Nouveau chef, nouvelle carte au restaurant Le Gabriel à Bordeaux

Bertrand Noeureuil nouveau chef au restaurant du Gabriel à Bordeaux, après le palace Cheval Blanc à Paris, L’observatoire en route vers le sommet de la gastronomie bordelaise.

En novembre, je conversais avec mon voisin de jury au concours des Parcours du Goût et je lui demandais innocemment quelle était la table à suivre en 2024 à Bordeaux. Nicolas Masse, deux étoiles Michelin pour la Grand’Vigne me glissait à l’oreille qu’il fallait d’urgence retester le  Gabriel où Bertrand Noeureuil, l’ancien bras droit d’Arnaud Donckele trois étoiles  à Cheval Blanc Paris, venait de débarquer. 

Cette recommandation a piqué ma curiosité et mon envie d’enrichir mon guide des meilleurs restaurants de Bordeaux. J’ai profité de la proximité des fêtes pour offrir à mon homme un Noël en Duo. Aujourd’hui, je partage avec vous mon ressenti, mes émotions et mon plaisir à découvrir une cuisine contemporaine de haute volée dans un lieu chargé d’histoire, le Gabriel. 

Le Gabriel, restaurant multiple au cœur de la place de la Bourse

L’adresse se dresse fièrement au centre de la place de la Bourse, une merveille architecturale du XVIII, conçue à la gloire de Louis XV par l’architecte Jacques Gabriel. Les bâtiments organisés en demi-cercle font face à la Garonne, offrant aux convives une perspective à cent quatre-vingts degrés sur le fleuve, l’iconique Pont de Pierre et la caserne de la Benauge

Bien que l’ensemble impressionne le visiteur, l’animation liée au passage des tramways dédramatise les lieux. En arrière-plan, sur les quais, le miroir d’eau inauguré en 2006 apporte une touche joyeuse et populaire à l’endroit. Devenue une attraction incontournable, il offre un terrain de jeu aux touristes et aux Bordelais qui s’y photographient, y dansent, et s’y rafraîchissent en été au contact de l’eau et de la vapeur.

La facade du restaurant le Gabriel à Bordeaux

Le Gabriel, installé au centre de la place, participe au prestige du lieu. Avec son offre multiple, bar à cocktails, bistro et restaurant gastronomique en étage, il propose de vivre une expérience unique au cœur du Bordeaux classique.

La salle à manger de L’Observatoire : ambiance bourgeoisement raffinée. 

Le luxe accessible se décline avec élégance dans la salle à manger de L’Observatoire, où la sobriété règne en maître avec des teintes de beige et de rosé. Les magnifiques volumes de la salle et les ouvertures offrant une vue sur la place de la Bourse, font de cet endroit le seul restaurant gastronomique bordelais avec une perspective sur la Garonne. L’atmosphère feutrée et bourgeoisement raffinée, imaginée par Stéphanie de Boüard-Rivoal, propriétaire de l’établissement et du prestigieux Château Angélus à Saint-Émilion, invite les convives à s’installer confortablement pour un dîner mémorable.

salle à manger du restaurant le Gabriel à Bordeaux.

Le Menu du Chef Bertrand Noeureuil

Nouveau chef titulaire, Bertrand Noeureuil a conçu son menu avec l’envie de sublimer son terroir et les produits de la ferme 1544, le potager propriété du restaurant étendu sur neuf hectares à Saint-Loubès. Du début à la fin du repas, le chef met l’accent sur les produits locaux d’excellence, mettant en valeur leur fraîcheur. Des amuse-bouches au dessert, le voyage culinaire nous a transportés dans une expérience gustative authentique, où la subtilité des saveurs témoigne d’un maîtrise des cuissons, des sauces et des jus.

Les assiettes participent au plaisir de la dégustation. Visuellement, le travail du chef séduit par une belle alternance de proposition. Il peut se limiter à deux couleurs comme le vert et blanc de sa première entrée ou bien faire exploser la joie par un feu d’artifice dans sa « palette de légumes Ciron en papillote vivifiés d’une vinaigrette au Sauternes »

D’une apparente simplicité, les recettes cachent un gros travail en amont, une recherche de perfection, la suite logique d’un long cheminement avec les chefs les plus capés de France, à l’image d’Arnaud Donckele, chef en titre de Chaval blanc Paris, trois étoiles Michelin, d’où nous arrive Bertrand. 

Le souci du détail transparait aussi dans l’énoncé des plats. Biscuits d’esturgeon « cousinète », Gougeonnettes de sardine Chambrelent ou feuilleton de veau Valencienne », il est fait référence à des termes de la grande cuisine classique française comme à des recettes traditionnelles oubliées telle cette cousinète, une soupe de légumes verts type épinard, oseille ou bette, métamorphosée ici en jus d’herbes du jardin. 

Apéritif végétal au Gabriel

Arrêtons-nous sur les Amuse-bouches, un apéritif végétarien autour des produits de la ferme 1544 composé de délicates bouchées :

  • Oignon farci d’une crème et d’un jus de cuisson réduit. 
  •  tartelette fine garnie d’une duxelle de champignons de Paris provenant de la champignonnière du domaine à de Saint Émilion, champignons slicés on top. 
  •  tartelette crème double parfumée à la noix de muscade et gelée au miel de châtaigne et vinaigre de pollen, chips de châtaigne on top. 

On pourrait revenir sur tous les autres plats, mais pour ne pas tout dévoiler, pour garder un peu de mystère, je vous propose d’évoquer avec vous ceux qui m’ont particulièrement émue.

Le premier service nous a donné les cartes pour comprendre la philosophie cuisine du chef Bertrand Noeureuil. Son entrée, un biscuit d’esturgeon cousinète, herbes potagères et caviar d’Aquitaine fait la synthèse entre la référence à l’histoire de la cuisine, la recette du jus d’herbe, la recherche d’ingrédients de proximité, les herbes de la ferme 1544 et le luxe en petite touche : les perles de caviar d’Aquitaine. 

Le jus est versé à la table, service gastronomique, l’assiette ravit l’œil, la dégustation nous comble d’un vrai bonheur iodé mâtiné de chlorophylle. 

La viande, un feuilleton de veau Valencienne en casserole nous a séduit par la justesse de la cuisson qui garde le veau tendre et délicat et par la gourmandise de sa sauce, un jus déglacé au vin de noix et enrichi d’une réduction d’échalotte à la liqueur de noix. 

La liste de nos petits bonheurs du jour serait incomplète si je ne citais les mignardises, une collection de desserts régressifs qui ont tant fait plaisir à mon homme puisqu’on lui a servi son dessert favori : l’île flottante. D’autres surprises attendent les convives comme l’intermède Chabrot au vin de noix, une vieille tradition Bordelaise revisitée par le chef et dont je tairai le bonus. 

Je m’arrêterai ici pour les commentaires de dégustation, pensant vous laisser découvrir par vous-même le menu et donne la parole au chef qui m’a fait la gentillesse de répondre à quelques questions dont je vous livre ici l’essentiel. 

Entretien avec le chef Bertrand Noeureuil

Sophie Juby : La cuisine et toi c’est une histoire qui débute comment ?

Bertrand Noeureuil : Attiré par le design, je suis entré en apprentissage cuisine un peu par défaut même si mes grands-parents qui habitaient en campagne m’avaient transmis le goût du produit. La passion est venue avec la connaissance et ne m’a plus quitté. 

3 dates à retenir de ton parcours culinaire ? 

  • 10/06/2019 Début du projet Plénitude,  Cheval Blanc Paris 
  • 9/01/2021  rencontre avec ma femme Chloé
  • 22/03/2022 Michelin décerne la troisième étoile au restaurant Plénitude.

Ton modèle en cuisine, ton mentor ?

Je n’ai pas un mais trois modèles. En premier le binome chef Daniel et chef David du restaurant saveurs à Toulouse, en second Yannick Alleno et enfin Arnaud Donckele avec qui j’ai de suite accroché et dont je partage la vision cuisine. Nous avons collaboré dans une relation équilibrée entre le dialogue et le respect. Il me manque parfois…

 Quelle est ton idée de la cuisine, ton envie quand tu te mets aux fourneaux ?

Je pratique une cuisine saucière toute en fraîcheur et légèreté comme celle du dessert qui s’apparente à une tisane. 

Quand je me mets au fourneau, je pense à mes clients. J’aimerais leur plaire, les rassurer en jouant sur leurs souvenirs gustatifs. 

Une saveur d’enfance, un parfum que tu n’oublies pas ?

Je croque dans un Kumquat et je revois la terrasse de ma grand-mère à Nice. De mon enfance, je garde le goût des agrumes et je trouve dans le kumquat le fruit parfait qui combine sucrosité, amertume et saveurs acidulées. 

Une fois ces éléments exposés, il reste beaucoup à dire concernant le projet du chef pour le Gabriel. En parallèle de son engagement au sein du restaurant gastronomique, Bertrand Noeureuil supervise désormais le Bistro 1544  où Il entend décliner ses créations avec la vision d’une cuisine réconfortante et  raffinée qui célèbre les saveurs du terroir, avec des plats nostalgiques revisités, tels que sa irrésistible viennoise de veau, accompagnée d’une burrata exquise et d’une cocotte de légumes du moment.

A l’entendre évoquer ses plats, ses entrées mimosa et gnocchis aux champignons, il m’est venu des envies de retourner au Gabriel. Pour les amateurs de cuisine délicate mettant en avant le végétal et s’inspirant du patrimoine culinaire, L’Observatoire du Gabriel entre dans la short list des meilleurs restaurants à Bordeaux. Comme me le suggérait son éminent collègue, je pense que l’adresse sera à suivre de très près en 2024.  

Trois Bordelais nommés Jeune Talent Gault et Millau 2020

Le Gault et Millau 2020 vient de sortir, le monde de la gastronomie est en ébullition. Tous les foodies avaient hâte de connaître le Palmarès. J’étais aussi dans l’attente et je suis ravie. L’édition 2020 distingue cinq jeunes talents en Aquitaine dont trois chefs bordelais Léo Forget, Florent Presse et Romain le Guillou. 

le Palmarès 2020 du Gault et Millau, une Surprise ?

Surprise pas forcément, les adresses primées sont déjà dans mon guide. Mais vrai satisfaction parce que les chefs récompensés méritent tellement cette distinction. Je suis 100% d’accord avec ce palmarès. 

Bô-tannique est un coup de cœur du Meilleur de Bordeaux 2019/2020

Mets Mots figure dans mon guide depuis la première édition en 2018.

Bô-tannique et Mets Mots, un ADN commun

Que peut-on dire de ces deux adresses, de leurs chefs ?

Les trois lauréats ont bâti leur concept sur les mêmes fondamentaux :

  • Un CV musclé, un parcours chez les plus grands qui leur a donné des bases techniques solides. 
  • Une cuisine créative, de saison aux cuissons parfaites
  • Un sourcing de qualité
  • Une envie de faire de la gastronomie à prix maîtrisés avec un menu très accessible le midi et une offre plus travaillée le soir. Dans les deux restaurants, on déjeune au environ de 20€. Le soir, on peut se faire plaisir pour moins de 40€
  • Une réussite en équipe. Mets Mots, c’est trois associés : le chef Léo Forget, sa femme Marion et Romain Grenet en salle. Bô-Tannique c’est trois copains de lycée : Florent Presse, Romain le Guillou et Guillaume Rossi qui anime la salle.

Ma dernière expérience ?

Un déjeuner chez Bô-tannique en octobre autour des produits de la mer. On  a commencé par une soupe de moule crème réa, avocat et pomme Granny aux parfums de noix de coco, de citronnelle et de curcuma. Cela ressemble à un curry. Le chef prépare une pâte d’épices avec du gingembre, de la citronnelle, des feuilles de citron et du curcuma. Il fait revenir à cru puis ajoute le jus de cuisson des moules, fait réduire, passe et ajoute de la crème de coco. Une tuerie.

Pour suivre on a eu un pavé de cabillaud et écrasé de pomme de terre. C’est assez simple. Mais la hollandaise, ohlala, onctueuse et généreuse. Carrément top.

En Final, choisi dans les desserts de la carte : une Pavlova aux figues, crème vanille mascarpone, glace au whisky et ganache Ovaltine.

Le Palmarès complet en nouvelle Aquitaine

  • Florent Presse et Romain Le Gouillou – Bo-tannique (Bordeaux)
  • Léo Forget – Mets Mots (Bordeaux)
  • Thibault Guiet et Manon Garret – Nomade (Labarde, Gironde)
  • Gautier Alvarez et Jonathan Vallenari – Maynats (Pau)
  • Flora Le Pape et Clément Guillemot – Choko Ona (Espelette, Pyrénées-Atlantiques)

BÔ – Tannique dans le blog – pour aller plus loin

Bô-tannique, le nouveau top restaurant de Bordeaux

Dès son ouverture Bô-tannique accède au top du classement des meilleurs restaurants de Bordeaux.

Bô-tannique c’est une chouette histoire de copains qui débarquent à Bordeaux, la ville où il fait bon vivre. Ils se sont rencontrés à l‘Ecole Hôtelière de Paris et ne se sont quasiment plus quittés. Florent Presse et Romain le Guillou en cuisine, Guillaume Rossi en salle, les trois potes du Lycée Méderic ont choisi Bordeaux pour sa qualité de vie, son accessibilité (merci la LGV), son fameux vignoble et sa réputation de gastroville . 

Je ne déroule pas le CV des chefs mais c’est du lourd. Ils ont perfectionné leurs techniques dans les cuisines des Michelin stars : Guy Savoy, Joël Robuchon, Alain Pégouret…

Si on doit retenir l’essentiel de leurs parcours, cela donne cela :

Pour Florent Presse :

  • 2006 : rencontre avec Romain au Lycée Méderic. Un tournant dans ma vie
  • 24/01/2009 Naissance de Théa, ma fille
  • 2012 : Chef de partie cuisine chez Guy Savoy 
  • 13/03/2017 Naissance de mon fils Kylian
  • 12 Avril 2019 : ouverture de Bô-tannique


Pour Romain le Guillou

  • 2012 : Chef de partie chez Alain Pégouret, le Laurent, Paris
  • 2013 : une année en Polynésie au St Regis Resort, Un choc culturel et émotionnel. A Bora-Bora, je forge mon identité cuisine
  • 22/07/2017 : Naissance de mon fils 
  • 12 Avril 2019 : ouverture de Bô-tannique


Le reste de leur histoire se comprend dans leurs assiettes, dans leurs recettes créatives et leur passion cuisine.

Le Michelin les a déjà repérés. Il a récompensé leur travail. Aux côtés d’Arthur Péran, ils ont accroché l’étoile au Rackham en 2016, soit deux ans après l’ouverture du restaurant de Roscoff. Respect.

Avec Bô-tannique, le trio joue sa propre partition. Ils se sont installés au cœur de Bordeaux, place Saint Projet, au pied d’un immeuble historique, autrefois église. La salle à manger en longueur offre de beaux volumes. Elle permet de créer soixante places tout confort. Enfin, une adresse avec de l’espace entre les tables où les convives déjeunent sans partager la conversation de la table voisine. On a le choix du format des tables, rondes ou carrés, le choix entre la banquette aux coussins ethniques ou les fauteuils de cuir, la vue sur la cuisine derrière la fenêtre atelier ou celle sur l’animation de la place si l’on mange en terrasse. Chez Bo-tannique on respire. Au fait, Bô, c’est pour la polynésie, l’accent circonflexe rappelle le voyage et tannique parce qu’ici on a la religion du vin. Oui, et du vin sans trucage, produit dans le respect de l’homme et de la nature. La carte, le travail de Guillaume, sommelier de métier, comprend uniquement des vins naturels ou issus de la biodynamie.

Dans les cuisines du Bô-Tannique

Côté cuisine, on trouve une base française, des parfums de voyage, de la technique, des bons produits, des cuissons justes et des sauces punchy. J’ai testé la formule du midi. A 21 €, c’est juste une super affaire. Tout est fait maison, même la pâte des ravioles, même les sorbets. Le poisson est sauvage, Bravo.

Au menu du 17 avril, on avait :

Un tataki de thon en amuse bouche et déjà la note très aromatique avec un mélange d’estragon, de persil et de feuilles de céleri pour accompagner

Une raviole d’effiloché de paleron de bœuf, champignons shimeiji croquants, algues de Roscoff et bouillon dashi. Une entrée France-Asie originale et parfumée.

Un maigre rôti, speatzles et chou-fleur grillés. Génial, le mariage Bretagne-Alsace entre la petite nouille alsacienne et le chou-fleur, emblématique légume de roscoff. Parfaite la cuisson du poisson.

Millefeuille citron, compoté de citron-menthe et sorbet fromage blanc. Léger et gourmand, un sans faute pour des chefs qui ne sont pas pâtissiers.

Le verre de vin qui allait bien avec c’était un Mosse, un chenin d’Anjou pour mon homme et moi un Valjulius blanc, aromatique vin de l’Hérault sur base de Grenache blanc et chardonnay.

Dernier clin d’œil le sable au beurre salé pour accompagner le café. Merci les chefs, tous les bretons vous embrassent.

Une superbe découverte, à peine ouvert le nouveau restaurant Bô-tannique devrait accèder au top du classement des meilleurs restaurants de Bordeaux.

En 2019, Bordeaux reste la capitale de la French Food.

Bô-Tannique

Bô- Tannique

Place Saint projet – 2 rue Tustal

05 56 81 34 92

Menu le midi 21€ le soir 35 € et 42 €

Le midi du mardi au samedi

Le soir du lundi au samedi

Le Restaurant l’Atelier des Faures à Bordeaux

 

Aujourd’hui, je suis ravie de te présenter L’Atelier des Faures, un gastro de poche où sont réunis tous les éléments qui font d’une adresse à la mode un spot d’exception. On y trouve :

Une localisation inattendue au cœur du nouveau Bordeaux Bobo, Saint Michel. On est rue des Faures entre la Basilique Saint Michel et le boulevard Victor Hugo. La petite rue récemment rénovée n’a rien perdu de son charme oriental. Elle a gardé une super Boulangerie au N °51, des épiceries, des bazars aux noms qui te font voyager comme la Rose de Tunis ou l’Istambul Market. C’est juste plus joli, plus propre et les aménagements urbains permettent de garer tranquillement ton vélo et même ma copine KTM.

Une décoration complètement tendance. Roman et sa compagne Claire ont complètement relooké l’endroit avec les codes actuels. Murs de pierres blondes, tables et comptoir en bois, suspension en osier et cache applique en fausse mousse créent l’ambiance qui va bien. La cuisine ouverte est installée au fond du restaurant. Si tu t’installes au bar, tu vois le chef travailler.

Claire & Roman, duo complice

Une cuisine fusion bien balancée entre la France et les Best du monde. J’ai adoré l’entrée #1, des gyozas au pastrami. Roman Winicki a développé une technique tout à fait personnelle mais très convaincante pour réussir à merveille ces raviolis à la Japonaise. Au Japon justement, les restaurants disposent d’une machine spéciale pour la cuisson des gyoza. Roman, lui utilise deux poêles. Dans la première, il dore le raviole sur une face. Puis il termine la cuisson avec la seconde poêle, il couvre sa préparation pour conserver les vapeurs et garder le côté moelleux de la petite bouchée. Le résultat est topissime. J’ai eu un joli flash à la dégustation, je me croyais revenu à Tokyo.

Entrée #1 , Gyozas au pastrami

Et puisqu’on parle de voyage, je pourrais aussi te parler des falafels. Ceux de Roman sont incroyablement tendres et parfumés sous leur jolie croûte dorée. Tu vas adorer le bel équilibre des épices avec le juste mélange de coriandre fraîche et sèche, de persil, de gingembre et de cinq épices.

La troisième entrée nous ramène en Sud-Ouest avec les huîtres servies tiédies par un espuma soubressade, une charcuterie des Baléares. Oh que c’est bon.

Ces trois entrées sont à la carte midi et soir. Idem pour les deux desserts. Par contre les propositions changent pour le plat central.

Lors de ma première visite du soir, j’ai testé le canard qui fume, un magret doré au sautoir et légèrement fumé au thym. J’adore cette finition, elle donne à la préparation un goût de vacances et de barbecue. La viande présentée taillée en biseau est accompagnée d’une délicieuse purée, de carottes multicolores et de pickles. Un festival de couleurs, de senteurs, de saveurs. Le brûlé, le fondant et l’acidité. J’adore.

Magret fumé au thym

Mon homme a craqué sur un tartare de bœuf, normal, classique. Le chef l’a servi sur un lit de riz japonais préparé comme un riz à sushi et l’a boosté de légumes pickles colorés. Le mélange fonctionne super bien. Le midi ces deux plats sont remplacés par des produits plus simples comme de la poitrine de porc ou du lieu noir. Sois sans crainte, les présentations et accompagnements sont toujours aussi soignés.

En dessert, on a joué les gourmands, crémeux au chocolat, mousse dulce de leche et shortbread. Miam.

Pour le vin, je la fais très courte comme la carte. En vrai, j’ai pris, au verre, un Blaye en biodynamie très sympa. On parle du blanc des vignobles Bossuet-Hubert à Cars (Un cru Bourgeois situé sur les côteaux de Blaye)

Je termine ce post par le parcours professionnel de Roman depuis Science Po Bordeaux, un poste de chargé de communication institutionnelle à L’OCDE jusqu’à l’Atelier des Faures, c’est une belle Reconversion dans un métier qui fait sens, une jolie histoire qui apporte de la passion au restaurant. A presque trente ans, Roman a complètement changé de voie. En 2011, il quitte un job de bureau pour démarrer commis chez Drouant, le temple de la cuisine bourgeoise. Il y restera deux ans, passera par tous les postes avant de terminer chef de partie. Riche de cette solide expérience, Roman décide de continuer sa route dans une ville qui lui permettrait d’offrir une belle qualité de vie à son petit bonhomme. Très vite, il choisit Bordeaux, la ville qu’il a découvert étudiant. Il commence par travailler chez Garopapilles avant de se lancer en solo rue des Faures.

Roman Winicki pourrait incarner la reconversion voulue, choisie et réussie. Il a abandonné un chemin tout tracé pour un métier passion et l’aventure d’une vie d’entrepreneur. C’est en partie le sujet de mon roman qui sortira en mars. Tu comprends mieux mon énorme coup de cœur pour l’Atelier des Faures.

L’Atelier des Faures, Bordeaux

  • 48 rue des Faures
  • 09 86 42 45 45
  • Réservation fortement conseillée
  • Du mardi au Samedi
  • Formule le midi 15€ Entrée + Plat, 18€ E + P + Dessert.
  • Le soir Carte en quatre entrées, cinq plats- autour de 15€ et deux desserts
  • Le soir compte environ 30€ + Vins

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La Ferme aux Grives : la table de campagne de Michel Guérard

Du Cochon, des viandes rôties à la cheminée et des desserts de ménagère, la Ferme aux Grives se la joue Sud Ouest et décontracté.

Tu vas aimer l’endroit à mi-chemin entre la campagne à la Disney et le musée des traditions locales. Moi, j’adore cette ambiance d’autrefois revisitée, la salle à manger digne des plus luxueux magazines de décoration et la cuisine comme un dimanche chez mémé.

A l’origine, il y a une authentique ferme landaise, à trois cent mètres des Prés d’Eugénie et rachetée par Michel Guérard dans les années 90. Le chef conserve la structure, la belle charpente puis donne à la vieille bâtisse les attributs d’une cuisine de château dont une cheminée monumentale, l’élément majeur du décor. Devant l’âtre, il installe une somptueuse table garde manger où il met en scène légumes colorés et miches de pain dodues. L’image aurait pu faire l’objet d’un tableau naturaliste, une peinture académique comme celle qui orne les murs de la salle à manger du restaurant gastronomique. XXI siècle oblige, elle fait le bonheur de tous les foodlovers et des instagrameurs en quête de clichés à partager.

Les convives installées sur des tables rondes font face au spectacle : devant leur yeux les cuisiniers surveillent poulet et cochons de lait qui brunissent gentiment. Depuis notre table, toute proche de la scène, nous ne perdrons rien du spectacle qui se joue sous nos yeux ravis.

Et les assiettes ? Ici le chef se fait plaisir avec des plats simples et bons sans chercher la sophistication d’une cuisine trois étoiles. Je commence par une salade césar, tiens revoilà Disneyland, une demi romaine servie entière avec sa garniture on the top. De la fraîcheur, du croquant, sympa. Je continue avec la spécialité du restaurant : un cochon de lait cuit à la broche, la peau dorée et craquante, la viande fondante. En accompagnement, arrivent une purée gourmande au bon goût de beurre et un gratin de macaroni aux cèpes crémeux à souhait, un souvenir d’enfance. Et moi qui croyais goûter les légumes du potager et découvrir la cuisine minceur du chef. Heureusement, le dessert sera un peu plus light avec la gaufre et son coulis de fruits rouge, un délice à la framboise.

Mon histoire aux Prés d’Eugénie se termine ici enfin presque, ma trilogie sur Michel Guérard pourrait continuer avec un post sur Mère Poule & Cie, le café culinaire et la plus récente des adresses du chef. De ce joli spot à l’entrée du village d’Eugénie, je ne parlerai que du décor. Ancien hôtel de village, les lieux ont été magnifiquement restaurés dans l’esprit d’une halte de campagne. Je te le recommande pour un café mais garde ton bel appétit pour la Ferme aux Grives, tu ne seras pas déçu.

 

La Ferme aux Grives

  • 40320 Eugénie les Bains
  • Tous les jours sauf le mardi midi
  • Fermé les mardis et mercredis du 11 février au 10 juillet.

 

Diner gastronomique au restaurant Côté Rue

Invitée par le Chef à découvrir la carte du moment, je reviens avec plaisir chez Côté Rue, une des meilleures adresses du bordeaux gastronomique. Le Chef, Rudy Ballin dont tu trouveras l’interview sur le blog étonne de maturité et de précision. Il nous livre son interprétation de la cuisine française apprise aux cotés des plus grands. Son parcours hors norme l’a conduit de palace en restaurant trois étoiles, des cuisines du Bristol à celles de la maison Pic. Chef-propriétaire depuis 2015, il ambitionne de garder le juste équilibre entre le classique et le moderne. Exigeant sur l’esthétique, il ne lâche rien sur le goût afin de faire de notre dégustation une succession d’émotions gastronomiques.

A la première visite, les lieux interrogent. Les hauts plafonds moulurés du XVIII, les colonnes de stuc, les parquets en chevrons et les miroirs monumentaux témoignent d’un passé glorieux qu’il nous tarde de connaître. Ni salle de danse, ni hall d’exposition, nous sommes au rez-de-chaussée d’un ancien hôtel qui abritait un cercle de jeu, inhabituel et excitant. On s’amuse à imaginer les fins de soirées de liesse. On fantasme sur la proximité des chambres qui donnait aux heureux gagnants l’opportunité de fêter leur chance en belle compagnie.

Installés à notre table, nous ne jouerons pas aux cartes mais vivrons le dîner comme au théâtre. La cuisine en mode show-cooking permet de ne rien manquer du spectacle qui se joue habituellement en coulisse. Rudy Ballin et son second Pierre-Damien Peurien cuisinent à quatre mains en totale complicité. Pas un bruit de voix ne vient troubler le repas, le duo fonctionne en parfaite harmonie.

En salle, officie Simon Reyna assisté de son épouse Lauriane Brun pour la sommellerie, deux anciens de chez Jean Sulpice à Val Thorens. Simon, tout en sourire et courtoisie prévient nos demandes, répond aux interrogations sur la cuisine du chef. Lauriane prend le relais pour les boissons. Sa sélection de vins au verre accompagne et sublime la cuisine de Rudy Ballin.

Suivant la tendance du moment, le restaurant propose un seul menu décliné en cinq plats précédés d’amuse-bouche et accompagnés de quelques mignardises.

Nous prenons connaissance du programme du jour autour d’une coupe de Champagne de la maison Trudon et d’une pana cotta d’aneth, pamplemousse rose, graines de sarrasin et œufs de poisson volant on the top. Suavité de la crème, croquant de la graine et note acidulée de l’agrume, voilà une belle proposition pour réveiller nos papilles.

Nous continuons par une surprise du chef. Merci Rudy pour cet exquis tartare de Saint Jacques, sésame et caviar d’Aquitaine. Quel heureux mélange, la Saint Jacques douce, gourmande s’allie avec volupté à la fraîcheur iodée du caviar, le tout boosté par le poivre de Timut appelé aussi poivre pamplemousse. L’assiette contient toute entière la signature du chef : raffinement de la présentation, omniprésence des fleurs comestibles et saveurs inattendues. J’adore !

Pour suivre, l’œuf bio cuit à basse température sur son crémeux châtaigne et parmesan. La poitrine de cochon, croquante presque réduite en poudre on the top apporte la note salée-fumée qui twiste l’onctuosité du plat. L’ensemble se marrie parfaitement avec le Pouilly Loché du Domaine Tripoz, élégant Chardonnay élevé en biodynamie. Amateurs de Bourgogne blanc nous apprécions ce Macon vif et minéral à la robe claire et au nez de fleurs blanches.

Nous revenons à la mer avec une noix de Saint Jacques panée à la poudre de livèche servi entière avec son sabayon au safran, betterave et baies acidulées de cranberries en side. Pour accompagner un Saint Pourçain, jeune appellation de la Loire à majorité de Chardonnay. L’intrépide du Domaine des Berioles porte son nom avec panache, vin sur la fraîcheur et la minéralité.

Filet de daurade sur la peau, émulsion café note de mandarine.

Caille fumée et parfumée à l’huile de combawa. Elle copine avec des navets salsifis glacés et se marrie avec audace au feuille de limon cress, un herbe de la famille du basilic au parfum de citron vert. La volaille appelle un rouge léger comme le Château Reine Blanche, un Saint Emilion à dominante Merlot. Belle robe griotte.

Une transition avant le dessert une mousse de brie à la truffe et pomme rôtie servie tiède et un sorbet avocat pomme granny.

Le final sera à la hauteur du menu, déclinaison autour de la passion, de l’ananas et du curcuma. Une assiette tout en délicatesse mousse de chocolat blanc, bille de fruit passion sur une feuillantine de chocolat, glace ananas-curcuma et son verre de Banyuls domaine du Traginer. Petit plaisir des becs sucrés, assemblage de grenache blanc et de Muscat petits grains, explosion de fleurs et teneur en sucre maîtrisée.

La soirée s’achève en douceur. Il est déjà tard, le temps a filé dans cet endroit intimiste ou personne ne te presse pour libérer la table. Le chef ne fait qu’un seul service. L’équipe se détend, les convives sont heureux.

Nous avons passé une merveilleuse soirée pleine de surprises et de découvertes entourées d’une équipe désormais au complet. Le restaurant a trouvé son équilibre, le chef devrait être rassuré. Mais en jeune homme ambitieux et pressé, il prépare activement l’avenir. En juin Côté Rue changera totalement de visage, la cuisine descendra au sous-sol. J’ai hâte de découvrir le nouveau visage du restaurant.

Côté Rue

  • 05 56 49 06 49
  • Menu 31 € le midi et 56 €le soir
  • Du mardi au vendredi et samedi soir
  • 14, rue Paul Louis Lande, Bordeaux
  • Adresse proche du musée d’Aquitaine

Petite rue étroite, prévoir un stationnement en parking

 

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Un déjeuner au restaurant du Pavillon des Boulevards

Adresse intimiste cachée derrière une façade classique de maison Bordelaise, ce pavillon nous transporte dans l’univers feutré du Bordeaux bourgeois. L’endroit cultive la discrétion et le confort d’une maison de famille : cheminée de marbre blanc, parquet de chêne, nappe immaculée, vaisselle luxueuse. On peut s’installer dans la lumineuse salle à manger ouverte sur un jardin de ville ou réserver pour une grande table la salle du fond. Les personnalités Bordelaises préfèrent privatiser l’étage pour savourer la cuisine du chef en toute liberté.

Ce parti pris de la discrétion a même réussi à faire oublier qu’une nouvelle équipe a pris les commandes du restaurant en 2015. Le chef Denis Franc a cédé son affaire à deux de ses collaborateurs. Longtemps second de cuisine Thomas Morel s’est associé avec le sommelier Thibaut Berton pour continuer la belle histoire du Pavillon des Boulevards.

Thibaut Berton et Thomas Morel découvrent le palmarès Michelin 2017: L’étoile est là. Moment de Bonheur inouï.

L’étoile brille encore sur Pavillon des Boulevards. Belle victoire d’équipe.

Le restaurant a su garder la confiance de la clientèle bordelaise et du Michelin depuis plus de vingt ans. L’étoile tombe avec une belle régularité. En cuisine pour la sortie du Michelin 2017, j’ai pu vivre le stress, l’attente et au final l’explosion de joie de toute l’équipe. Conduire l’unique une étoile de Bordeaux demande du travail, de la rigueur, de la précision et de la créativité. Le chef s’investit énormément au quotidien. Présent à chaque service, au fourneau, au passe, il fait le job.

Le convive, lui, ne perçoit pas cette formidable tension, confortablement installé dans la salle à manger. Déjeuner au Pavillon des Boulevards permet de faire une pause hors du temps, à l’abri des bruits de la ville. Chaque jour le chef propose une formule pause déjeuner à 35€. Ce menu comprend quatre plats, une entrée, un poisson, une viande et un dessert sans oublier une jolie mise en bouche et quelques friandises avec le café. C’est une bonne découverte de la cuisine de Thibaut Morel bien installée sur des bases classiques et subtilement modernisée par les bouillons et les épices. Chaque plat se savoure comme un bon vin. On s’attache d’abord au visuel puis au nez avant de passer à la dégustation. Les présentations soignées, les parfums délicats qui accompagnent les plats participent au plaisir du moment.

Les images parlent mieux que moi. Je te laisse les découvrir. J’insiste simplement sur la finesse de la cuisine de Thomas Morel. J’adore sa lotte en bouillon corsé, un plat aromatique et délicat parfaitement adapté à nos envies de légèreté.

Cocktail pomme d’amour

Thon Snacké, Crémeux de patates douces et carottes rôties.

Lotte au bacon et son bouillon de légumes corsé

Inspiration Pina-Colada

Je n’oublie pas les vins portés par Thibaut Berton, un passionné formé chez Grégory Coutanceau à la Rochelle. Sommelier, mélomane, il aime jouer sa propre musique et il le fait bien. Alors le mieux serait de lui donner carte blanche à la découverte de nouveaux vins.

Bourgogne blanc aromatique, tonique et sur la fraîcheur

 

Un Corbières au nez intense, aux tanins présents mais fondus. Vigne en biodynamie

Naturellement le Pavillon des Boulevards se décline en plusieurs menus dont un gastronomique. Une soirée en duo, un diner en famille, les occasions ne manquent pas pour tester. Enjoy !

 

Le Pavillon des Boulevards

  • Tel : 05 56 91 51 02
  • 120 rue Croix de Seguey, 33000 Bordeaux
  • Le midi du mardi au vendredi
  • Le soir du lundi au samedi