse de l’environnement. 

Château Piote. Conduite de la vigne en biodynamie, mono cépage et vinification en amphore

L’autre axe de développement pour les Bordeaux, c’est le mono-cépage travaillé en vin plaisir à boire dans l’année. Olivier Dauga, consultant sur Bordeaux, me l’a confirmé. Ses clients sont très contents des résultats de leur cuvée à cépage unique. Pour le consommateur néophyte, pour l’étranger habitué à boire un Chardonnay, un Merlot ou Cabernet-Sauvignon le Bordeaux classique, vin d’assemblage est un mystère. Si on lui propose un Malbec ou un Merlot, il est rassuré. Olivier Dauga conseille de les vinifier sur la fraîcheur, de limiter le taux d’alcool, de ne pas ajouter de bois. Il leur ajoute un packaging moderne. On oublie le mot château, on baptise le vin avec humour et on le vend à prix doux histoire d’attirer une clientèle de jeunes.

Travail sur le gamme et conversion en Bio pour Château Marzin

Etendre sa gamme, travailler le mono cépage, briser les codes du Bordeaux Classique et surtout aller vers le bio, les vins de Bordeaux ont un bel avenir mais beaucoup à faire pour retrouver les faveurs du marché.

Château Coutet, vin de Saint Emilion bio et nature

Proche du cœur historique de Saint Emilion (trois kilomètres du centre ville), Château Coutet occupe un point culminant du plateau de Saint Martin de Mazerat. Depuis l’origine de la propriété aux environs de 1601, les vignes n’ont jamais connu herbicide ou pesticide. La géographie du domaine permet de penser que les sols n’ont pas été souillés par les eaux de ruissellements des propriétés en agriculture conventionnelle qui l’entourent. Des analyses chimiques le prouvent, aucun résidu de pesticide dans les vins. Château Coutet est donc un domaine unique en Bordelais à visiter de toute urgence pour les amoureux des vins authentiques et sincères.

Château Coutet, domaine bio à Saint Emilion

J’ai eu la chance de faire le tour du domaine en compagnie d’Adrien David Beaulieu, neveu de l’actuel gérant et viticulteur passionné. Voici mon retour d’expérience.

Avant de commencer la visite, un mot sur les prestigieux voisins de Château Coutet. Bellevue et Angélus au Sud, Beauséjour Bécot au nord Est, les plus grands noms de Saint Emilion encerclent la propriété. Nous sommes en bonne compagnie.

La proximité des stars ne semble pas troubler la famille David Beaulieu. Ils sont installés ici depuis 1600 et perpétuent leur mode de vie avec panache et modestie. Depuis toujours, ils vivent sur la propriété qui comprend une maison de maître, plusieurs habitations, des chais, 11,5 hectares de vignes mais aussi 4 hectares de bois, prairies et marigots. Les lieux semblent habités depuis toujours. Entre un curieux ouvrage romain et une chapelle consacrée par le pape en 1892, Dieu a aussi marqué le territoire. Aujourd’hui trois générations de David Beaulieu vivent au milieu d’un écosystème étonnant. C’est l’unique propriété que j’ai visitée accueillie par les croassements des grenouilles et que j’ai quittée chassée par une oie fâchée d’être paparazzée.

J’ai cependant eu le temps de marcher dans les vignes en compagnie d’Adrien David Beaulieu. Nous avons remonté le coteau pour parler terroir et travail de la vigne. (Ici je vous renvoie au site du domaine qui montre de façon très claire la disposition des parcelles). Nous avons mesuré la singularité de ce domaine où, ici et là, la vigne cède la place à un bosquet, une clairière abritant des ruches, quatre hectares laissés à la nature. Quand on connaît le prix des vignobles, on mesure le sacrifice financier de la famille Beaulieu en se privant d’un quart de sa surface.

Si on revient aux pratiques culturales, on peut dire en résumé que :

  • Les sols et les vignes sont travaillés de façon traditionnelle en bio.
  • Les entre-rangs sont enherbés huit mois par an.
  • Les vendanges manuelles sont réalisées par une équipe de 50 personnes dans les vignes et de 12 employés dans les chais.
  • Les raisins sont éraflés avant une mise en fermentation naturelle (sans levure ajoutée mais avec la technique du pied de cuve)
  • Les mouts sont pressés en vertical pour une extraction douce moins chargée en tanin. Les jus s’écoulent par les côtés d’une cage en bois. Ils sont filtrés naturellement en traversant le marc. Le jus contient moins de bourbe et sa brillance sera naturelle.
  • Le vin est élevé en barrique pendant dix-huit mois avec le moins d’intervention possible. Les vins ne sont pas filtrés.

Pour la cuvée Château Coutet, on est donc dans un process classique en démarche bio. L’exceptionnel existe pourtant dans ce domaine béni des Dieux avec une découverte qui risque de changer l’avenir de la famille David Beaulieu.

En 2000, Alain David Beaulieu, l’oncle d’Adrien met à jour une bouteille enterrée dans la cave aux vieux millésimes. Sa valeur historique est évidente : le précieux flacon est bouché à l’émeri, du verre soufflé à la main. Une aventure commence alors qui va de la datation de la bouteille à l’émergence d’un projet fou. Adrien David Beaulieu décide de produire une nouvelle cuvée dans les conditions de la bouteille originelle, datée aux environ de 1750.

Exceptionnelle bouteille datée de 1750 découverte dans le sol de Château Coutet

Pour cela, il choisit la parcelle la plus haute, Peycocut, indiscutablement épargnée des ruissellements de ces voisins. Il y cultive le Cabernet Franc et le Merlot à queue rouge, une variété ancienne toujours greffée par la famille et obtenu par sélection massale. Pour cette cuvée spéciale Adrien utilise les moyens techniques anciens avec le retour du cheval dans les vignes. Après récolte, les grappes sont éraflées grains à grains à la main par 70 personnes pendant deux jours. Puis les raisins sont mis en fermentation en cuve bois. A l’issue, et une fois pressés, les jus sont élevés vingt mois en barriques neuves à hauteur de 50%.

On continue dans la reproduction du flacon témoin pour la mise en bouteille. La Cuvée Emeri est proposée dans une bouteille fabriquée à la main par monsieur Guillot, M.O.F.

Au final, on dispose d’un produit unique, une pépite pour collectionneur averti. Le premier millésime de la cuvée Emeri est sorti en 2014.

Reproduction à l’identique de la bouteille originelle bouchée à l’émeri et datée de 1750

J’ai eu la chance de déguster Château Coutet 2015 et je le recommande pour son élégance et sa grande finesse. J’ai fait quelques provisions en attendant le 2017 qui sera aussi très joli. Cette année là, Château Coutet, épargné par le gel, a engrangé une très belle récolte. 2018, à l’inverse, sera une année à faible volume marquée par un mois de juin chaud et humide. Comme tous les viticulteurs en bio, le domaine a été frappé par une virulente attaque de mildiou sur les Merlot. La nature s’est montrée cruelle en montrant une nouvelle fois que le travail de la vigne demande passion et abnégation.

Aujourd’hui, le domaine commercialise le 2015, une excellente année en Bordelais. Alors n’hésitez pas à faire provision pour Noël et pour les années à venir. Il serait dommage de ne pas profiter de cette jolie pépite avant que les acheteurs du monde entier s’en emparent. J’ai eu écho de visites d’importance. Mais chuuut, je reste discrète sur les prestigieux acheteurs qui s’intéressent à ce vin d’exception.

Château Coutet

  • Saint Emilion
  • 05 57 74 43 21
  • Visite sur Rendez-vous
  • Certification bio en 2012
  • 11,5 hectares de vignes
  • Cépages : Merlot 70% Cabernet franc 30%, Malbec 7%, Cabernet-Sauvignon 3%
  • Moyenne d’âge du vignoble 38 ans
  • Densité de plantation 6 000 pieds/hectares

La cuvée Emeri

  • Travail à la vigne : labour des sols au cheval de trait, traitement contre la maladie uniquement par pulvérisation de bouillie bordelaise effectuée au pulvérisateur à main
  • Raisin récolté puis égrainé manuellement, foulé au pied
  • Fermentation en cuve bois, presse verticale qui permet une faible extraction
  • élevage 20 mois en barriques neuves à 50%
  • Prix 70€ en bouteille traditionnelle sous le nom de cuvée Demoiselle et environ 300€ dans la bouteille façonnée à la main avec bouchon coeur en verre.

Ciel de novembre à Château Coutet

Le Café Lavinal, halte gourmande sur la mythique D2, route des vins du Médoc

Le Café Lavinal occupe la place centrale du village de Bages, . En cela, il ressemble à ces bistros de campagne où l’on sert une cuisine du Sud-Ouest accompagnée d’un vin de région. Mais ici nous sommes,à deux minutes du centre de Pauillac, en terre de Grand Cru et rien n’est comme ailleurs. Le village de Bages a vu grandir Jean-Michel Cazes, propriétaire du prestigieux Château Lynch-Bages et de son restaurant étoilé Cordeillan-Bages. Ce grand monsieur du vin a souhaité faire revivre le hameau de son enfance. Il a racheté la plupart des bâtiments situés sur la place principale. Puis il a crée, ex nihilo, une boulangerie, une boutique dédiée aux vins et aux arts de la table ainsi que le fameux Café Lavinal. C’est ici que bat le cœur du village, dans un bistro tout droit sorti des années trente.

Derrière une  façade en bois peinte d’un profond vert anglais se découvre une belle brasserie à l’ancienne. On y retrouve les incontournables de l’univers bistro, le bar monumental, les tables et chaises en bois sombre, les murs recouverts de miroirs, le carrelage à l’ancienne et les banquettes en moleskine rouge. Le couvert est mis de façon traditionnelle avec une vaisselle blanche et de belles serviettes en coton moelleux.

On y déjeune selon son humeur et son budget. Le plat du jour + café à 11,50€ séduit les habitués pressés de retourner dans les vignes ou dans les chais. Le touriste, le bordelais en balade se fera plaisir avec le menu Gourmet. Pour 38€, on entre dans l’univers de la belle cuisine française. La carte est construite en duo par Julien Lefebvre, 1* Michelin pour le restaurant Cordeillan-Bages, et le responsable des cuisines du Café Lavinal, David Favier.

Serviette en coton moelleux, amuse-bouche, la formule à 38€ balance bien entre un décor bistro et une cuisine gastronomique

Le repas commence par une mise en bouche de saison. En décembre, nous étions sur un velouté de champignons et sa chantilly citron. Nous avons continué par un œuf parfait servi en cocotte accompagné de ses légumes racines, brunoise de rutabaga, topinambour et émulsion estragon. Pour suivre l’ensemble de la table a craqué sur une lotte confite, jambon de bœuf on top et gnocchis. Nous avons terminé par un brownie et crème glacée caramel au beurre salé. 

Les assiettes sont généreuses, les cuissons parfaites, l’ensemble de la table a apprécié le repas. C’est bon et bien fait, dans la tendance manger de saison. Les touristes adorent, papy  y aurait trouvé son compte, nous avons passé un bon moment. Que dire de plus ? La carte des vins, très Bordeaux, donne le choix aux amateurs. Le service est parfait, tout en retenu. Voici une table consensuelle à conseiller pour une expérience réussie de cuisine bourgeoise revisitée.

Café Lavinal

  • Village de Bages, 33250 Pauillac
  • 05 57 75 00 09
  • Menu 28€ et 38€, plat du jour 11,50€ en semaine
  • Ouvert du lundi au Samedi
  • Fermeture annuelle fin décembre à mi février

Château le Puy, les Gouttes de Dieux.

Pour rejoindre Château le Puy, il faut dépasser Libourne, quitter la nationale 89 et monter le coteau à travers vignes et propriétés viticoles. La famille Amoreau s’est installée en 1610 au point culminant de la région, le coteau des merveilles. Nous sommes en bordure du plateau de Saint Emilion (distant de 15km) sur un sol argilo-calcaire. La vigne y développe un système racinaire le long des failles qui lui permet de puiser l’eau en profondeur en période de sécheresse.

Sur cette terre vouée à faire un vin d’excellence, la famille Amoreau a toujours fait le choix de laisser parler la nature. A une époque où les préoccupations écologiques n’étaient pas encore d’actualité, les propriétaires du lieu ont bâti un écosystème de 100 hectares dont la vigne n’occupe que la moitié. Les Amoreau ont conservé prairies, forêt et étang, lieux de vies animales et végétales. La biodiversité a été préservée pour le plus grand bien des terres environnantes. La vigne qui n’a jamais connu la chimie lourde bénéficie de la richesse des sols. Elle donne un vin bio depuis toujours.

Nous ne commencerons pas la visite par la découverte d’un chai spectaculaire, œuvre monumentale conçue par un architecte de renommée mondiale. Suivant le principe des vignerons selon laquelle le vin se fait à la vigne, nous irons d’abord arpenter le coteau. Une surprise nous attend. A deux pas de la chartreuse, en bout du plateau de Saint Emilion, se trouve un site préhistorique, un cromlech ou cercle de pierres levées. Il semblerait que les anciens aient découvert les bonnes ondes, l’énergie du lieu. En ce matin d’octobre, une belle lumière passe à travers les branches de la forêt toute proche. Nous nous imprégnons de la beauté, de la magie et du mystère de l’endroit. Sans en comprendre la signification, nous devinons une grande force dans ses pierres dressées. On comprend aussi que le domaine se soit tourné vers la biodynamie, un mode de culture bio qui s’appuie sur les énergies terrestres et cosmiques. Cette culture inventée par le philosophe Steiner combine soins homéopathiques et travail selon le calendrier lunaire. Celui-ci donne les jours feuilles, les jours fruits, les jours fleurs et les jours racines. Comme les anciens, on taille en lune montante (la sève des plantes monte vers les branches) et on essaie de traiter la partie aérienne en jour feuille.

Le Cromlech de Château le Puy

Sur le domaine, on n’emploie aucun produit de synthèse, aucune chimie. Pour enrichir les sols, fortifier la vigne, on travaille la terre. Pour prévenir et traiter la maladie, on utilise des plantes en décoction ou infusion préparées selon des recettes mises au point par Steiner.

A titre d’exemple, la Prèle et le Saule Blanc sont des fongicides naturels. (J’ai parlé d’homéopathie car les résultats des traitements végétals sont moins spectaculaires que ceux des produits chimiques. En cas d’attaque massive et durable du mildiou, la vigne souffre et les pertes sont importantes)

Toujours pour répondre aux principes de la biodynamie, le domaine recherche l’autarcie. Il fabrique ses propres engrais avec le fumier d’un mini troupeau de bovins. Des ruches ont été implantées sur le domaine. Et bien sûr les chevaux sont revenus sur la propriété en 2009. Unique, théo, Lola et Spirou participent aux travaux des champs sur les dix-huit hectares les plus accessibles. En biodynamie, on les préfère au tracteur. Moins lourds, ils ne tassent pas les sols et favorisent la vie des micro-organismes et petits animaux sous-terrain.

Travail avec le cheval pour ne pas tasser les sols

La démarche bio se prolonge dans les chais, pas question d’intrant ou de levure externe. Steven, le maître de chai, a pour mission de rester au plus près du terroir, de rester sur le fruit. La vendange est ramassée et triée à la main.  Elle sera égrappée puis mise à fermenter dans de grandes cuves béton. En haut de la cuve, le marc est bloqué par un système de douelle en bois. Le mise en fermentation se fait sans apport de levure mais avec ajout d’un pied de cuve de flore indigène. Lorsque le travail commence,  un tuyau allant au fond de la cuve permet aux premiers gaz de s’échapper. Puis le jus va se mettre à bouillonner, inonder le bassin et venir lui même arroser le chapeau par gravitation. Il ne sera fait aucun pigeage. Au bout de 18 jours, le jus est mis à vieillir dans de grands foudres pour la cuvée Emilien et en barriques expérimentées pour la cuve prestige, la cuvée Barthélemy. Pour celle-ci, les jus sont dynamisés, mis en mouvement par batonnage hebdomadaire, sur 24 mois. Les lies sont remises en suspension, les énergies et les arômes se libèrent. Le mouvement protège de l’oxydation et permet de se passer de souffre. Dans les deux cuvées, il n’y aura n’y filtration, ni collage mais clarification par soutirage. Le jus est séparé mécaniquement de ses lies et dépôts (tous les trois mois). Au repos, les lies se déposent en fond de barrique, elles y restent lors du transvasement.

Vinification traditionnelle en cuve béton. Remontage naturel.

L’ensemble de ces pratiques font des vins de Château le Puy des vins nature dont la réputation a franchi les frontières. L’histoire s’est accélérée avec la présence du domaine dans les Gouttes de Dieu. Ce Manga japonais retrace l’initiation aux très grands crus du fils d’un célèbre œnologue en compétition avec un frère par adoption pour l’héritage du maître brutalement disparu. Au tome numéro 23, Château le Puy entre en scène. Pour la propriété Bordelaise, la starisation est faite. Le millésime 2003, désigné meilleur vin au monde entre dans une bulle spéculative. Jean-Pierre Amoreau doit en stopper la vente pour enrailler la frénésie d’achat.

Depuis, la propriété a gardé une excellente image sur les marchés asiatiques. La Chine est même devenu le premier client. Que l’on se rassure, il est toujours possible d’acheter du vin à la propriété. La France représente encore 30% des ventes. Celles-ci sont gérées en interne sans passer par la place de négoce. La propriété est même ouverte aux particuliers sur rendez-vous. J’ai eu la chance d’y déguster les deux rouges emblématiques de la propriété Emilien 2016 et Barthélémy 2011. Si j’ai aimé Emilien (24,95€ prix à la propriété), j’ai trouvé le 2016 encore jeune. Ma préférence va à la cuvée Barthélémy, le vin des Dieux. Voici mes impressions, mes émotions. J’ai beaucoup aimé ce vin léger et délicat comme un Bourgogne.

Les Gouttes de Dieu

Cuvée Barthélémy 2011

  • 85% Merlot, 15% Cabernet Sauvignon
  • Vin élevé en barrique 24 mois, ni filtré, ni collé
  • vin sans souffre, vin sincère sans excès de boisé.
  • Un joli nez, en bouche finesse et élégance.
  • De la fraîcheur, une belle longueur
  • Prix à la propriété 95€

Il y aurait encore beaucoup à dire sur Château le Puy, sur ses cuvées confidentielles, son blanc, sa cuvée Retour des Iles (un vin qui vieillit sur voilier au cours d’un voyage de quelques mois). Le domaine mérite qu’on s’y attarde. Je reviendrai certainement à Château le Puy pour le Blog. J’attends avec impatience l’issue de la demande d’appellation Le Puy. Depuis 2011, Jean Pierre Amoreau a fait déposé un dossier auprès de l’INAO pour la création d’une appellation le Puy qui distinguerait une parcelle singulière proche de la Chartreuse. Cette requête aujourd’hui au conseil européen si elle aboutissait, récompenserait un domaine béni des Dieux.

Château Le Puy

  • 33570 Saint-Cibard
  • 05 57 40 61 82

Visite du Château Fourcas Hosten, appellation Listrac-Médoc

Que l’on soit amateur éclairé ou simple néophyte, il est toujours passionnant d’aller à la rencontre des hommes du vin, de compléter ses connaissances et de se construire un référentiel personnel. Mais l’offre de visite en terre médocaine est tellement vaste qu’il est parfois difficile d’organiser son programme. A côté des stars, des châteaux aux chais signés des plus grands architectes, il existe des pépites, des propriétés bijoux qu’il est urgent de découvrir. Je vous propose de me suivre au château Fourcas Hosten à Listrac, un domaine composé d’un vignoble de 47 hectares, d’une belle chartreuse XVIIIème et d’un parc arboré de trois hectares.

Suivez-moi dans un visite extraordinaire de Château Fourcas Hosten

En septembre 2018, j’ai eu la chance d’être conviée à un instameet (rencontre d’instagrameurs). Voici le récit d’une journée extraordinaire qui nous a toutes enchantées. Nous étions les premières à tester l’offre oeno-touristique : les accords exceptionnels de Fourcas Hosten. Blanc et caviar.

 L’invitation me mettait en joie, la journée m’a comblée. Je vous recommande cette visite. Ce fut un émerveillement pour les yeux et les papilles. Nous avons eu le privilège d’être reçu par  Renaud Mommeja co-propriétaire avec son frère Renaud. Ensemble nous avons visité le domaine, les chais et écouté Caroline Artaud, la responsable technique, nous présenter la vigne et les vins. Puis nous sommes passés à la dégustation Blanc et caviar commentée par Caroline Artaud et Laurent Deverlanges, créateur du domaine de Neuvic. A l’heure du déjeuner, nous avons rejoint la chartreuse où nous attendait Martine, la cuisinière de la table privée. Après un repas exquis et un café au salon d’apparat, nous avons suivi Renaud Mommeja dans la visite de la maison. Et pour terminer, nous sommes allés marcher dans les vignes.

Dans le cuvier de Fourcas Hosten

La visite de la chartreuse n’est possible qu’en présence du maître de maison. Elle est ouverte à la réservation par le biais d’une agence de voyage spécialisée. Je vous parlerai donc en premier de l’offre Blanc et caviar, accessible très simplement en prenant rendez-vous directement au 05 56 58 01 15.

Les accords exceptionnels de Fourcas Hosten, Caviar et blanc

Au château Fourcas Hosten, on produit du blanc depuis 2014. Ce sont les frères Mommeja, propriétaires depuis 2006, qui ont fait planter 2,2 hectares en Sauvignon blanc, Sauvignon gris et Sémillon. Dès l’origine, ils ont choisi de produire le blanc en bio, démarche qu’ils ont ensuite étendue à l’ensemble de la propriété. La demande de certification en bio est en cours et se fera à l’horizon 2021.

A Fourcas Hosten, le Blanc bénéficie d’un traitement haute couture. Conseillée par l’œnologue Athanase Fakorellis, Caroline Artaud travaille la vigne dans le plus grand respect de l’environnement. Depuis 2010, le désherbage a été abandonné. L’usage de produits CMR a été remplacé par des techniques alternatives respectueuses de l’environnement. Ainsi on lutte contre le vers de grappe en posant des diffuseurs de Tricholine, des micro-insectes qui viennent parasiter les œufs du ravageur.

traitement bio de la vigne

Caroline Artaud suit ses parcelles avec la plus grande précision. En septembre, elle organise la vendange des blancs quand les deux maturités, technologique (teneur en sucre, taux d’acidité, suivi par analyse) et maturité aromatique sont à l’apogée. En marchant dans les vignes, en goûtant le raisin chaque jour, elle décide de lancer la coupe. Elle s’autorise même à ramasser une parcelle en plusieurs fois. Les coupeurs travaillent uniquement en début de matinée avant dix heures. Les cagettes de raisin sont refroidies à 5° pendant vingt-quatre heures. Cette pratique évite l’oxydation (et donc le recours massif au souffre pour protéger), elle permet aux baies de macérer et renforce l’apport aromatique. Le raisin est pressé en grappe entière (non éraflé) dans une presse verticale pendant six heures. Ce pressurage doux permet d’extraire un maximum de jus, de préserver les arômes variétals sans pour autant atteindre le suc végétal des rafles et des pépins aux saveurs amères. Lors de notre visite, le pressoir fonctionnait. Nous avons goûté le jus au sortir, un bonheur sucré, du fruit, du fruit, que du fruit.

Nous avons continué notre visite par le chai de vinification. Elle se fait comme pour les grands blancs en grosses barriques de chêne de 300 ou 400 litres. Celles-ci ont bénéficié d’une chauffe légère pour ne pas donner trop de boisé. Certaines barriques ont une face vitrée qui permet de voir les levures au travail. Fascinante métamorphose. Et je ne parle pas des odeurs. Le chai de vinification embaume la poire. La fermentation terminée, le vin est élevé sur lies pendant six mois. Ces petites particules, résidus de levures, vont donner au jus de la complexité. Le vin sera plus gras, plus opulent. Le moment est venu de le vérifier par la dégustation. Celle-ci se déroule dans une belle et lumineuse salle dédiée.

L’accord Blanc et Caviar se découvre d’abord par la vue. Nous admirons les fascinantes boîtes blanches aux perles noires sur leur socle de glace. Laurent Deverlanges nous présente De Neuvic, société fondée en 2011. Il explique son process de fabrication, un élevage en eau courante sur la rivière L’Isle, une alimentation bio et une faible densité d’esturgeon dans les bassins. Le poisson, de race sibérienne, atteint sa maturité au bout de sept à huit ans. Son élevage demande patience et soins. Luxe absolu, produit rare et précieux, le caviar est un met que l’on doit attendre.

Les accords exceptionnels de Fourcas Hosten, Blanc et caviar.

Intimidées par la délicatesse du produit, nous nous lançons avec retenue dans la dégustation. Nos sens sont tout émus, nos papilles bouleversées. Le Blanc de Forucas Hosten et le Baeari signature de Neuvic s’associent dans un moment plaisir. Le blanc se distingue par son élégance, son nez de fleurs blanches et sa fraîcheur. Le Caviar révèle ses saveurs iodées, beurrées et cette magnifique longueur en bouche. Quelle somptueuse association. Gorgeous !

J’en garde un merveilleux souvenir.

La Chartreuse

Notre instameet s’est prolongé par un déjeuner à la Chartreuse. Avant de passer à table nous avons pris l’apéritif dans le jardin attenant. Ce fut l’occasion de découvrir les spécialités à base de caviar de la Maison Neuvic comme le beurre de caviar, un gourmandise accessible (25€/ les 50gr) qui contient 28% de caviar et en possède le parfum. Le champagne était servi dans les sublissimes flûtes en cristal taillé de chez Saint Louis. Il faut ici rappeler que Laurent et Renaud Mommeja en dignes héritiers de la famille Hermès ont le souci du détail. L’art de vivre à la Française est inscrit dans leurs gênes. Alors quand nous passons à table, la vue de la salle à manger nous fait pousser des cris d’admiration. La pièce est somptueuse, une sorte de cabinet de porcelaine, gorgeous comme diraient les américains. Aux murs sont installés des panneaux décoratifs en tissu venus d’un hôtel particulier parisien. Ils représentent un jardin imaginaire peuplé d’oiseaux et de papillons colorés.

Détail de la salle à manger de Château Fourcas Hosten

Les meubles ont été chinés chez Drouot. Une collection d’oiseaux exotiquex en porcelaine habille le mur du fond, les rideaux sont en tissu précieux et la table … L’argenterie vient de chez Puiforcat, elle est aux armes de Fourcas Hosten, les serviettes en coton damassés sont chiffrés aux initiales de la maison. La mise en scène est parfaite, le repas gastronomique peut débuter.

Nous déjeunons d’une assiette de trois caviars, carpaccio de langoustine et écrasé de pomme de terre. C’est l’occasion de tester trois produits phares de la maison Neuvic : le Baeri signature, l’osciètre signature et le Beluga. Le Baeri et L’osciètre (plus cuivré et très iodé) sont des produits du domaine de Neuvic. Le Beluga est élevé en Bulgarie pour le compte de Caviar de Neuvic et selon ses critères de production. Le Beluga, c’est la star des caviars, des grains plus gros, plus ronds issus d’un esturgeon agé d’au moins dix-huit ans. Nous le dégusterons en dernier pour apprécier sa puissance.

Trilogie de caviar, carpaccio de langoustine et écrasé de pomme de terre

Nous continuons par une canette et ses figues rôties, belle occasion de découvrir le rouge du domaine sur les millésimes 2011 et 2012. Ma préférence va au 2012, plus gourmand avec sa majorité de Merlot, une des caractéristiques de l’appellation Listrac-Médoc.

Le dessert, Alaska aux mûres, comme une bombe glacée fait ressortir le côté fruits noirs du vin, un bonheur.

Nous terminons cette journée incroyable par une marche dans le vignoble. Le chef de culture nous rejoint pour parler vigne et travail des sols. A l’écouter, nous prenons conscience de la fragilité de la vigne, de sa totale dépendance à une météo bienveillante. Et quand il nous montre les séquelles des orages de mai, les blessures, les cicatrices sur les jeunes rameaux, nous prenons la mesure de la force de l’attaque. Cependant la vigne a bien résisté à Listrac, quand ailleurs la récolte a été perdue. Le magnifique mois de septembre promet une vendange de grande qualité et la pluie attendue pour demain viendra apporter l’eau à la plante. 2018 sera un très beau millésime pour Château Fourcas Hosten.

Je remercie infiniment toute l’équipe du château, Adelia et Laurent Deverlanges du domaine de Neuvic et tout particulièrement Renaud Mommeja, maître de maison, pour nous avoir ouvert les portes de sa magnifique demeure.

Château Fourcas Hosten , horaires de visite : 

  • 5 rue Odile Redon, 33480 Listrac-Médoc
  • 05 56 58 01 15
  • site : https://www.fourcas-hosten.com
  • Visite du lundi au vendredi sur rendez-vous
  • Ouvert toute l’année à l’exclusion de la semaine de Noël et des 15 premiers jours d’août
  • Durée entre 1h et 1h30
  • 6 formules différentes allant de 8€/ personne à 20€/pers

Les accords exceptionnels de Fourcas Hosten Blanc et caviar

  • Découverte de la propriété
  • Processus de vinification
  • Dégustation du Blanc de Fourcas Hosten
  • Dégustation du Caviar Signature de Neuvic
  • 35€/personne

Les Journées Loupiac et Foie Gras.

 

Une belle occasion d’associer balade gastronomique, shopping de fêtes et découverte d’une petite appellation de vins velours. Depuis plus de vingt ans, le dernier week-end de novembre Loupiac (rive Droite à 40 km de Bordeaux) accueille les amateurs de vins liquoreux et de cuisine du Sud-Ouest.

 

Le Programme :

  • 18 propriétés viticoles ouvertes à la dégustation de vins et de produits fermiers des Landes (tous les produits du canard : magret, confit, foie gras, pâtés et rillettes)
  • 1 animation sur chaque domaine : exposition d’artiste, démonstration de découpe du canard gras ou recette de cuisine.
  • 2 restaurants éphémères dont le Château de Ricaud
  • Des menus spéciaux chez les restaurateurs partenaires de Cadillac.
  • 1 cocktail gastronomique le samedi soir à bord du bateau le Bordeaux, à quai, Loupiac centre

 

L’appellation Loupiac.

On parle de 350 hectares en coteaux dominant la Garonne (la source d’humidité indispensable à l’élaboration d’un bon liquoreux) et de 30 producteurs pratiquant une agriculture raisonnée sur des propriétés de dimensions modestes. La vendange se fait toujours à la main et en plusieurs passages appelés tries. Il s’agit de récolter un raisin à l’apogée de sa maturité, lorsque les brumes automnales et le soleil de l’après-midi ont fait pousser la pourriture noble sur le grain. Le responsable en est le Botrytis, un champignon de surface. Il accélère la concentration en sucre des raisins en captant l’humidité de la baie.

 

Le vin

  • Assemblage de sémillon à 80%, de Sauvignon et de muscadelle
  • Un blanc liquoreux à la belle robe dorée, aromatique et délicat. Moins sucré que son prestigieux voisin le Sauternes, il se déguste en solo à l’apéritif où il copine souvent avec le foie gras.
  • Je l’imagine aussi très bien sur ma table de Noël avec un chapon farci aux fruits secs et aux épices. Ou pourquoi pas après les fêtes avec un quasi de veau aux pruneaux.

 

Mon coup de cœur : le Domaine du Noble

  • Une magnifique propriété familiale qui surplombe la colline. Patrick Dejean y produit deux cuvées en Loupiac, assemblage à 85% de Sémillon pour la structure, la rondeur et 15% de Sauvignon, la touche de peps.
  • Le Château Fontaine avec les raisins des jeunes vignes. Un vin plaisir pour l’apéritif
  • Le Domaine du Noble issu des parcelles plantées il y a plus de 40 ans. Cette superbe cuvée n’a rien à envier à ses célèbres voisins. Belle couleur or et grand potentiel de garde pour un vin bien balancé entre sucre, alcool et acidité.
  • 2015 12€, 2010 16€ Prix Publics, départ cave

Dégustation au Domaine du Noble

Vignes centenaires du Domaine du Noble

Belle rencontre avec un Homme de Passion, Patrick Dejean

 

Soirée des Best Of Wine Tourism ou les oscars de l’oenotourisme.

Superbe soirée hier au Palais de la Bourse pour fêter les 21 lauréats 2018

des Best Of Wine Tourism.

Coiffure à la Elvis, smoking lie de vin, chaussures vernis, nœud papillon et sourire XXl, le maître de cérémonie Xavier Viton a parfaitement réussi la mise en scène de la soirée de gala du concours mis en place il y a déjà 15 ans par la CCI de Bordeaux. Il a accueilli, félicité et amusé les nominés, distingués comme site remarquable en matière d’oenotourisme. Il a su maintenir le suspense des Best Of d’Or ainsi que le passage de relais entre les lauréats 2017 et les nouveaux promus assurant ainsi la cohésion future du club des Best Of Wine. Le public a adoré et applaudi avec chaleur aussi bien les heureux gagnants que les intermèdes artistiques. Nathy Faray, chanteuse et la troupe de théâtre d’improvisation Mis en Bouteille ont assuré avec brio la partie spectacle du programme.

Pour la quinzième édition, 95 candidats avaient monté un dossier mettant en avant leurs toutes dernières réalisations en matière d’oenotourisme. Le cru 2018 sera très bon avec un niveau de compétiteurs en forte progression. Dans le sillage de Bordeaux, les vignobles d’Aquitaine font montre de créativité, d’originalité et d’enthousiasme pour mettre en avant leur patrimoine et leur savoir-faire.

Le Chai signé Jean Nouvel de la Dominique

Je partage le palmarès 2018 comme une shortlist de belles adresses pour tous ceux qui cherchent des idées de sorties autour de Bordeaux. J’ai eu le plaisir de faire la visite du Green Tour de Château la Dauphine et je le recommande. Le domaine a su d’une façon très simple et ludique expliquer la biodynamie, un mode de culture complexe et encore peu développé en Bordelais. Avec des ateliers et un parcours balisé, ils ont mis à la porté de tous les travaux quelques peu ésotériques du philosophe Rudolph Steiner. L’idée d’une homéopathie de la culture est lumineuse et ravira tous les  bio-curieux.

Château la Dauphine

lien pour mon post sur la visite http://lemeilleurdebordeaux.fr/oenotourisme-vert-le-green-tour-du-chateau-de-la-dauphine/

Les autres Châteaux méritent tous eux aussi une visite. Nous allons juste manquer de samedi.

Best Of Wine Tourism 2018, les Lauréats.

 

ARCHITECTURE ET PAYSAGES

  • Château La Dominique (or)
  • Château Pédesclaux
  • Château Prieuré Marquet
  • Château Malescasse

 ART ET CULTURE

  • Château Castera (or)
  • Château de La Rivière
  • Château La Tour Carnet

 DECOUVERTE & INNOVATION

  • Château de Reignac (or)
  • Château Kirwan
  • Château de Rayne Vigneau

HEBERGEMENT

  • Château Le Pape (or)
  • Château Beauregard
  • Château Pape Clément

 VALORISATION DES PRATIQUES ENVIRONNEMENTALES

  • Château de La Dauphine (or)
  • Château Boutinet
  • Château du Tertre

SERVICES OENOTOURISTIQUES

  • Château Lamothe-Bergeron (or)
  • Bordeaux River Cruise
  • Bordeaux Saveurs
  • Château Lafitte

 COUP DE CŒUR DU JURY :

  • Domaine de la Grave